La vie d'une peste, La belle vie Mordy...



 Dans le Grand Bain
 Nade le Lun 19 Déc - 16:28
Nade était contente de l'accueil que lui avait réservé les Erudits. Contente de cet accueil en fanfare lors du mariage de Rolan et de Ethlin, contente d'avoir joué avec Hiragil lors du bal, contente d'avoir contribué à leur bonheur; mais que devait on faire chez les Erudits? Personne ne lui avait dit.
Sans doute écrire: logique, les érudits lisent beaucoup. Ils aiment sans doute les histoires. 
"Oui; mais moi, des histoires, je n'en connais pas! A part la mienne.
Mais est ce qu'elle est intéressante mon histoire? Dix neuf ans de vie contre les cents soixante de Karakbeer, je ne fais pas le poids."

Nade se caressa le ventre dans la grande salle de sa nouvelle confrérie. Elle déposa une plume et un encrier sur la table et rapprocha un fauteuil confortable près de celle-ci.

"Au pire, si personne ne la lit; au moins toi mon petit, tu sauras qui est ta mère et ce qu’elle a fait dans sa vie. Et ton père aussi par la même occasion." Nade afficha un large sourire.

Nade ôta le bouchon de liège de l'encrier et trempa la pointe de la plume.

"Et une poésie? Pourquoi ne pas écrire une poésie?"

Nade réfléchit quelques instants, en regardant les escarbilles virevolter dans l'âtre.

"Non, je suis nulle! Faut compter les pieds, faire des rimes, et des métaphores.
Que des contraintes pour moi, je ne sais pas faire des choses construites jusqu’au bout.

Et puis à Thorin, à part la bière, il n'y a rien qui m'inspire!"

Nade prit le premier parchemin et inscrit en gros les mots: Vie de Nade SautCorps. Puis raya le mot vie. Elle griffonna Biographie devant son nom et après quelques seconde de réflexion raya le mot.

“Biographie, ça fait pompeux! Surtout pour conter dix neuf ans de vie.”

Nade éclata de rire dans la grande salle, les murs et la pièce déserte lui renvoyai son rire aux oreilles par ricochet. 

“Ah, je commence bien! Heureusement que je suis seule. Je n’en rate pas une! Les érudits ont besoin de calme pour leurs études; silence Mordy”

Nade se surprit à s'appeler par le surnom que lui avait donné les Poux et ses vieux amis.
Elle ferma les yeux quelques instants, puis écartant le premier parchemin raturé commença la rédaction de sa petite vie.


Parchemins raturés et repris maintes fois. Style désordonné.
Nade le Mar 20 Déc - 13:34
Je suis née en 2999 TA à Bree. Mon père Jehan Sautcorps était compagnon forgeron, habile de ses mains et l’esprit vif et inventif. Mon père n’était pas particulièrement grand mais avait cette présence des hommes assurés et sur d’eux. Ses fins cheveux blond et ses yeux verts tranchaient avec ses habits de travail sombres et tachés. Malgré ses mains puissantes il a toujours su cajoler sa petite fille dans ses rares moments de tristesse. 
Ma mère Lidi Martinet, épouse Sautcorps, était quand à elle scribe d’un notaire de Bree, une jolie brune fine et musclée ayant une grande culture linguistique et la souplesse d’un chat.
Ils se sont rencontré la première fois lors de la construction de la prison de Bree ou mon père travaillait à la mise en place des geôles et des instruments pour la question. Est ce un présage ou une moquerie du destin, la prison de Bree, moi qui la fréquente si souvent? Ma mère supervisait pour le bourgmestre l’avancée des travaux et la fourniture en matériaux. Le coup de foudre fut immédiat. Depuis ce jour de printemps 2978, plus jamais rien ne les sépara. Mon père quitta sa maisonnette de la cascade des suppliciés d’ou il tirait son nom de famille (Sautcorps) pour emménager dans la maisonnette de ville de ma mère. La petite maison donnait sur la promenade des érudits. Elle est aujourd’hui abandonnée et habitée par les chats.
En juillet de l’année suivante je vis le jour par une belle journée d’été. Les bannières de la fête de l’été claquaient dans la petite brise matinale. Cette jolie brise qui bat le matin dans les champs de Bree. Ma mère commença le travail dans la matinée mais je ne fut sans doute pas décidée à voir le jour tout de suite. Sans doute le soleil n’était pas encore assez haut pour réchauffer mon petit corps de nourrisson. Mon père partit chercher la Sage-femme de Bree qui passa un bon moment a aider ma mère lors du travail. En tout début d’après midi, je me décidai à sortir la tête et le reste aussi, la sage-femme ne me laissa pas le choix! La sage-femme présenta a ma mère une jolie poupée: de grand yeux couleur d’agate, déjà quelques cheveux roux en bataille et une peau blanche parsemée de tache de rousseur. Ma mère s’évanouit ensuite et ne ré-ouvra les yeux que tard dans la nuit. Jamais mon père, ni ma mère ne me dirent ce qui se passa après ma naissance. Ils me dirent simplement que ce fut le plus beau jour de leur vie. Mais je sais, au fond de moi, que cela ne se passa pas bien. Ma mère n’eut pas d’autres enfants et elle éludait toujours mes questions sur les suites de son accouchement.



Je grandis comme tous les enfants de cette époque, dans le calme et la sérénité. La guerre n’était pas encore là et l’économie de la ville florissante. Les champs de Bree et la petite rivière furent mes terrains de jeux d’enfance, ainsi que la promenade des érudits ou d’innombrables voyageurs circulaient parlant diverses langues. Les journées de repos étaient passés, quand le temps le permettait, à jouer au bord de la rivière, j’adorai sauter de rocher en rocher, faire des cabrioles dans l’herbe rase de l’été ou les hautes herbes dansantes du printemps. L’automne, mon père m’emmenait ramasser les châtaignes et les champignons dans les bois proches de Bree, il avait toujours à son coté un gourdin de chêne usé par les ans et qui n’avait sans doute jamais servi. Mon père avait été habitué a la vie rude de la campagne, chaque ressource était épargnée. Sans doute avait il du toujours compter pour s’en sortir, mais à la maison nous ne manquions jamais de rien ma mère et moi. 
Ma mère m’apprit à lire très jeune et me donna son goût pour la danse et l’écriture. Elle était douce et attentionnée, Elle savait occuper mes journées par des activités ludiques et créatives: le dessin, le chant, la danse, et les menus travaux que les femmes font lors des veillées quand les hommes discutent. Elle n’était pas une femme soumise et docile pour autant, les décisions à la maison était pris en concertation. Mes parents adoraient ce petit jeu entre eux, la finesse diplomatique de ma mère contre le pragmatisme d’un père élevé à la rude.
Mon père lui me fabriquait tout un tas de jeu avec les bouts de métaux qu’il récupérait sur les chantiers: des casses-tête, des jeux de clefs, des jeux d’adresse... Quand je fus en âge de tenir un marteau de forge, il m’apprit aussi les rudiments de la forge, j’appris a faire des choses simples: fers pour les chevaux et les boeufs, clous, ferrures, cerclage de tonneau et des pièces d’armure simple. Mon père adorait les chevaux, et son rêve fut toujours d’en posséder un. Il adorait le contact avec ces bêtes, et quand un voyageur de passage lui amenait son cheval pour lui remettre un fer, il avait toujours bien plus d’attention pour la monture que pour le cavalier. Nous n’avions jamais les moyens d’avoir un cheval à la maison et mon père n’aurait jamais accepter d’avoir une bête et de la voir souffrir par manque de moyen.
J’étais une enfant sage, douce et attentionnée. Tout cela je l’étais presque trop, comme si en moi tout était confiné, écrasé, enfermé a l’abris des regards. Jamais je ne trainais les rues à cette époque. J’étais en permanence soit dans les jambes de ma mère soit avec mon père à la forge, à jouer ou bricoler comme lui. La petite Nade était une petite fille modèle, peut être trop: jamais de saute d’humeur, tout semblait filer sans anicroches. 

Les soucis pour mes parents commencèrent lors de ma puberté. Comme je me transformait en jeune femme, et laissait mes attributs de fillette derrière moi; je commençait à ressentir mes premiers émois amoureux. Rien de bien méchant au départ: des fugues et des prises de bec avec des ‘rivales’. Mais au fur et à mesure que je devenais femme, cela prenait de l’importance. Les sorties et les fêtes de Bree, me firent côtoyer une bande de joyeux lurons connus pour leurs rapines à Bree et le tumulte qu’ils créaient chez Poardy. Le chef, de cette bande de garnements était surnommé Colnoir à cause de son collier de barbe noir et de ses cheveux charbon. Il se fourrait toujours dans des coups impossibles et avait le verbe haut. Il était un peu plus âgé que moi et était issu des bas fonds de Bree. Il devait avoir tout au plus dix huit ans mais avait une parfaite connaissance de Bree et de ses habitants.
Notre première rencontre, fut lors de la fête de printemps, pour mes quatorze ans. Il avait passé une bonne partie de la soirée à grappiller des pièces sur les tables et fait les poches de quelques notables trop occupés a discuter. J’avais remarqué son petit jeu, mais cela ne semblait pas le déranger, il me faisait des clins d’oeil à chacun de ses coups en faisant danser les pièces entre ses doigts. Il finit las de ses rapines et ayant épuisé son panel de quidam donateur, vint se planter devant moi en jouant avec une de ses pièces volées. Il la fit sauter dans ma direction et machinalement comme par jeu je l’attrapais au vol et la fit danser comme lui entre mes doigts. Cette situation le fit sourire: moi la petite fille modèle avec ce sale gosse. Nos yeux se croisèrent maintes et maintes fois, il entama la conversation en me flattant sur ma dextérité et le fait que je sache tenir ma langue. Ses yeux noisettes m’envisageait à chaque question. Les miens avaient sans doute déjà fait maintes fois le tour de la question, pour qu’il m’invite à danser au yeux de tous. Il trompa ainsi la surveillance de mes parents, occupés à discuter avec le notaire qui employait ma mère. Quand mes parents me rattrapèrent ce soir là, il avait déjà capturé le coeur de la petite rouquine. Nos premiers ébats, furent dans les champs de Bree, une apothéose de couleurs et de senteurs dans la douce chaleur du printemps. Un charivari enivrant au milieu des papillons dansant de fleurs en fleurs. Je ne me lassais pas de faire danser les papillons. Je ne me lassais pas des vagues dans les hautes herbes à l’unisson des brises de printemps. 


Ce fut que dégringolade pour mes parents, ils couraient de déception en déception. Je finis par ne plus les suivre et cherchais en permanence à rejoindre la bande de Colnoir et surtout Colnoir. Comme j’étais très agile et encore fluette, ils me trouvèrent le poste de coureuse de toit, et me plaçait à la surveillance lors des larcins. Je finis par connaitre bien mieux Bree du haut des toits que par les rues. Avec mon habitude du langage et des métaphores et ma fâcheuse habitude à dire tout haut ce qu’il faudrait taire, je ne tardais pas non plus à me faire une réputation de railleuse de première catégorie, ce qui me valut le surnom de ‘Mords dans l’âme’. Colnoir avait réveillé un sentiment de liberté en moi, une passion pour la vie débordante. Mes parents m’avaient donné des outils pour la raison et pour m’armer dans la vie, Colnoir m’avait apporté un grain de folie et la passion. J’oscillais maintenant comme un pendule entre les deux avec un penchant certains pour ce qui n’était plus de la raison.

Seulement Colnoir ne se contenta bientôt plus seulement de rapines et de semer l’agitation dans les lieux de débauches et de fête, il se mit à jouer du couteau aussi. La rouquine qui honorait son lit commençait à comprendre son erreur. Mais le chemin était fait. Elle avait beau ne pas tremper directement dans les rixes, les violences et bientôt les meurtres, elle y participait d’une certaine façon. D’ailleurs, c’est à cet époque que Colnoir m ‘offrit ma première dague sans me donner d’ailleurs la moindre leçon d’escrime. Il devait sans doute penser que de voir la lame suffirait à éloigner les enquiquineurs; ce qui ne fut pas faux. Ce vieux morceau de métal cramoisi et usé par les ans, qu’il avait débusqué on ne sait ou, avait grâce à son aspect dérangeant un effet repoussant pour les chercheurs de poux et me fascinait. 

Avec le temps Colnoir, poussant l’audace toujours plus loin, finit par commettre une erreur, et juste après les fêtes d’été il fut pris et pendu. Je me souviens encore de ce jour: le soleil brillait de milles feux et le gibet avait été dressé au sud de la ville, à l'extérieur des remparts. On lui avait fait traverser la ville sur une charrette vêtu d’une grande chemise de lin blanche. A chaque arrêt, sur les lieux de nos rapines et violences, les victimes et les breeards lui crachaient des insultes en lui lançant ce qu’ils avaient sous la main. Sa chemise blanche finit par devenir une espèce de torchon couvert de déchets de cuisine, de sceau de pisse et de crachats. La foule s’amassa ensuite autour du gibet et mes parents aussi étaient là. La bande et moi étions cachés dans les fourrés et personne ne nous porta attention. Tout les yeux étaient rivé sur la corde et le bourreau, comme si on allait conjurer le mauvais sort qui s'abattait sur la ville. Colnoir lança une dernière bravade aux notables de la ville, cracha sur le sol et fixant les yeux du bourreau derrière sa cagoule lui accorda son pardon. Celui-ci s’assura de la bonne mise en place de la corde et lança un coup de pied sec sur le tabouret et Colnoir disparu devant mes yeux. J’entendis le claquement sec de la corde se tendre et sa nuque se brisa. Un grand silence envahit la foule qui fixait le supplicié. Puis enfin une clameur monta progressivement dans la foule, les conversations reprirent, ils avaient déjà oublié. Moi, je restais là assise les yeux fermés comme pour conjurer le sort en espérant que tout ne soit que cauchemar. Je sentis mes amis s’éloigner s’en retournant chez eux. Les plus proches posèrent une main sur mon épaule pour me réconforter, certains me glissèrent quelques mots à l’oreille. Je restais là à attendre je ne sais quel miracle. En ouvrant les yeux plus tard je le vis; Colnoir pendait toujours au bout de sa corde le gibet ceinturé par quatre veilleurs. Des curieux passaient devant sa dépouille en lui crachant dessus. Les veilleurs ne chassaient même pas les pies et les corbeaux qui venaient se poser sur lui. Les oiseaux grappillaient les restes alimentaires sur la dépouille et les plus avisés commençait le travail de nettoyage. Je restais là prostrée, fixant sa dépouille jour et nuit, jusqu’au jour ou las de le voir bercer par le vent les veilleurs le descendirent, pire que carcasse de porc, de sa corde. Ils le chargèrent comme du fumier dans un tombereau et le balancèrent dans la fosse du vieux cimetière de Bree.


La bande, ensuite vola en éclat par peur des représailles et par l’absence d’un nouveau chef. C’est à cette époque qu'Arsem Piedsdelupin vint me débusquer à Bree. Mes parents essayèrent bien encore une dernière fois de me faire reprendre le droit chemin, mais je pense que le pli était pris. La rancoeur envers les habitants de Bree, guidait mes choix. Je voyais en Arsem, l’occasion de me faire oublier à Bree et de perfectionner mes talents et d’en apprendre de nouveaux.


 Le mentor
 Morrigun le Mer 21 Déc - 13:03
Le jour de mon départ ma mère tenta une dernière fois de me faire changer d’avis. Elle rédigeait, à son bureau une des nombreuses lettres de doléances que lui demandaient régulièrement maintenant les habitants de Bree. Encore un trop perçu d’impôt, un conflit de voisinage, une contrefaçon d’objet d’artisanat, ou encore une simple rixe entre voisin qui aurait mal tourné. Je lui expliquait mon envie de voyage et la proposition que m’avait fait Arsem PiedsdeLupin. Elle se leva d’un trait lâchant sa plume et se plaça devant la porte d’entrée de notre maisonnette. Malgré sa stature moyenne et son corps menu mais musclé elle me barrait le passage. Je la regardais devant moi, impassible, ses yeux emplis de colère. Ses mots étaient tranchant comme un rasoir, ses arguments étaient irréfutables. Elle savait qu’elle avait raison, elle savait que je n’entendrai pas raison. Ma colère et mon chagrin étaient encore bien trop fort pour ne pas masquer la vérité. Je m’étais perdue avec la bande. Ses mots martelaient mon esprit, s’enfonçant à chaque coup un peu plus dans mes convictions et mes erreurs de jugement comme le ferai un belier contre une porte. Plus elle parlait et plus j’abandonnais Colnoir, plus son souvenir s’éloignait de moi. Nos premiers regards, nos premiers émois: Lidi me démontait pièce par pièce. Elle déconstruisait sa fille pour la refaire, comme sa petite Nade. Mordenlame s'évanouissait sous mes yeux, la gamine effrontée sombrait, la vie me quittait, je redevenais la petite fille modèle. Non, je ne le voulais pas! Avec le recul, dirais je la même chose? 
Je me sentais acculée, prêt a disparaitre, j’allais mourir si elle continuait. La frêle gamine ne fit pas le poids en paroles, Mordenlame n’est que raillerie, pas une esthète de la rhétorique. Bloquée et ne sachant que faire j’eus le mauvais réflexe de sortir la dague, que j’avais nommé Ombre. La lame gicla de son fourreau et je tentais d'impressionner ma mère. Celle-ci tint tête et dans un accès de rage, je brandis Ombre au dessus de ma tête, prêt à l'abattre sur ma mère. Déterminée, elle se saisit de mon poignet et retourna la lame contre moi me blessant au flanc sous le sein gauche. Voyant le sang perlé sous la chemise de lin, Lidi lâcha le poignet de sa fille, qui la bousculant sortit de la maison en courant. La blessure bien que peu profonde n’était pas nette et la vieille lame devait avoir laissé quelques souvenirs du passé dans les chairs de la rouquine. Je filais sur le Chemin Vert vers le pays de Bouc. Ce n’est qu’arrivé au campement, non loin des vieilles ruines, que je fis une pause dans ma fuite. J’essayais avec mes maigres connaissances de nettoyer la plaie et de me faire un bandage qui tienne le reste du chemin. Je repris mon baluchon pour rejoindre Arsem. Celui-ci fut surpris de me voir si tôt, et comprit à ma tête que quelque chose clochait. J’eus juste le temps de poser mon paquetage et je perdis connaissance. Le lendemain je me réveillais avec Arsem à mes cotés. Il avait, semble t’il, nettoyé la plaie et refait un bandage correct. Il ne me posa pas de question. Il me dit que le passé était à oublier et que maintenant je devais suivre ses règles à lui. A cette seule condition il me formerai à la cambriole et m’apprendrai ses ficèles. Ce fut le cas et je compris grâce à lui mes erreurs de jugement.


Arsem était un hobbit au travail de cambriole soigné, qui ne laissait rien au hasard. De plus avec lui, ma dague ne me servit jamais à rien et Arsem ne risquait pas de m’apprendre à m’en servir, je crois qu’il était aussi gauche que moi avec une lame. Arsem me dispensa un enseignement des plus poussé sur tout ce qui pouvait se rapporter à notre art: maçonnerie, charpenterie, menuiserie, ferronnerie, serrurerie, il renforça par un entrainement drastique ma souplesse, ma dextérité et mon agilité. Durant trois ans je fis mon bout de chemin avec Arsem, butinant les quelques hommes de passage au Pays de Bouc. Je ne sais si c’est pour mes jolis pieds ou mes talents de forceuse de coffre mais Arsem me surnomma bientôt Pieds-de-biche me faisant oublier Mordenlame et encore plus mon véritable prénom: Nade. Mon père attendait tellement un garçon qu’il avait décidé du prénom de Nate pour ma naissance. Voyant que le premier né n’était pas un mâle ils révisèrent mon prénom en Nade qu’ils trouvaient féminin et proche de leur premier choix. La vie au Pays de Bouc, se déroulait paisiblement entre les fêtes, les banquets et les ‘petits travaux’ qu’on nous donnait à faire. Je repris la lecture perfectionnant mes connaissances dans les langues à l'écriture, fis quelques réparations pour la maison d’Arsem, appris l’art de fumer la pipe et appris quelques danses et airs de flute du Pays de Bouc.
Hélas Arsem, lors d’une sortie nocturne en ma compagnie, pour un vol à Bree, chuta lourdement d’un toit rendu glissant par une fine pluie de printemps. Sa colonne vertébrale se brisa nette sur le sol, lui paralysant les jambes. Je le ramenais au Pays de Bouc tant bien que mal. La vue de son état désespéré lui coupa son envie de vivre. Arsem se laissa mourir de faim, chose extraordinaire chez les hobbits, mais létale. Je restais seule au Pays de Bouc. Le gout de la cambriole m’étais presque passé avec la mort d’Arsem. Je repensais à Colnoir aussi, tout ceux qui me côtoyaient, finissaient mal. Colnoir, Arsem, et moi: Nade, Mordenlame ou Pieds-de-Biche? Posant mes pieds nus sur le sol devant la cheminée, je sentis la chaleur de l’âtre envahir mes orteils. La douce chaleur des pierres chauffées par le feu, remonta dans mes jambes. Je sentis comme la vie renaitre en moi. Si la faucheuse devait me prendre moi aussi, elle ne le ferait pas avant que je remplisse ma vie. Je pris mes chaussures de feutre et les jetais dans le feu. Désormais je marcherai pieds nus, je serais une va-nus-pieds. Chaque aspérité du sol chaque contact sera le témoignage que je suis encore en vie et quand mes pieds ne toucheront plus le sol alors je partirai avec la satisfaction d’avoir crevé ce coquin de sort. Sans le couvert d’Arsem, les hobbits ne tardèrent pas à me faire comprendre que ma place n’était plus avec eux. Et sans le dire, ils réussirent à me faire partir du Pays de Bouc.



Désoeuvrée, ayant perdu un ami et un confident cher, je repris la route de Bree pour tenter de reprendre contact avec mes parents. La ville avait changé, elle était plus crasseuse, les mendiants et les pauvres hères trainaient dans les rues. La prospérité avait disparue, les gens étaient devenus suspicieux et aigris. Dans les tavernes on parlait à voix basse de peur d’être entendu. Sitôt le jour disparu les Breeards s’enfermaient chez eux. L’ombre de la guerre, l’ombre du mal s’étendaient à nouveau disait on. Les temps étaient aux préparatifs de guerre. Devant la maison de mes parents trainaient des filles de joies et des mendiants qui accostaient les quelques érudits encore de passage. Ma mère ne sortait plus, et mon père ne faisait plus qu’armes, armures et pièces de machine de siège. Son visage était creusé, j’appris à la taverne de Poiredebeurré que ma mère était bientôt clouée au lit depuis six mois et crachait le sang. Mon père errait de son travail à la maison sans prendre de repos. Je n’osais pas les revoir, je me sentais responsable de leur malheur. J’avais menacé ma mère, brisé le coeur d’un père et maintenant j’allais revenir dans leur vie. Je pris un chambre chez Poardy dilapidant l’argent que mon travail avec Arsem m’avait rapporté. La boisson, l’herbe à pipe, les mauvaises fréquentations revenaient à la charge. Une vie de débauche me tendait les bras. 

Ma mère s’éteignit un soir, je brillais par mon absence à ses cotés, sans doute dans les bras d’un homme. Mon père, fou de chagrin, fou de rage après le sort funeste qui s'abattait sur les siens se laissa partir, se tuant au travail pour les marchands de morts. Je ne fus ni a l’enterrement de ma mère, ni à celui de mon père. On les déposa sous la chaux au vieux cimetière abandonné de Bree, dans le carré des indigents ou étaient jetés les brigands, les mendiants et les lépreux. Dans le même carré ou avait été jeté Colnoir. Que ce monde est sinistre et froid, que suis je devenu pour ne plus avoir la reconnaissance du ventre. Je noyais mon chagrin dans les plaisirs de la chair, la boisson.
Un soir d’ivresse, à finir noyé dans la fontaine de Bree, un homme me raccompagna à ma chambre: Rolan. Je fus surprise, car nombre d’hommes auraient profité de la situation, mais lui non. Il était beau garçon, parlait bien, galant et semblait distant. Je fus conquise et essaya de le mettre dans mon lit. Ce fut chose faite, tout en croyant avoir eut le dessus. Stupide que je fus, le lendemain il se pavanait avec une autre greluche. Et le surlendemain, une autre encore. Qu’est ce qu’une gamine peut y faire? Se ridiculiser devant témoin? Je le fis! Menacer de mort l’être perdu, je le fis! Partir en s’avouant vaincue? Et encore! Me restait plus qu’a trouver la mort sur les routes! Mais non, le sort s’acharne. Bien que piètre bretteuse, le sort en décida autrement et me ramena à Bree un peu plus adroite et confiante de mes lames mais guerre plus. D’Ombre au départ, maniée sans talent, j'exhibais maintenant une dague supplémentaire à ma ceinture. Mes voyages avaient renforcé mon caractère et mes aptitudes. Mais je n’avais toujours aucun but.



 Séjour chez les Albatros
Nade le Mar 27 Déc - 15:06
'Mordenlame est folle pour le commun des mortels, un petit animal épris de liberté difficile à cerner. Elle aime faire la fête dans les tavernes, trancher les gorges des malotrus, et elle vole de bras en bras.
C'est une guêpe avec deux jolis crocs qui pendent à sa ceinture.
Elle se soucie peu des avis des autres sur sa personne, ne prend pas soin d'assortir ses vêtements et dit tout haut ce que les autres pensent tout bas.
Elle n'a aucun état d'âme et se fait autant d'amis que d'ennemis en une soirée.
Elle rit tout le temps et pour un rien, c'est la joie de vivre ou la mort dans l'âme personnifiée.
Elle aime les longues cavalcade sur Rosenoire sa jument sombre qu'elle monte a cru.
Son repère préféré est le Poney Fringuant, ou en fin de soirée elle y chante et danse avec les coupe-jarrets en buvant sans modération sauf quand un garçon pend a son bras.'

Las de me retrouvée seule, je finis par intégrer une confrérie d’explorateur et de curieux de la Terre du Milieu: Les rêves de l’Albatros. Ils semblaient accueillant et peu regardant sur le passé et ne tenaient pas compte des origines de chacun mais jugeaient sur le coeur. Je rencontrais donc Terebel, un hobbit de la comté, chanteur et cabotin, un peu tête en l’air. Nous bûmes et rirent ensemble au Poney Fringant et il me promit de me faire rencontrer ses frères et soeurs de l’Albatros. J’avais besoin d’oublié le départ de Rolan. Les Albatros sont des libres penseurs, et tout se dit entre eux: le meilleur comme le pire, ils se connaissent depuis suffisamment longtemps pour ne pas tenir compte des petites sautes d’humeurs de chacun. Je fus vite intégrée, et me sentais libre d’aller à ma guise.



Un peu plus tard je fis la connaissance de Lansdor, le fondateur des Albatros. Lansdor est un maître d’armes dans la force de l'âge, sur de lui et tenant sa confrérie d’une main de fer dans un gant de velours. Il me fit quelques cadeaux sans même me connaitre réellement, pour faire passer mon chagrin disait il. Tant de générosité spontanée me laissa sans voix. Comme je n’avais pas le moral, j’allais noyé ma conscience dans la fête et l’alcool chez Poardy. Et comme a chaque fois que je bois plus que de raison, je m'attirais encore les foudres de certains clients.

Quelques jours plus tard je fis la connaissance d’Hastian. Un hobbit! Nous bavardâmes un peu, racontant nos vies. Hastian était de bon soutient, mais je portais toujours dans le coeur le souvenir de Rolan et mes vieux fantômes. Encore une fois, deux individus à l’auberge se moquèrent de moi: 

“pourquoi tu n’as pas de chaussures”.

Conformistes et crétins! Est ce que je leur pose la question, pourquoi ils sont stupides? Non! 
Au final Hastian a fini rond comme une queue de pelle de la Comté, et j’en profitai pour visiter les maisons des résidences de Bree, un petit plaisir que je me réserve de temps à autre. Une petite décharge d’adrénaline, ces petites visites, surtout quand on n’y est pas invité.

Quelques jours plus tard je rencontrais le nain Throben, une boite en fer armée d’une hache presque aussi grande que lui. Facile de reconnaitre un Albatros: leur penchant pour la couleur azur est évidente. C’est même une des règles de la confrérie, afficher un foulard ou une pièce de son armure de la couleur de la Maison Azur. Throben, comme tous les nains était un bon vivant aimant faire ripaille, boire et... roter quand il était repu. Ses manières ne me gênaient pas. Cela tranchait avec les visiteurs guindés de la taverne de Poardy. Il me conseilla de me faire un peu oublier et me donna comme but de rejoindre les Terres Solitaires ou je trouverai le gite à l’Auberge Abandonnée et occupations rapportant coquette somme. Je pris donc mon baluchon et partis sur la route avec Rosenoire.
L’Auberge Abandonné, avait comme un gout de Poney Fringuant mais au milieu de nulle part. Les gobelins, quelques orques patibulaires et les ouargues rodaient autour terrorisant le peu de population sur place. Après tout, qu’avais je d’autre à faire? Continuer à me morfondre derrière une pinte ou lever mes fesses des bancs des lieux de débauche. Je pris gout à l’odeur du sang, personne ne me reprocherait d’égorger ces éclaireurs gobelins et orques qui arpentaient les Terres Solitaires. Personne ne me reprocherait de mettre le feu au nids de ces immondes araignées. Et qui sait peut être qu’en retour des caravanes de commerce repasseraient dans le coin pour me livrer tous leurs trésors.

Le Poney fini par me manquer et je décidais d’y reprendre un peu de bon temps. Malgré mes occupations, je pensais toujours à Rolan et la musique et la fête me manquaient. Les longues veillées de l’Auberge Abandonnée avaient beaucoup moins de charme que l’agitation du Poney. Colnoir, Arsem occupaient toujours mon esprit. Quand je remis les pieds au Poney ce soir là, Throben attendait sa pinte, assis à une table. Me voyant il lança un:

“Salut, ma petite folle!” 

Bougre de barrique, celui-là. Sac à vinasse éventé! Tête de pioche au cerveau aussi malléable que la roche! S’il est bien une chose à ne pas me dire c’est celle-là. Je lui donnais donc un bon coup de poing dans l’épaule en guise d’avertissement. Throben, n’était pas d’humeur à plaisanter ce soir là. Il tourna son gros visage vers moi et souffla comme un buffle. 

“Tu vas prendre une fessée, toi ma petite. Dehors!” 

Il me désigna la porte. Croyait il que j’allais me démonter? Il est costaud mais pas souple. Je suis souple mais pas solide. J’eus beau danser, virevolter autour de lui, à la moindre claque je tombais au sol en rigolant. Il avait certes du mal à me toucher, mais quand il le faisait: je valsais. Throben retenait ses coups, pour lui ce n’était qu’un jeu, donner une leçon de savoir vivre façon naine. J’aimais ça, je ne sais pas pourquoi mais même à me prendre une déculottée, j’étais heureuse. Peut être un sentiment de liberté et de folie douce, recevoir les coups me rappelait que moi j’étais toujours là. Quand Throben fut las de m’entendre rire, nous sommes alors repartis bras-dessus, bras-dessous faire la fête à Bree. Après tout la leçon valait bien une mousse.

Throben le lendemain me laissa un petit mot par le biais de Poiredebeurré:
“Une embrouille pour des broutilles, une vexation justifiée (ou pas, on s'en moque), quelques paires de claques, un défi, une bonne bagarre à la fraiche, et on se réconcilie évidement la moustache pleine de mousse et en chantant des chansons, AHHHH la bonne soirée comme je les aime !
Tu ne manques pas de culot et de caractère, susceptible, gonflée pour te lancer dans un duel inégal, j'aime ça !!
Tu as beau être étrange parfois, tu as tout mon respect et feras de grandes choses !
Tant pis si les autres préfèrent jouer de la harpe pendant ce temps, devant le feu, nous on ne va pas changer et si un rot nous échappe, ben quoi?? Ça veut dire qu'on s'amuse ! Qu'ils gardent leurs grands airs cette bande de longilignes, nous, on a bien rigolé ! A bientôt Mordy, je t'en paie une au palais de Thorin.”
Je souris, en lisant son petit mot. Je regardais les clients aux oreilles pointues en riant, pensant à ces mots. 

Les Albatros ont des ailes, ils planent au dessus de tout, rien ne semble les atteindre: ils s’accommodent de tout et de rien. Ils versent une larme sur un camarade disparu et font la fête ensuite. Ils ont le vrai sens de la vie: ils profitent. Ils sont sans doute aussi un peu timbrés.



Quelques jours plus tard, encore baffes et biture avec Throben, ça va en devenir un incontournable dans ma vie?! Et non, les bonnes choses ont toujours une fin. 

Puis après, devinez? Et oui Rolan, est de nouveau en ville.
Alors je lui ai sauté dessus pour la soirée. Mais je fus sage. Une bonne fille, comme il faut! Qui donne même des conseils, pour qu'il ait une autre greluche. Faut il que je soit bête quand même!
Mais non, c'est le jeu... Il se casse les dents, je le fais mariner... Je le récupère pour moi, et voilà. Le plan était déjà dans ma tête. Ah, certes le plan est nul, mais il me plait à l’imaginer comme cela, et au fond que m’importe le résultat.
Ah, les hommes, c'est trop facile et primaire. 

"Faudrait peut être que j'essaie les filles?!" 

Les filles, une autre histoire: c’est bien plus tard que ça me viendra.

Alors Rolan m’entraine sur les toits de Bree, et la vue est imprenable comme moi ce soir là. On discute, on papote, mais rien ne vient. Suis je lasse? Je n’avais pas envie peut être, tout simplement. Et puis non, c’est vrai j’avais décidé d’être sage. Mais pourquoi? Il y a des fois vraiment ou je déraille.

Quelques semaines après je rencontrai à nouveau Terebel. Celui-ci voulait récupérer je ne sais quoi dans le Grand-Galgal. Il a toujours des idées, incongrues et suicidaires parfois. Je n’aime pas cet endroit, même si je sais qu’Ombre vient sans doute de là. Un peu naïve je décidais de l’accompagner, sur de ne pas être repérée dans les boyaux humides grâce à mes talents de cambrioleuse de charme. Hélas je dus bien me rendre à l’évidence au bout de dix mètres. Les morts me poursuivant jusqu'à l’entrée; dans le Grand Galgal les morts ne sont vraiment pas aimables! Ils n’ont strictement aucune considération pour la gent féminine. Nous nous retrouvames à détaler comme des lièvres vers Bree.

Comme je me lassais un peu de n’avoir personne à me mettre sous les draps, je jetais mon dévolu sur Lansdor. Ah, fallait me voir avec Lansdor près de la fontaine de Bree pendant la Fête de l’été. Mais Lansdor, n’est pas homme qui s’attache et qui pense à la bagatelle... Dommage pour lui, dommage pour moi. Il était bien plus content de me montrer ses nouvelles découvertes qu’a jeter un oeil dans l’échancrure de ma jolie robe. Il me faisait danser certes, mais pas au point de me faire chavirer.

Et puis j’ai revu Rolan durant les fêtes... Qui m'a invité à une pièce de théâtre... Il faisait beau ce jour la à Lezeau. Le spectacle fut agréable et me rappela le passé auprès de ma mère. Mon coeur se serra dans ma poitrine: je vis toujours avec les ombres du passé. La pièce avait remonté ce souvenir, mes menaces, ma blessure. Mes pieds nus ont beau foulé le sol, je ne peux me défaire de mes démons. 
J’étais si fatigué de ma journée de pèche, si triste d’avoir perdu ce bonheur insouciant de l’enfance. Je m'éclipsais sans me faire remarquer pour aller me coucher... Mais Rolan ne fus pas dupe, et me demanda ce qui n’allait pas. 

“Rien.” lui retorquais je.

Sottises, rien ne va plus, chez moi. J’oscille, tel un pendule entre l’euphorie et les angoisses les plus noires. Je vibre entre l’orgie et la peur du trépas.
Tant pis pour la fête de l’été... Ce soir là, je décidais de reprendre la route vers l’inconnu.


Le lendemain matin, je sellais Rosenoire. Et lançais un au revoir à Bree. Ses rues allaient me manquer, la taverne allait me manquer, les Albatros allait me manquer. Mais j’avais besoin d’oublier, remplir mon esprit d’autres horizons, d’autres visions. Je lançais Rosenoire vers l’inconnu. Les bruits au Poney Fringant parlaient de pillards en Evendim, qui essayaient de faire main basse sur les trésors enfouis dans les tombeaux des anciens rois. Cette chose est aussi pour moi. Après tout, que suis je? Une voleuse! La région était superbe, surtout le lac. Pas de taverne, rien ne me ramènerai vers mes penchants de breearde fêtarde. Je ne pouvais qu’aller vers mon but du moment: remplir ma bourse et les sacoches de Rosenoire de trésors et de monnaies, d’or et d’argent. La chose fut aisée, et bien plus agréable que je ne le pensais. Les brigands étaient surpris de ma concurrence déloyale. Et l’ombre des tombeaux était propice aux techniques que m’avait enseigné Arsem. Ombre, discrétion, retenir sa respiration, approcher à pas de louve derrière chaque brigand, sans un bruit comme une petite souris. Placer sa lame sous la gorge, et tirer un cou sec vers soi, retenir dans ses bras le corps qui chute à ses pieds et la vie s’en échapper. Les derniers points je les trouvaient de façon empirique, n’ayant jamais eut de formation au meurtre. L'appât du gain, l’ivresse du sang brillaient dans mes yeux et rien ne venait troubler cette envie et ce désir. Plus je tuais, plus je vivais. Je scellais chaque tombeau, laissant derrière moi une rivière de sang et de corps sans vie. Je maitrisais à la perfection les ombres et les déplacements silencieux, je maitrisais le coup final mais j’avais encore tant à apprendre sur l’escrime. Si les brigands m’avaient surpris à terrain découvert que m’auraient ils fait subir? J’aurais sans doute été mise à mort après qu’ils aient joué avec moi. Quand ma bourse fut bien remplie et les sacoches de Rosenoire pleine de richesses, je repris la direction de Bree. Je glanais ça et là sur le retour des informations: les nouvelles de Bree, l’ombre qui menace et s’étend du Mordor.



Bree évoluaient à chaque retour. Les rangs des mendiants et des crève-la-faim grossissaient à vue d’oeil. Et toujours plus d’hommes en armes arpentaient les rues se souciant bien peu de ceux qui crevaient de faim à leurs pieds.

Début des Poux
Nade le Mer 11 Jan - 12:53
Mordy se posait la question de ce quelle pouvait faire pour juguler l’augmentation de la misère à Bree. Dans sa petite tête de breearde, les idées farfelues fourmillaient. Elle se voyait déjà en haut de l’affiche, son portrait en gros dans la ville et la garde à ses trousses. Elle se voyait papillon multicolore sautant de toit en toit narguant la garde et les soldats en armes, trop lourds pour grimper là-haut. Elle se voyait lançant des piques et haranguant la foule du haut de ses gouttière, se gaussant de la lenteur de la garde. Elle voyait la population de Bree derrière elle dans un dernier baroud d’honneur face à la chienlit militaire.
Alors je commençais à rassembler tout ce que les basfonds de Bree avait de meilleur: les voleurs, les mendiants, des poètes et troubadours maudits, des déviants, des fêtards, tous ceux qui passaient à l’auberge et qui provoquaient un peu de remous dans le tissu social de Bree, j’éliminais la racaille débile des assassins compulsifs et des forceurs de femmes.
Les premiers compagnons furent Guthenric, un homme de Dale marchandant le plaisir animal aux “oreilles pointues” et une gamine de Bree ayant pour prénom Jahenna. Organisée comme je le suis, tout partit très vite et pas forcement dans le bon sens. Guthenric et Jahenna trainaient déjà dans une sombre histoire de harpe égarée au pouvoir mystérieux. Je me souviens avoir fait du gringue, a un homme vêtu de blanc un de ces soirs. Le coquin, bien que très entreprenante, ne se laissa pas le moins du monde amadouer. Sacré Hylanor! Quand je pense maintenant à ce qu’on aurait pu faire ce soir là... Enfin, le vieux Cygne Blanc venait de me mettre une sacrée claque à l’âme; si tenté que j’en ait une? 
Les événements qui suivirent avec des rixes et des embuscades par Guthenric et Jahenna scellèrent un peu la réputation des Poux ,comme on s’appelait, dans une direction que je ne souhaitais pas: des voleurs aux mains sales. Nous ne tardâmes pas a nous attirer les foudres de quelques voyageurs en mal de pugilat sanglant et d’exutoire à des guerriers à la petite semaine. A cette époque les Poux se comptait sur les doigts d’une main: Guthenric, Jahenna, Bandonas (un hobbit fidèle et ayant les oreilles toujours au bon endroit), Nerita et moi. Guthenric fut vite arrêté et mis en prison. Peu de temps après, on nous tendit un traquenard à la cantine. Nous étions deux: Jahenna du haut de ses quinze ans et moi guère plus vieille. En face la fine fleur du pugilat sur Bree: avec le triste sir Eldelan…
Evidemment, Mordy la bravache ne put fermer sa grande bouche. Au lieu de calmer le jeu, fallait que je raille les crétins si disposés à nous sortir la seule chose de dure qu’ils aient sur eux: leurs épées. J’ai eut beau essayer de désarmer Eldelan, il était décidé à me faire rendre gorge. Jahenna et moi finirent dans un triste état: presque mortes. Ils nous jetèrent en prison sans soins évidemment, sans motifs et sans venir non plus nous rendre visite pour nous expliquer les raisons de cette attaque à six contre deux. Quinze jour à pourrir en prison, entre les délires, l’odeur de sueur des vêtements couverts de sang (adieu ma jolie robe blanche de la fête de l’été) et de pourriture des paillasses et la superbe indifférence des accusateurs.

Je me souviens avoir déliré, les blessures infectées auraient pu avoir raison de nos bras et de nos jambes, mais nous devions avoir une bonne âme veillant sur nous. Mes souvenirs de ma fuite et de la blessure infligée par ma mère remontait: le sang, la fuite, la colère d’une mère, le geste impardonnable d’une fille envers sa génitrice. Le pitoyable spectacle que je devais offrir: le regard vide, les crises de tétanie et de tremblements liés à l’infection et à la fatigue. La fierté de ne rien laissé paraitre de la douleur en restant contractée, ramassée en position foetale les mains sur les chevilles, les pieds nus et la semelle de cuir souple des ballerines dans la bouche pour étouffer les cris de douleurs. Rien, ils ne devaient rien avoir: aucune satisfaction de cette torture, crever la tête haute quitte à manger la merde des pavés de Bree.
Jahe avoua à Mereagar, ses fautes et celui-ci paya la caution pour la libération. Pour quel motif, je ne le sus jamais et Jahe dans la tombe, je ne le saurai jamais.
Mereagar, et Valderion furent les seuls à se soucier de leur histoire. Bandonas fut très souvent présent et de bon soutient.
Harwyn, me chagrina quelque peu par ses questions. Mais elle aussi était là, et à mes yeux cela n’a pas de prix. Lors de la libération, évidement personne à la porte, qui se soucie de la pouillerie de Bree; elle peut bien crever sur le pavé, tout au plus on lui donne un coup de pied pour qu’elle n’entrave pas le passage.

Quand nous sommes arrivé à Renardin, je me suis occupé de soigner Jahe et de la laver; lui passer des vêtements propres et la coucher et ce avec mes maigres connaissances médicales. Je me souviens avoir un peu discuté de tout cela, mais le sommeil et un bon lit nous rattrapèrent vite..

J'ai sans doute parlé de Valderion en terme vague à Jahe, mais au ton de ma voix elle ressent bien que.... quelque chose se passe. 
J’ai jeté ma belle robe blanche au feu, vérifié l'état de mes dagues et sorti mon corset de cuir bouilli sur la chaise à coté du lit ce soir là.

Au petit matin, alors que le soleil de cet fin d'été nimbait la pièce d'une lueur dorée, je préparai une collation pour Jahe et parti sur ma pouliche Varicelle en direction de Bree.
J’avais coupé dans mon jardin quelques fleurs de saison. Dans un vase à coté de Jahe j’avais disposé une brassée de fleurs et la ficelle encore en vrac sur la table signait la présence d'un bouquet supplémentaire.

Quand J’arrivai à Bree ce jour là, je ne pus m'empêcher de jeter un oeil à la prison. Guthenric était toujours là, et les quelques victuailles, que je lui tendis, suffirent à lui faire comprendre que je ne l'oubliais pas. 
Je remontais sur Varicelle et pris la direction du Poney fringuant mon bouquet de fleurs commençait à se défraichir. Sur le chemin, je croisais Bandonas, inquiet de me voir en un si triste état. Je le rassurais tant bien que mal, en lui disant que j’ avais connu bien pire ce dont je doute. Bando fut très perplexe, mais ne répondit pas.
A ce moment là un messager, me tendit un plis. Je le lus rapidement et demandais à Bandonas de me suivre. Nous priment nos montures et filèrent vers Combe. Sur le chemin j’expliquais la situation à Bando et les mises en garde de Valderion.

Nous arrivâmes à l'auberge. Malgré la fatigue, je remarquais un homme qui tranchait par rapport à la faune locale de l'établissement. L'homme, Sohran nous enjoigna de le suivre, et nous emmena dans une pièce calme au fond du bouge.
Un homme, en armes se tenait devant nous. Je gardais dans mon champ de vision les deux hommes et attendis que l'homme se présente.
Dokhas, l’homme en question proposa un accord: la libération de Guthenric contre un service. Le marché fut conclu, sous garantie que Bree ne serait pas livrée aux pillages et aux massacres. Je m'étais avancée, sur une aide à Dokhas et les siens pour prendre Bree et 'expulser' ceux qui se mettraient en travers du chemin de Dokhas.Je repensais à mon arrestation et une violente douleur aux côtes me fit m'asseoir. Le contrat fut scellé, et Bando et moi reprirent le chemin de Bree, Guthenric venait d'être libéré.
Bando fila au Poney Fringuant pour y laisser trainer ses oreilles de filou. Et moi, regardant mon bouquet dans un piteux état filais vers le cimetière de Bree, la tombe était toujours là à m’attendre. Les fleurs déposées la semaine d’avant était sèches ou pourries selon la saison mais personne ne venait jamais sur le carré des indigents; personne à part moi pour y visiter des amis, des parents... J’allumais ma pipe et m’adossais à la pierre tombale anonyme. L’endroit est calme, personne ne dérange ces morts là, ils n’ont jamais eut d’envie de pouvoir, n’ont jamais eut de haine contre les autres, certains ont même sut accorder le pardon... Je divaguais de fantasmes en rêves le temps de cette pause évanescente, combien de temps? La tête dans les nuages, je perds la notion du temps.
On se retrouva ensuite à l'auberge. D'habitude enjouée je n'avais pas le coeur à rire, et j’étais tiraillée par des piques de douleurs au flanc gauche.
On ne s’attarda pas longtemps à l'auberge et je repris le chemin de ma maison de Renardin pour me reposer. 

La vie dissolue
Nade le Jeu 12 Jan - 12:37
Tôt, ce matin là je fis mes bagages pour me rendre à Falathorn ou devait m'attendre Valderion. J’étais d'humeur enjoué et mon état de santé semblait s'être amélioré. Je donnais mes dernières consignes à Jahenna et lui demandais d'embrasser les Poux pour moi. 
"Je reviendrai dans quatre jours". Falathorn, n’était pas si loin et j’avais des ailes pour le voyage aller.
Je sellais Varicelle, et fit un signe d'au revoir, et parti au galop.
Sur le chemin, au Pays de Bouc, en passant devant l'auberge de Stock je ne pus m'empêcher de penser à mon ancien Mentor: Arsem PiedsdeLupin . 
Je continuais à bonne allure jusqu'à l'Arbre à Fêtes pour y voir les préparatifs de la "Fête des moissons". Je m’y accordais une pause champêtre et laissais Varicelle brouter. La soleil était agréable en ce dernier jour de l'été et mon coeur était léger. J’en profitais aussi pour repérer les lieux pour la ‘Confrérie de la Cervoise’. On aurait encore sans doute quelques coups pendables à faire aux pisse-vinaigres de la ‘Taverne’. Je retrouvais enfin la joie de vivre d'avant les évènements. Et surtout l’envie de mettre la pagaille ou je passais.
Je repris mon chemin en direction de l'Ered Luin et de Falathorn en milieu d'après-midi. Je touchais au but. Passé le pont qui mène à Duillond Je sentis mon coeur battre la chamade comme celui d'une adolescente. Je mis Varicelle au triple galop, celle-ci piaffa et fit une embardée en réponse à l'excitation de sa maitresse et fila sur Falathorn. La cabocharde, elle sentait bien qu’elle allait passer les jours suivant a brouter paisible, ça ne lui plaisait guère.
Je connaissais un peu les résidences des elfes, j’y avais déjà rendu de petites visites sans y être invité. Je me pris à rire en passant devant celle de Yukuro et pris la direction de la maison de Valderion. Je laissais mon cheval derrière, libre de son harnachement et me changeais, enfilant une jolie robe. Je glissais mes pieds dans des escarpins assortis et étouffais un juron à l'encontre de ses maudites chaussures qui déjà me blessaient les pieds. Puis je posais mon sac le long de la porte et frappais. Valderion ouvrit la porte, avec l'accueil froid des elfes. Je ressentis un pic d’excitation, un accueil aussi froid me laissais tout loisir d’allumer une fournaise dans son coeur pour le cueillir comme un fruit trop mur. Quel joli pari, que fit Mordy ce jour là: faire tomber un elfe dans son lit. La réciproque est souvent plus fréquente, mais un elfe avec une femme... Première erreur et dernière erreur, il me laissa rentrer. Diantre comme il est ardu de cueillir les fruits d’Imladris ou de la Foret Noire! Mais le gout est si différent.
Un petit matin je laissais Valderion se reposer dans son grand lit rouge. Je rassemblais mes affaires et déposais un dernier baiser à mon amant puis je repris la direction de Bree. 
Sur le chemin du retour, je m'arrêtais au campement des brigands non loin de Bree: un peu d’exercice ne me ferait pas de mal. Le coeur est une chose, mais les affaires et le métier s'entretiennent aussi. Je fichais mes deux dagues dans le sol et m’introduisais dans le campement à la nuit tombée. Mon but était de le traverser, de prendre le nécessaire sans utiliser le moindre moyen contraignant pour la pauvre vie de ces petits brigands. Mes pieds nus foulaient le sol avec grâce et sans un bruit. Je fis mon bout de chemin jusqu’au chef qui tenait un petit conseil avec ses lieutenants. Evidemment le bougre avait entendu parler de notre petit groupe d’indépendants de Bree et ça ne lui plaisait guère: de plus il parla de moi en des termes peu flatteurs... Moeurs légères: je l’accorde. Mais fille de bordeaux: pas le moins du monde! Je me glissais derrière lui, profitant de la pénombre des feux, remontais dans son ombre, glissais ma main sur le pommeau de sa dague et en fis gicler la pointe droit vers sa glotte. Hum, ça doit faire mal! Mais le compliment valait bien cette offense. Ses lieutenants se ruèrent vers lui mais j’avais déjà profité de l’obscurité pour rejoindre mes deux crocs dans le sol, les grands arbres autour du camp m’avait offert un couvert et un escalier vers mon camp de base. Finalement, j’avais encore la main. Mais j’avais encore fait parlé le sentiment avant la raison, je repartais les mains vide du camp. Je rentrais à Renardin.

Les jours suivant se passèrent a Bree, loin de Falathorn et de Valderion. Guthenric, était aussi en ville, mais semblait un peu fatigué de son séjour à l'ombre. Je tentais bien de lui redonner du baume au coeur mais en vain. Je passais mes journée à mettre en ordre ma maison et entretenir son petit jardin. Le soir je trainais au Poney.
L'auberge était calme, peu de monde en dehors d'une vieille folle qui radotait en permanence. Je me demandais combien de temps cela allait durer? Mais au final la vieille se lassa faute d'interlocuteur. Elle finit par sortir de l'auberge et je la suivis pour s'assurer que tout se passerai bien. Ce fut le cas pas le moindre coupe-jarret à l'horizon. Situation paradoxale, une voleuse qui suit une pauvre vieille si facile a dévaliser.
Je regagnais l'auberge, et continuais mon observation des quelques clients. Une elfe ravissante se tenait maintenant devant moi fumant la pipe. L'odeur agréable de son tabac, me tenta, et je l'abordais pour lui demander un peu de son herbe à pipe. En échange je lui offris une coupe de vin d'Isengard. On échangea quelques mots et je l'invitais dans une arrière salle pour discuter dans le calme.
Djune, venait de la Forte Noire. Elle écrit des livres, qui traitent des choses de la vie... Celles dans lesquels j’ai une bonne expérience. Aussi Djune me proposa de lui relater quelques expériences extraordinaires. Je fus surprise de la réaction et de la curiosité pour la chose de la part d'une elfe et l'emmenais chez moi pour en parler en privé. Imprévisible, tête brulée, peu réfléchie, je sautais sur Djune. Par pur défi, provocation, bravade. M’aurait elle claqué sa main à la figure que j’en aurais rit. Djune répondit à mes avances, elle poussa même l’avantage bien plus loin que jamais je n’eus été avec une femme. Petite maison de Renardin, si loin de la paisible Bree, emplie du charivari des affres courtois de Mordenlame. Je croquais la pomme: pas le moindre vers dedans. Et je la croque encore. Les pommes sont faites pour être croquées. Le tumulte amoureux dura le temps qu’il faut et puis je m’endormis un peu. Bree était calme, peu de remous.
Je sentais le bout de mes doigts fourmiller...
Je montais sur Varicelle et parti rejoindre un de mes amis de l'Albatros...
Terebel me chanta une ballade de son pays natal, dansante et joyeuse...
Puis me proposa de l'aider dans quelques taches rébarbatives et qui ne le passionnait guère...
Déjà je sentais l'excitation se répandre dans mon corps, mes mains tremblaient...
Et au mot de semi-orques je fonçais tête baissée comme une furie...
Terebel resta pantois quelques minutes me regardant semer un sillon de sang et de mort sur mon passage non loin de l’auberge abandonnée...
Puis il se ressaisit pour essayer de me calmer...
Mes gants étaient couvert de sang, mon visage couvert de taches de rousseur ruisselait de sang noir, j’avais le souffle court, de grosses gouttes de sueurs perlaient dans le décolleté de ma chemise de lin rouge....
Il plongea ses yeux dans les miens et vit un profond désarroi...
Je me mis a genoux et essuya le sang sur mon visage, et quelques larmes ou de la sueur, je ne sais plus...
Je regardais mes mains, elles ne tremblaient plus...
Je rengainais mes deux dagues, embrassais Terebel et tournais les talons vers Bree sans un mot...
Arsem avait dit à Pieds-de-biche que le jour ou elle se sentirai confiante avec ses dagues, qu'elle devrait chercher un vieux grimoire. Une cambrioleuse célèbre avait jadis rédigé ce manuel pour affiner les techniques de la dague de ses apprentis.
Je pris donc mes affaires et lançais Varicelle sur la route de l'Angmar. S'il était bien un endroit maudit et malsain ou commencer à chercher ce serait sans doute celui-là. Gris, laid, dévasté, un ciel pesant et oppressant, rien n’indiquait que dans ce pays j’allais faire la fête.Je ne tardais pas a comprendre que bien avant le grimoire, mon aptitude à survivre en Angmar allait développer mes talents de voleuse. Mes mains avec le temps finirent par frapper sans la moindre appréhension de façon méthodique et froide. Et le grimoire ne fit que confirmer ce que j’avais appris. Une fois sure de maitriser cette nouvelle facette de mon art, je rebroussais chemin vers Bree. L’Angmar me donnait la nausée et le mal de Bree. 

Nerita était de retour en ville et préparait une satire d'Eldelan avec un hobbit musicien du nom de Thobie. J’écoutais la satire musicale et proposais à Nerita et Thobie d'en faire un spectacle sur la place de Bree. Jahe et Mordy tenaient un bon moyen de ridiculiser ce bretteur minable qui les avaient massacrés sans raison. Nerita et Thobie partirent peaufiner leur piécette musicale et je rentrais à l'auberge pour y prendre le pouls de Bree et y boire une bonne Stout du Troll comme à mon habitude.
L'auberge était toujours aussi déserte en dehors d'un hobbit, d’un elfe et d’un homme à la peau sombre qui se tenait dans l'ombre.
Le hobbit Brandoboc était la pour postuler auprès de moi. Il s'acquitta aisément d'une tache et reparti vaquer à ses occupations illicites.
L'elfe, à la fière allure me laissa perplexe. il semblait préoccupé par quelque-chose; comme souvent ils le sont d'ailleurs.
Quand à l'homme, il ne cessai de me suivre du regard, ou de me suivre. Si bien que je finis par lui demander ce qu'il voulait. Les propos de l'homme ne devant pas tomber en des “oreilles pointues” indiscrètes je l'emmenais donc a l'écart de Bree pour en discuter. Les propos de l'homme; Alassan finirent par chahuter l'esprit de Mordy entre son attirance pour faire le bien et celle de faire le mal. J’étais perdue, et vulnérable et cédais à l'appât du gain. Je tendis la main à l'homme en acceptant son marché de l'aider. Je venais de basculer encore un peu plus sur la mauvaise voie, celle dont Arsem l'avait sorti. Mes yeux brillaient d'envie dans la pénombre, et mon regard devint incisif comme le sont devenues mes dagues.
Qu'il est doux le visage de Djune, quand elle ôte son chapeau. Sa douce chevelure blonde tombant sur ses épaules. Ses jolies oreilles pointues me piquent le coeur à chaque regard, le réchauffant tel les fournaises des Forges de Thorin.
Quand ses mains s'aventurent sur mon corps, le monde peut bien s'écrouler.
Mais quel est le lourdeau qui fait les cents pas devant la porte? Non, ne me le dites pas. C'est Eldelan, le fruit d'un chêne! Oui: Un gland. Djune, fais moi oublier ce lourdeau: emmenes moi ou jamais n'ira ce crapaud. La nuit fut agitée et Eldelan fut vite oublié dans les bras de Djune... La maison des chats était peuplé de miaulements mais pas de ceux qu’on entend habituellement. La maison des chats... Le passage des érudits... Bree est si petite.
Au sortir de la Maison des chats le lendemain je filais au petit cimetière abandonné de Bree. J’y déposais comme à mon habitude, une brassée de fleurs sur le carré des indigents. Y pleura un peu plus longtemps que d'habitude, et la pleureuse n'arriva pas à me calmer. Je remontais sur Varicelle, de grosses larmes sur ses joues et filais chez moi. Pas un bruit, pas une sortie, j’y restais la journée complète, et la lumière y fut allumé jusque très tard dans la nuit. Le lendemain matin je donnais au postier quatre plis cachetés.
Je trainais toujours au Poney, c’était un peu le lieu de rendez-vous des Poux. Et ce soir là, j’y croisais Jahe. Ensemble on assista à une exécution publique! Evidemment puisque ce sont de braves citoyens qui donne l'extreme onction, cela c'est fait dans l'impunité la plus totale! Jahe et Mordy ont devisé sur ce règlement de compte en raillant ouvertement les individus. La suite fut tout aussi sordide. Non content d'être des assassins et de s'adjuger des titres de juge et d'exécuteur; un des fautifs se mit à nous menacer; sous prétexte que Jahe voulait récupérer la bourse! Maintenant si les nobles seigneurs font les poches ou va le monde? Bientôt, on n'aura plus qu'a enfiler des perles.
Or donc, le cavalier Rohir aux manières de barbare se mit à pourchasser Jahe à travers la ville dès que j’eus le dos tourné! Pendant ce temps je contais fleurette à Djune en essayant de savoir ce que lui voulait les deux gars, amateurs de boissons et de cochonnaille à quatre pattes ou a deux d'ailleurs. Comme ils furent muets, je sortis avec Djune pour aller faire quelques repérages...
Sur le palier, on croisa Jahe haletante poursuivie par le Rohir. Guth fit son apparition à ce moment là. Thobie arriva aussi sur cet entre-fait.
Ensemble nous priment la décision de donner une leçon à Indestoull (le barbare du Rohan), Celui-ci se débina mais on ne tarda pas à mettre la main dessus. Je le ceinturais et finis pas le plaquer au sol, celui-ci ne voulant pas reconnaitre les faits. Deux Rohirims vinrent se mêler à la conversation mais tournèrent les talons voyant que Thobie maitrisait l'interrogatoire. Seulement, Aldagrin et Valderion vinrent se mêler de la chose, emplis de leur méfiance et de leurs préjugés envers les nôtres. Guthenric avait de son coté maille à partir avec les deux gars de la cochonnaille en défendant la dignité de Jahe. Ensuite tout se termina plus ou moins en eau de boudin: (restons dans la cochonnaille) Guth qui disparait dans d'étranges circonstances, Jahe qui semble partir avec les deux lascars et moi, qui me fait jeter par de gros molosses à deux pattes et trainer a l’écart.
Restent donc Thobie, Djune et Mordy à Bree se posant la question de ce qu'il y a de pourri en eux pour attirer autant les ennuis?
J’en profitais pour éponger ma colère contre un mur, à mains nues (aie, aie, aie). Je congédiais Thobie afin de lui éviter tout ennui. Et je me mis martel en tête de tester si la pourriture noble qui hante Bree, avait suffisamment de 'gesticules' pour lui faire rendre gorge! Je promis à Djune de revenir et filais vers l'auberge pour essayer d emettre la main sur Indestoull. Mais personne... Indestoull avait filé.
J’en avais gros sur le coeur et comme Rolan etait là, j’allais me consoler contre son épaule. Pauvre de moi, le monde me fait bien des misères! Ma maman avait raison, j’aurais bien mieux fait d'apprendre à filer la quenouille et à cuisiner pour un gentil mari! Mince je déraille là! Non, ils me gonflent la poitrine, ces elfes et tous ces donneurs de leçon qui ne valent pas mieux que nous; si ce n'est moins. Il est temps de jouer avec la potence, la corde sera toujours plus douce que les insultes de ces pédants. 

La corde raide.
Nade le Ven 3 Fév - 10:10

Bandonas me rapporta que suite à notre petit courrier de mise en garde que les membres du Dragon Éteint étaient très fâchés...
Apparemment ils voulaient nous chasser, nous mutiler, nous humilier, nous pendre, faire des cordes de luth avec nos peaux et des tambours avec les os, mais ils ne voulaient pas nous passer 200 pièces d'argent par mois... C'est dommage, nous aurions eut beaucoup de pièces pour nos chopes du soir !
Les chefs n'étaient pas à la petite réunion au Poney, donc ils ne savaient pas encore quoi faire. Certains s'attendaient à des attaques sur des hobbits, d'autres préféraient oublier l'affaire, et d'autres... j'ai déjà dis ce qu'ils voulaient faire. Je crois que je n’avais rien planifié de tout ça!? Les marchands ont vraiment un esprit tordu.
Quand aux “têtes de pailles”, sur de leur force, ils se contentaient de mise en garde:
"Soyez tout de même prudents, le danger se trouve partout, y compris en ville. L'on m'a signalé qu'un groupe de bandits œuvrait à Bree dernièrement, s'en prenant aux gens dans l'objectif de toucher quelques pièces. Restez vigilants."

Jahenna et Alassan allaient jeter un peu plus d’huile sur le feu!
En quittant le Poney Fringant, Jahenna repéra une cavalière richement vêtue qui annonçait qu'elle rentrait chez elle. La gamine prit les devants et commença à descendre dans les rues de Bree. Là, elle trouva Alassan et lui expliqua son projet. Le pirate approuva et tout deux quittèrent la ville par la porte Sud, histoire d'éviter d'avoir les gardes et la populace à dos durant leur entretient avec la femme.
Ils lui tendirent une embuscade à L'Arbre Jaune, dans le bois de Chet.
Sauf qu'il se révéla que leur proie était une rohiril, fière dresseuse de chevaux et farouche guerrière. Elle ne parut même pas s'inquiéter de l'attaque. Par ailleurs, il s'agissait d'une des personnes suspectant autrefois Jahenna d'avoir agressé leur compagnon -une chance qu'elle porte une capuche au moment de l'attaque.
Autre chose qu'ils n'avaient guère prévu, c'est qu'Aldagrin le hobbit fouineur les avait suivi. Grand mal lui en fit, car c'est grâce à lui que la situation tourna en la faveur des Poux.
Alors que Jahenna était parvenue à faire tomber la cavalière et récupérer sa lance, Alassan prit le hobbit en otage, menaçant de l'égorger si la rohiril ne lâchait pas son épée et ne leur donnait pas sa bourse.
Elle obtempéra, se présentant comme la tenancière de L'Epouvantail Ivre.

La gamine récupéra la bourse ainsi que l'épée, malgré les protestations de la femme. Cette dernière se jeta sur Jahenna et parvint à récupérer sa lance. Elle commença à l'étrangler, réclamant toujours l'épée, et donna un coup de lance dans le flanc de la petite. Jahenna tenta au même moment de lui donner un coup de dague ce qui eu pour effet d'éloigner la femme.
Pendant le temps, le pirate avait planté son poignard au niveau de la clavicule du hobbit trop agité, le laissant au sol à se vider de son sang, toujours conscient.
Il attrapa Jahenna et la tira en arrière. Tous deux prirent la fuite.
Ils allèrent jusqu'à Archet. Là bas, Alassan recousu maladroitement mais sûrement le flanc blessé de Jahenna.
Ne parvenant ensuite pas à trouvé le sommeil, la petite errant dans les ruines du village, y croisa par pur hasard Issydan et lui raconta brièvement sa mésaventure. Ce dernier lui proposa quelques meilleures planques dans le village avant de lui proposer de revenir à Combe, à l'auberge, soutenant que là bas au moins il y aurait du monde pour défendre en cas de besoin.
Thorgeir ne tarda guère à arriver. Il avait aiguillé un nain et son compagnon la recherchant vers l'Auberge Abandonnée.
Tous deux la ramenèrent à Combe. Elle s'établit dans la cave.
Thorgeir remarqua l'état de la plaie et entreprit de lui recoudre à sa manière mais de manière plus... aseptique. 
Pour ma part je fixais une entrevue avec le Dragon Eteint afin de leur expliquer notre service, histoire de prendre le pouls de l'intérieur de cette belle entreprise de vol organisé... de marchands. 
Je glisse une copie du courrier que Nade avait concocté pour les confréries, que de bons souvenirs!

“Cher Ami,

Récemment un de mes protégés m’a fait part de son désarroi en constatant que votre Confrérie était ouverte à tous vents et que l’on pouvait sans ombrage y rentrer et s’y promener.
Fort heureusement pour vous, nous ne sommes pas de ceux qui profitent de la faiblesse des autres. Aussi afin que, à l’avenir, vous évitiez de petits désagréments: casse, vols, espionnage: je vous propose les services de mes gens si attentionnés au bien de tous.
Une modeste contribution de 200 pièces d’argent mensuelle devrait amplement convenir à la sécurité de votre bâtisse.

Ne pouvant évidemment nous rencontrer pour des raisons bien évidente de confidentialité, de part la nature de mon commerce, vous pourrez régler votre contribution mensuelle auprès d’un de mes Poux, ou de ma Voix: Mordenlame.

En vous souhaitant une prospère journée, je vous prie de recevoir nos salutations les plus humbles.

Nade Sautcorps.

PS: Evidemment, libre à vous de refuser, mais sachez qu’en ces temps agités il est très difficile de retenir les plus humbles des plus bas instincts.”

L’entrevue avec le Dragon Eteint, s’était soldé par l’enfermement de Mordy! Elle était venue sans arme, en amie. Ah, oui je sais je suis un peu timbrée de me jeter dans la gueule du loup. Mais c’est la meilleure façon de connaitre son ennemi que de le rencontrer face à face. Des marchands restent des marchands, bardés de préjugés, confiant et sur d’être dans le bon droit. Ils sont aussi pourris que nous, leur commerce est tout aussi pendable mais légal. Je découvrait leur fourgon pénitentiaire et partait vers Thorin. Mais déjà j'étais ailleurs, loin du fourgon et de Thorin. Quelques phrases, du mordant et je serai dehors. Qu’est ce que leurs pauvres serrures de bâtisse avait a m’offrir comme prison? J’y restais par curiosité et pour la lecture, j’en apprenais autant sur eux que eux peu sur moi. Et dire que les marchands avaient eut la gentillesse de ramener Varicelle jusqu'à Thorin derrière le fourgon. De ma prison dorée j’en profitais entre deux lectures pour écrire un peu, une nouvelle pour le concours de Dame Cernwenn. En dilettante, évidemment et sans revoir ma copie. A l’improvisade, comme tout ce que je fais. Un jour, il faudra peut être que je m’organise, mais j’aurai perdu en liberté...

De son coté Alassan était parti à la recherche de Jahenna du côté de l'auberge abandonnée dans le but de se venger d’elle, partie avec les fruits de son labeur. 
Alassan est tombé nez à nez avec Etheliwen et sa bande. Il a pourtant réussi à s'échapper par un stratagème complexe et ingénieux: il a détalé comme un lapin. 
De retour à Bree il est tombé sur une vieille amie, Moridriel, son ex-navigatrice qui n'a malheureusement aucune idée de où peuvent bien se retrouver d'éventuels mousses de la Voile Noire... 
Il a aussi croisé le chemin de Thorgeir, qui lui a dit que Jahenna avait été capturée par Etheliwen et serait peut être encore en vie au fond d'une geôle à Bree! Les deux se sont entendus pour faire évader la gamine. L'opération sera menée par Alassan, qui se lance dans cette histoire autant pour l'argent promis par Thorgeir que pour le plaisir!

Enfin, lasse de la compagnie d’un nain bougon et peu loquace, ayant épuisé la lecture a ma disposition, je préparais mon évasion. J’avais plusieurs choix:
On a dit que j’aurai assommé le garde nain avec un livre: le poids de la culture sur un crâne épais!
Certains disent que j’aurai fuit par la cheminée, jouant les ramoneurs.
Les plus farfelus disent que j’aurai égorgé cinq personnes pour sortir!
Les bruits... Simple gravité, le livre percuta le crâne découvert du nain, j’avais quand même donné une légère accélération à la chute du livre. Il tomba sur le sol avec la clef de la porte. Je la pris et refermais la geôle dorée derrière moi. Je me réfugiais chez mes amis de la “Confrérie de la Cervoise”, et le calme revenu filais sur Bree en évitant les routes. Je savais Aldagrin sur ma piste.
Je tendis la main a Medneth en lui proposant la trêve des brigands histoire de se refaire une santé, et se retrouver tranquillement. Il accepta plus ou moins.
En discutant avec Alassan on s'est rendu compte qu'on n'avait pas mis en place de code pour se signaler et se retrouver. Je ne désespérais pas d’apprendre un jour a lire aux Poux, histoire d'améliorer un peu leur éducation. La vie reprit tranquillement a Bree, avec son lot de surprises.
Eldelan et ses acolytes étaient tranquillement entrain d'embrocher un pauvre bougre quand je suis arrivé un soir a Bree. Evidemment idiote comme je suis je n'ai pu m'empêcher de demander ce qui motivait un aussi triste sort a ce pauvre homme? Je fus surprise de constater qu'on me reconnu alors que moi en dehors de notre ami Eldelan je ne connaissais personne. Ensuite comme j'insistai pour en savoir plus, direct on me sortit une épée sous la gorge. Ce soir là, n’était pas un bon soir pour mourir, le soleil était encore haut et je n’avais pas encore vu le Poney. Je tirais sur la bride de Varicelle et reprenais ma route vers le Poney. Je sentis dans mon dos l’impact d’un nouveau coup de lance dans le torse d’un homme et le dernier râle plaintif du mourant. J’aurai égorgé le monde entier ce soir là, sans le moindre remords: femmes, enfants, vieux, jeunes, infirmes, puissants et manants, quelque soit la race, la taille, la croyance... Ce n’était que du trop souvent vu a Bree.

Tout ce vacarme avait fini par m’épuiser. Les braseros et bougies restaient très très longtemps allumées dans ma petite maison. Des ombres furtives y entraient et en sortaient. La cheminée fumait encore au petit matin, et Varicelle paissait paisiblement dans le petit jardinet.
Je ne sortais plus de chez moi, on ne me voyait plus a Bree, la jument broutait les herbes des voisins. Ils avaient beau cogner a ma porte je ne répondais pas.
La lumière était en permanence allumée...
J’allait bien finir par manquer de bougies!
Maudite “Ombre”, naïve que j’étais de croire qu’une lame pouvait sceller un destin. Rien de ce qui se passait ne venait d’elle, mais de moi. Fallait sortir, ce n'était pas en restant cloitrée que ça allait changer. La Taverne aux Milles Pintes, ses bières, ses danses, l’ivresse... danses et promenade dans la taverne. Quand le tour fut fait je m'éclipsais au Poney pour sombrer dans l’ivresse. Bjarni m’attendait, une brassée de bière devant lui. Valderion me tomba dessus ce soir là, me sortant son sermon habituel sur mes dérives...
Comme il me cassait les pieds, je lui ai donné mes dagues, histoire qu’il me laisse boire en paix. Sitôt, l’ivresse acquise je filais ailleurs voir si le fond du tonneau y était plus frais.
J’arpentais la campagne de la Comté et des alentours de Thorin. On me voyait souvent entrer et sortir de la Confrérie de la Cervoise et me moquer ouvertement des membres de la Ligue des Tavernes. Je finissais souvent mes soirées au Poney Fringant après avoir fait le tour des échoppes de la confrérie de la Cervoise. Ivre morte, parfois dormant sur la table ou sous.
Quel exemple pour les jeunes filles! 
Parfois je faisais des rencontres entre deux ivresses et railleries.
En compagnie d'un elfe, Adenwe, que je tannais pour qu’il m'emmène en Foret Noire. Et peu de temps après avec une mystérieuse personne vêtue de noir, Briseglas alors qu'elle écoutait une conversation d'hommes du Rohan qui ne la concernait pas. J’adorais railler les elfes, et j’aime toujours ça d’ailleurs. Sitôt les elfes couchés, je buvais encore...
Ce matin là, on pouvait encore voir les veines du bois sur sa joue. Je devais avoir une sacrée migraine le lendemain. Les soucis disparaissaient dans le fond des bocks.

Et puis un jour je croisais Jahe: d'abords je n'en cru pas mes yeux. Mais elle était bien là. Je la serrais dans mes bras; Le Gris était là aussi et surveillait Jahe.
Sombre histoire que tout ça. Je n’y ai jamais rien compris, la disparition, comment elle s’en est sortie...
Bree n'est plus qu'un abattoir à ciel ouvert, tant chaque jour on y voit son flot de cadavre... Un jour il n'y aura plus rien à y tuer. Même dans l'auberge , on éventre!
Je repris le meilleur chemin pour oublier, à Thorin. J’avais raté le bal costumé des Erudits d'Arda;j’aurais au moins la chance de finir ivre dans le sanctuaire de la Confrérie de la Cervoise... Sitôt le plein d’ivresse fini, je filais sur Bree, dague à la ceinture: Ombre à mes cotés, je n'avais toujours pas franchi le cap de mes appréhensions. La savoir à mon coté me rassurait mais me donnait toujours cette assurance, qui au regard de mes pauvres prouesses d'escrimeuse, ne le devait pas.
Comme à mon habitude maintenant, je fis un crochet au cimetière et me posais quelques minutes le long du mur en face de la tombe. Cette fois ci j’avais oublié les fleurs, mais je savais que j’y repasserai bientôt.
Au Poney, je croisais Valderion. Il avait l'air plus amical et moins brusque envers moi. Il portait toujours ma mèche de cheveux. Mais je ne savais si je devais le libérer ou non; je semblais aussi perdue que lui sur notre histoire. Il se méfiait toujours de moi. 

Les Poux arrivèrent en masse à Bree, accompagné du Gris toujours dans les pas de Jahe. La petiote cherchait une solution à son problème d'élocution et interrogeait les hommes du Rohan. Deux jeunes femmes semblaient les observer et les écouter et Jahe fit le premier pas. Je lui emboitais le pas en faisant une farce à l'une des jeunes femmes. Puis, toujours poussant le bouchon plus loin, lui donna une petite leçon bien amicale de 'méfiance'. Je ne semblais plus réaliser que par ces temps de guerre et de suspicion, le moindre geste de travers pouvait m’en couter. Mais la situation ne dérapa pas et l'une comme l'autre des jeunes femmes furent adoubés au sein des Poux: Amilia et lyseliane.
La joyeuse troupe fila sur Combe pour faire connaissance mais Aldagrin vint y mettre son grain de sel. Je me chargeais de l'accueil, et Aldagrin reparti après quelques minutes d'échange verbal courtois...
Je commençais a en avoir assez d'être suivie en permanence. Je sentais que je devais compenser le manque d'agression de ma lame par de l'acidité dans mon comportement. La chose explosa avec Asalith! Sans raisons apparentes je me mis bille en tête de lui faire passer un sale moment et me pris au jeu de la provocation et des railleries. Asalith ne tarda pas à me rentrer dedans; je jubilais! Ma souplesse et mon agilité ne me prirent pas en défaut, et j’esquivais les attaques d'Asalith. Mereagar veillait au grain sur ses pouliches et sans que je m'en aperçoive, pris par le jeu de ma joute avec la belle, me pris un coup de pied dans les côtes, valdinguant comme un fétu de paille. Le souffle coupé par ce coup digne d'un ours, la rixe en fut terminée.
Rolan de passage, vint me remonter les bretelles. Je me fis toute petite devant Rolan, comme une gamine qui aurait chipé un quignon de pain sur la table. Je lui promis de me tenir à carreau durant quelques temps, au moins jusqu'à notre prochaine rencontre...

Quelques jours après je pris Varicelle et trottais jusqu'à Bree dans ma belle robe couleur acier brodée de fil bronze. Sur la place de Bree je rencontrais Rolan, à qui bientôt pendait une greluche elfe. Comme j’avais des courses à faire, cela ne me chagrina pas plus que ça... De plus j’avais promis de me tenir et de rester sage. Je pris donc la direction de la maison des érudits pour y acheter quelques méthodes d'apprentissage de la lecture pour mes Poux. 
A mon retour je croisais Le Gris et lui proposais de m'accompagner jusqu'au cimetière après avoir cueilli quelques fleurs. Main dans la main nous fîmes le chemin cueillant ça et la des fleurs de saison. J’en fis un joli bouquet que je déposais comme à mon habitude sur le carré des indigents. J’expliquais au Gris que j’y avais là des amis d'enfance et mes parents. Le cimetière était désert en ce jour des morts...
De retour à Bree on croisa l'intégralité des Poux, du moins presque. Jahe et la nouvelle recrue Lisy, Amy, Brando et Brandoboc. Ils devisèrent joyeusement et Jahe et Lisy partirent régler une affaire auprès de Bastien le boulanger revenant avec des viennoiseries.
Un homme cagoulé du nom de Ronce vint nous aborder, et tenta de nous perturber quelque peu. Les Poux en dehors de moi partirent pour l'Epouvantail Ivre. Je restais à Bree craignant de créer trop de vague a l'Epouvantail. 
J’observais les mouvements sur la place, écoutais les sempiternels remontrances et sermons des “oreilles pointues” et les vantardises de certains puis repris le chemin de ma maison sur Varicelle avec mes livres sous le bras.

Le lendemain matin je me levais de bonne heure pour préparer les leçons de lecture. Et en profitais pour mettre au point un code pour communiquer des informations rapidement. Puis je flânais sur l'herbe de mon jardinet en regardant Varicelle s'ébrouer. Je contemplais les feuilles tomber en pensant à ce que je disais à Valderion et souriais. Crétin d’elfe!
Je fumais l'herbe que m’avait envoyé Nutrof, de la bonne herbe à pipe des Fêtes d'été. Je me se sentais libre dans ma grande robe en dehors de mes chaussures qui me blessaient les pieds. J’appréciais ces moments loin des armes et des tenues plus pratique pour mes activités. Finalement se ressourcer au calme donne de bien plus grandes envies et d'idées que de toujours battre la campagne et courir dans les rues traquée...
Je couchais sur le parchemin quelques nouvelles idées sournoises et fourbes et rentrais profiter de ma maisonnette en attendant mes élèves pour la leçon de lecture...

Aldagrin! Je suis excédée par ce petit bonhomme.

“Me chasser de Bree! Montrer mon vrai visage!”

Qu'ont ils fait depuis le début?
Me pousser en avant dans une direction que je n'ai pas choisi! Me ramener là d'ou je suis partie. Me pousser un peu plus vers le gibet! Cracher sur la main que je tendais!

“Alors soit, préparez la corde! Qu'importe!”

Je fis un croc-en jambe à Aldagrin et le trainais par les cheveux jusque devant le Poney Fringant. J’étais emprise d'une colère noire. Je ficelais Aldagrin à la fontaine et lançais une diatribe à la foule. Ne craignant pas la vindicte publique, j’incitais les Sans-toits et les plus humbles à nous rejoindre. Puis prenant la dague de Jahe, je lacérais les vêtements d'Aldagrin le mettant à nu! On attendait autre chose? Non, je ne suis pas là pour le tuer! J’attendais la vague d’indignation en retour mais rien ne vint. Pas même le veilleur ne revint à la charge avec la garde. Qu'est ce donc finalement? Une rixe et une mise a nue! S'il faut la pendre pour cela, alors faites le!
Je suis mauvaise? Alors pourquoi je l’ai libéré? Je suis folle?
Pourquoi rester sur la place, et le lieu du supplice?
Je me mets a danser! A danser pour oublier? Je cherche quoi en fait?
Et à cette harpiste qu'ai je donc bien pu lui dire? Hiragil est son nom. Guère plus âgée que moi.

Mordenlame ramassa le petit miroir d'argent sur le sol qu'Hiragil venait de perdre. Le regarda un instant en souriant et le glissa dans une manche de sa robe. Elle rabattit sa cape vert sombre à parement bronze sur ses épaules en frissonnant et se dirigea vers l'arrière du Poney Fringant. Varicelle, sa jument pie attendait patiemment sa maitresse. Mordenlame posa son front contre le museau de la bête et lui caressa longuement l'encolure. Varicelle soufflait sur la poitrine de sa maitresse et un filet de salive perla du mors sur les mains de Mordenlame.
Mordenlame d'un geste rapide fit gicler sur le sol la salive et, prenant la bride de Varicelle, sauta lestement sur le dos de sa monture. Le petit miroir d'argent tomba sur le sol à nouveau en se cassant en deux. Mordenlame regarda le petit objet sur le sol et d'un claquement de langue fit partir la jument au pas. 
Devant la fontaine du Poney, elle repensa aux paroles d'Hiragil et au supplice d' Aldagrin. En pensant à ce dernier, elle ne put s'empêcher de passer sa main autour de son cou comme pour chasser un mauvais pressentiment. Elle sourit en sentant sa gorge libre de toute entrave et poursuivit sa descente vers la porte sud. Les rues étaient désertes maintenant. La nuit semblait calme. La lune éclairait les pavés élimés qui menaient aux Résidences de Bree. Mordenlame libéra Varicelle de son harnachement et glissa la bride et la selle dans l'entrée de sa maisonnette. Elle alluma un feu dans sa cheminée et sorti du buffet de l'entrée une liasse de parchemins encore vierges. Prit sa plume d'oie et l'encrier et s'assit à la petite table de l'entrée, et posa le mot 'Testament' sur le premier parchemin.
Relevant le regard pour chercher ses mots, elle aperçu un pli, sans doute glissé sous sa porte, qu'elle n'avait pas vu en rentrant. Elle reposa sa plume et ouvrit le pli. elle parcouru les quelques lignes d'écriture, puis jeta le parchemin dans le feu. Mordenlame se rassit sur sa chaise et regarda les parchemins, pensive. Puis elle se remit à écrire. Prenant le sceau des Poux, elle fit glisser de la cire sur les battants du parchemin qu'elle scella en un pli.

"Je me souviens encore de cette nuit avec Rolan. 
Je me souviens de ma colère me sentant trompée. 
Je me souviens de mes menaces et me souviens de son pardon,
Et encore plus de son amitié qu'il a conservé.

Mais Dame Hiragil, le coeur de Rolan bat pour vous.
Ma flamme en lui, pour lui s'est éteinte.
Mais la vôtre peut encore bruler, 
Et vos mains emprisonner son coeur."

La prison ne m'attend plus, ce qu'on dresse pour moi, c'est le gibet.
Profitez de chaque instant, car l'ombre est aussi dans le coeur des hommes bons.

Puis elle rejoignit sont lit laissant là ses parchemins et la plume sur la table.


La chute
Nade le Ven 23 Déc - 10:20
Nade venait de tomber de haut, très haut. Mais elle retombait sur ses pieds, accusant le coup, ne perdant pas la face devant celui qu'elle avait aimé.
La gifle fut instinctive, les mots comme des lames tourbillonnantes. Nade ne pouvait comprendre la réaction de Mevorik.
Et Mevorik prit la porte, de la maison qui se voulait de 'famille'.

La colère était toujours présente dans le coeur de Nade, contenue, usante.
Elle devait la sortir, l'enfant n'avait pas a subir la douleur de sa mère. L'enfant sans père ne devait pas ressentir la moindre animosité, ou le moindre relent d'amour pour celui-ci; juste de l'indifférence.
Nade prit une plume et l'encrier dans le buffet du salon, saisit un parchemin et jeta ses premiers mots sur le papier. Sans réfléchir, sans les peser, sans les penser, comme ils venaient... Son coeur se vidait: l'indifférence!

Nade ne prit le temps de se relire, à quoi bon? Les premiers mots sont les plus justes, ils viennent porté par le coeur et non la raison.
Nade cacheta le parchemin et l'adressa à Mevorik par le biais de l'Eored.

Elle rangea la plume et l'encrier, ferma la porte a clef de la maison et partit se coucher. 

De l’argent pour combler l’absence d’un père?
Une pension pour combler l’absence d’un époux?
Un droit de regard et de visite sur son enfant?
Savoir d’ou tu viens est plus important,
Que savoir ou nous... Non ou tu vas?!
Mon coeur ne s'achète pas!

Alors Certes Mevorik, fouille l’Enedwaith,
Cherche les tiens, mais ne me cherche plus!
Nade n’est plus rien pour toi!
J’ai encore croqué une pomme véreuse, 
Et l’asticot coincé entre mes dents, je le crache!
De la pomme j’ai le gout de l’amertume.

Je ne vais pas me lamenter sur mon sort,
Je commence à connaitre cette chanson:
Je peux en jouer la partition les yeux fermés.
Je ne courberai pas l’échine,
Je ne suis pas une jument que l’on mate.
Trouve toi une pouliche docile chez les tiens!

Sache qu’en ce jour tu n’as plus de femme,
Plus d’enfant à naitre et à chérir.
Je ne porterai jamais ton nom,
Il ne portera jamais ton nom.
Tu ne le verras jamais de mon vivant.
Il ne connaitra rien de ce père indigne!

Nous étions plus qu’ami
Nous voici plus qu’ennemi.
Tu pouvais me tromper,
Je n’en aurai eut que cure.
Mais abandonner la vie que tu as
Semé en moi, je ne te le pardonnerai pas.

Nade


Chauds les marrons
Nade le Mer 28 Déc - 11:50

Ah, la douce chaleur du Poney Fringant, l’accueil chaleureux de Prosper, les petites anicroches entre clients, les récits de ripailles et de tripailles.
Ce soir-là, je filais directement vers le fond de la salle avec le vieux luth de mon ami dunlending sous le bras. J’essayais de coller du chant sur une mélodie qu’il m’avait enseigné, il y a longtemps maintenant. Hélas pour moi et ce vieil ami, il n’avait pas eut le temps de m’enseigner la mélodie et la partie soliste. Ce morceau est tellement beau qu’a chaque fois que je le joue j’en ai la chair de poule. Enfin bref, j’essayais de mettre dessus des paroles afin de meubler cet air envoutant.
Cela ne dura pas longtemps, il fallait bien que l’on me dérange, mais sans doute qu’en allant au Poney, ce n’était pas le meilleur endroit pour essayer de peaufiner cette chanson.
Mevorik se présenta devant moi avec une bouteille à la main et un verre plein. Sans doute avait il quelque chose à me dire. Cette chanson-là, je la connaissais d’avance. Bientôt cinq mois qu’il avait planté sa graine et un mois qu’il m’avait laissé tomber comme une vieille chausse. Il me ressortait sa rengaine de Mordy la méchante qui a changé, la pas gentille qui lui a dit des méchancetés. Ah, je ris. Toujours moi la fautive, ça ne peut être les autres? Mordy, la manipulatrice; que n’ai je entendu cette ritournelle sans saveur dans la bouche de ceux qui m’ont croisé et porté un jugement bien hâtif.
Et le voilà qui s’emporte et me crie dessus. Frappes, mords Mevorik! Plus tu essaieras de me faire plier plus je résisterai, c’est une question de principe pour moi. Plus tu me briseras plus je grandirai. Le devoir d’un père c’est d’être auprès de ses enfants pas d’envoyer une bourse. Tu me connaissais avant et et je suis la même aujourd’hui. Je n’ai pas changé, juste mon ventre et le regard des autres sur moi. Souviens toi de tes grandes tirades sur l’honneur d’un père et le regard bienveillant qu’il doit porter sur sa femme et ses enfants.
Pauvre idiot, penser que j’aurai tué mon enfant en me pendant avec Carlod. Je savais pertinemment que ce couard n’aurait pas l’audace d’aller au bout de sa pensée et de ses actes. Il a coupé la corde que je lui tendais. Il n’a même pas eut le courage de la prendre en main. J’ai eut ma réponse ce jour-là. Et ceux qui l’on suivi sont de la même trempe. Des suiveurs, pas des gens libres, il leur faut quelqu’un pour leur tenir la main. Tout ce que tu peux entendre de leurs bouches n’est que fiel et dédain pour la liberté. Qu’ils marchent et crèvent pour un autre, je n’aime pas les moutons.
Je t’ai fait parvenir un symbole par l’intermédiaire de ton chef. Cet objet m’a couté du temps et des efforts: fais en bon usage. Dis toi bien que la vérité ne saute pas toujours aux yeux et que les apparences sont parfois trompeuses. Celywin te remettra cet objet en mains propres, du moins je l’espère. J’espère que le sang de Lodrin ne tachera pas ses mains.
Enfin, la soirée fut bien plus plaisante par la suite, malgré les mauvaises nouvelles de l'expédition de Valdérion. Eolyhnn semble bien attristée et le mot est faible par cette absence de nouvelles. Si mon état me le permettait, je l’aurai bien accompagnée en Eregion pour y faire des recherches. Espérons qu’elle trouve rapidement la piste de son fiancé. J’ai beau avoir eut des différents avec Valdérion, il reste encore pour moi un bon ami, même si nos relations sont parfois tendues. Enfin, avec le départ de Mevorik de ma vie, peut être que je retrouverai un peu de crédit à ses yeux.
Chèvrefeuille et Eostans, joyeux compères musiciens! Que n’ai je eut l’idée d’essayer de jouer avec eux plus tôt. Concentrée sur mon tambourin fraichement acquis, j’essayais de les accompagner dans leurs improvisations musicales. Nayeli m’avait donné les bases de l’instrument, j’avais des progrès à faire mais les deux compères furent charmants et m’encouragèrent dans cette direction. Je promis de retenter l'expérience une prochaine fois, j’avais un peu de temps devant moi pour m’entrainer sur des accompagnements rythmiques dignes de ce noms.
En sortant du Poney, je donnais le bonsoir à Noirdejais et Narbur sur le parvis du Poney et récupérait “Vices”, la chèvre que m’avait offerte “La Confrérie de La Cervoise” pour mes nombreux petits services et sévices envers les membres de la “Ligue des Tavernes”. Ils avaient sans doute pensé que dans mon état, un peu de lait de chèvre ne serait pas de trop. Noirdejais me fit rire une dernière fois en me donnant le nom de sa dernière pouliche, et le pourquoi de ce nom, tandis que le Maitre Nain me conseilla de me reposer comme il se doit pour une femme portant la vie. Je rentrais chez moi à Bree, dans ma grande maison, bien vide de monde, mais qui ne tarderai bientôt plus à se remplir de deux nouveaux petits Hommes Libres. Le lendemain, j’avais prévu de faire le marché de Yule de Dame Isaline.

Nade


Une veuve noire?
Nade le Lun 9 Jan - 16:26
Toujours les fêtes de Yule, je vaquais à mes occupations matinales chez moi. La veille, j’avais sauvé une jeune femme dans les rues de Bree d’une mort certaine. Les deux soldats du Gondor, que j’avais croisé, souvent en ville et au Poney, avaient bien réagit. J’aurai préféré qu’un des médecins de l’Hospice soit là pour agir mais dans l’urgence, je sus comment faire: sans trembler, sans y réfléchir comme par instinct.
Que Lidi, ma mère, soit remerciée de m’avoir donné le gout de la lecture, car l’ouvrage de Nowanel m’avait enseigné une incroyable quantité de gestes et de soins: ne restait plus qu’a passer à la pratique. J’avais cautérisé les plaies aux poignets et bandé la jeune femme. Ensuite, avec l’aide des deux hommes, j’escortais Natanaele jusqu'à l’Hospice pour qu’elle s’y repose et retrouve des forces. Peut être que, dans un endroit calme, celle-ci se livrerai sur les raisons de son acte. Je passais une partie de la nuit à surveiller la jeune femme, puis quand je fus rassurée sur son état, je confiais la surveillance au veilleur de l’Hospice et rentrais chez moi pour un repos bien mérité.

La nuit fut calme et solitaire... Comme d’habitude je fus levée par le froid dans la maison, étant seule pour entretenir le feu celui-ci devait bien être mort depuis deux ou trois heures. La maison était froide, j'alimentais le feu de quelques buches et le redémarrais avec du fagot bien sec. Quand la maison redevint agréable j’en profitais pour me faire un brin de toilette, et me passais une tenue ample et agréable (de vieux vêtements hors d’âge que je conserve pour je ne sais quelle raison). La vue des instruments de musique me donna l’envie de jouer. 
Je nettoie un peu les pipes du biniou. J’aime bien le nom et cet instrument de musique. Il est légèrement différent de la cornemuse que l’on voit fréquemment à Bree, au Poney.
Je me rappelais mes premières gammes et les cours que m’avais donné l’ami d’Ambroisian. Depuis, tous les jours en plus du Luth et du tambourin je m’exerce chez moi ou à l’Hospice sur mes instruments. Je règle le bourdon et commence à souffler pour tenir la basse. Le bourdon sonne dans la maison, me rappelant mon ami Dun quand il jouait son lament. Pauvre Stirodur! Croqué par les ouargues alors qu’il jouait sur son rocher au milieu de nul part. Enfin, j’ai son Luth, encore taché de son sang et décoloré par les pluies et les années d’errance dans le Dunland, sa cornemuse fut elle éventrée par les immondes bêtes.
Je me chauffe avec son lament, c’est lent et il permet a mes doigts de se réchauffer progressivement et à l’instrument de sonner comme il faut. J’enchaine sur des gigues du Pays de bouc que je jouais à la flute ou au Luth. La musique me donne envie de danser, alors je ris en voyant mon ventre plus gros que la poche du biniou gonflée d’air. Les petits donnent des coups et je les sens bouger. Ils dansent ou se plaignent. S’ils dansent: ils seront comme moi! S’ils se plaignent, ils seront comme leur père, des “têtes de paille”. J’espèrent qu’ils dansent. Ma capacité respiratoire diminue avec la grossesse, je m'essouffle vite et ne peut tenir le rythme. Je stoppe alors et les coups dans mon ventre s'arrêtent. Par moment ils reviennent: en demandent ils encore. Je me caresse un peu le ventre et le tapote gentiment. Les petits coups des bébés se font sentir. Je souris, bientôt ils seront là.
En regardant la cornemuse maintenant flasque comme... Une outre vide! Je me dit qu’une fête ou l’on jouerait de cet instrument serai la bienvenue. Une jolie fête avec de la mousse fabriquée par la “Confrérie de la Cervoise”, des danses, des sonneurs, des amis le tout pour les premiers jours du printemps. Après tout, les enfants auraient un peu grandit et sans doute que j’aurait trouvé d’ici là, a les placer à une bonne nourrice pour quelques soirées avec mes amis. Et puis les prétendants à la succession ne manquent pas, l’élu pourrait bien assurer la garde lui aussi. Je ne suis pas pressée de choisir le remplaçant, j’ai déjà deux personnes à venir me rendre visite le soir de temps à autre, une troisième dans mon état ne serait pas raisonnable. Oh, et puis la raison! Non, quand même, il faut que je soit en bonne forme pour la suite.
J’ai donc travaillé un peu mes instruments, surtout le luth avec un accordage alternatif permettant de descendre les notes et d’obtenir une sonorité plus rauque, presque primitive. Elle m’a donnée d’ailleurs une idée de musique lourde, puissante comme le grondement des pas des trolls dans la Trouée du même nom. Une chanson peut être, en tout cas une musique originale... Peut être visionnaire, qui sait... Collante comme la boue d’un marais, suintante et à l’odeur âcre comme les parois d’une grotte couverte de mousses et au sol couvert de champignons... Rien que d’y penser j’en ai les petits poils de mes avant-bras qui se hérissent et une onde de plaisir parcoure mon dos jusqu’au bassin. Ah! Quelque chose de puissant comme l'étreinte d’un amant fougueux qui vous cloue sur le plancher. Mais je m’égare, sans doute l’absence du père; bien que depuis quelques temps j’aurai presque oublié qu’il y en ait un tellement il est discret. Il faut dire que les limites que j’ai placé ne lui laisse guère de liberté d’action. Ah, j’en essuie presque une larme de joie.

Des bons conseils...
Nade le Ven 13 Jan - 12:21
La douce chaleur du foyer entretenu. La maison était chaude ce matin là. 
Mais déserte... Non, pas tant que ça. Par moment je revoyais mes parents devant moi. L’image en était presque réelle. Devenais je folle? Ils sont morts depuis bientôt un an.
Est ce que tous ces événements ne me portaient pas atteinte? La position debout et statique devenait difficile. Le poids des petits commençait à se faire ressentir. Je me détendais quelque peu, essayant encore quelques assouplissements. J’avais perdu encore un peu. La tête me tournait, une douce ivresse: la même que l’herbe à pipe... Mais plus présente. Et cet hivers qui n’en finissait pas. La neige, le froid, tout ce blanc immaculé qui masque tout comme un linceul. L’hivers est la mort, l’uniformité, la stérilité...
Je me rapprochais du feu, plaçant mes mains presque au dessus des flammes. Sur le manteau de la cheminée reposait toujours la dague, la nouvelle... La remplaçante d’Ombre. Pas celle que m’avait faite Hazimel, encore une autre. Une que j’allais égarer sans doute encore. Combien en ai je perdu? Mais ce n’est rien qu’un bout de métal sans valeur, le bien le plus précieux est la main qui la tient. Je caressais le fil du bout de mon index, le fil était tranchant comme un coupe-choux et entailla en partie la corne du bout de mon index. Je regardais le vieux luth dans le coin de la pièce et le remerciais. Les longues heures à jouer ne servait pas à rien, au moins je ne me coupais plus les doigts en épluchant les salades...

Qu’avais je dis à Hira? Je ne me souvenais plus. Je focalisais mon attention cette soirée... Je revoyais ses cheveux détachés... Mais le reste... Qu'ai je dit?.
Je laissais la plume sur le parchemin, l’encre coulant sur le vélin et imbibant le papier. De longues minutes se passèrent sans que je ne réagisse, mes mains glissaient sur le papier l’une tenant la plume et l’autre baignant dans l’encre fraichement coulée. J'émergeais de mon absence et regardais le parchemin. Une grosse tache noire balayée de traces de doigts en maculait la surface, comme une caresse. Les pulpes de ma main gauche étaient noires. Je frottais mes doigts pour les chauffer et sentait l’odeur douce amère de l’encre noire. Je frottais mes doigts sur le bout de ma langue, en souriant. La Langue Noire... J’éclatais de rire. 

La peur!, Je lui ai parlé de la peur?! La mienne? Ou celle de Mevorik? 
Par flash des bribes de conversation me revenaient. Les enfants... Une nourrice... Un père... L’accouchement... 
Oh, oui j’avais bien du lui parler de tout ça... Je ne me souviens plus.
Est ce que je lui ai parlé de nous? Quelle misère, pourquoi j’oublie? 
Je suis dans une cage, ici. Il faut que je sorte. Je passais rapidement une robe ample et ces maudites chaussures pour éviter les engelures. Avant de sortir je remettais une grosse buche dans le feu, la tête me tournait encore au moindre effort. Devant ma porte il y avait un plis, tamponné du sceau du vieux notaire de ma mère. Le rendez-vous! Ma demande! J’avais encore oublié. Je passais à la hâte une cape chaude et filais sur Bree. 

Il faisait froid encore, j’aurai du prévoir des gants par ce maudit temps. Le maigre trajet pour Bree en partant des résidences me fatigua ce jour là. Tous ces trajets sur Vices, bien que plus docile et moins cabocharde que Varicelle m’usaient. Je fis une pause à l’Arbre Jaune et repris la route de Bree. Le notaire m’attendait, j’étais en retard. Il semblait content de me voir, en robe. Je lui sourit, j’avais l’impression d’être une gamine devant lui. Cela faisait tellement longtemps qu’il me connaissait. Sur son bureau il avait déposé, devant lui, deux petites liasses de parchemins. 

“Nade, j’ai une bonne nouvelle pour toi et une mauvaise. Je commence par laquelle?”

“La mauvaise.” répondais je.
“Du coté de ton père, tu n’as plus de famille: il était fils unique. Pas de trace de cousins, même éloigné, déclarés en tout cas.
Pour ta mère, c’est différent. Mais la bonne nouvelle, en cache une mauvaise.”

Plutôt qu’un long discours le notaire me tendit la dernière page de la deuxième liasse.

Je lisais la feuille jaunie, couverte d’encre noire. J’en devint blême.

“Maitre, il n’y a rien qui me prouve que j’y ait encore de la famille.”

“C’est le coté négatif de cette nouvelle, mais rien ne prouve le contraire.” me dit il en regardant mon ventre. Puis il ajouta.

“Nade... As tu vu la sage-femme de ta mère?”

Je détachais mon regard des écrits et le fixais d’un air interrogatif. “Non, pourquoi?”

Il me regarda d’un air dépité. “Nade, tu vas accoucher bientôt. Peut être serait il temps que tu saches ce qui risque de t’arriver?”

Je repensais instinctivement à l’accouchement de ma mère... Le temps parut suspendu. Le notaire se leva, et posa sa main sur ma joue. 

“Nade, peut être est il temps pour toi de rentrer dans les rangs. Ton ami n’est plus, et tu n’as pas à le rejoindre... Tu sais que ce n’est pas ce qu’il aurait voulu. Si Colnoir avait voulu te garder auprès de lui il ne t’aurai pas demander de fuir ce jour là. Oublies, ces cinq dernières années, redevient la petite fille prometteuse qui faisait la fierté de ses parents. Occupe toi de l’Hospice à plein temps, élève tes enfants à Bree, reprend contact avec le père... Grandis.”

“Maitre, nous sommes libres de nos choix. Les miens je les assume. Vos paroles sont de raisons, pas moi.”

“Nade, épargne les enfants de tes choix! Vois la Sage-femme! Viens me voir pour leur garantir un avenir en cas de malheur et fais ce que tu voudras ensuite!” Le notaire durcissait le ton comme le faisait ma mère. Je sentis ma tête tourner à nouveau, tout cela me fatiguait. Je devins blanche comme la neige. 

Quand je me réveillais j’étais ailleurs, dans une petite maison au pans de bois. Je reconnus la vieille sage-femme de Bree. Elle me sourit, passa une main dans mes cheveux et posa sa main sur mon ventre.

“Nade, tu dois te reposer maintenant. Arrête de courir en tous sens, ou tu vas les perdre et te perdre.”

Je crois que j’ai dis oui, par réflexe. Qu’avais je d’autre à dire et faire. Depuis trente ans, elle avait mis au monde tant d’enfants, sauvés tant de femme lors d'accouchements difficiles.

“Nade, tu dois t’attendre au pire pour la naissance. Pour toi! As tu choisis un bon médecin?” La vieille sage-femme passait sa main sur mon ventre, tout en me prenant le pouls.

“Oui, Nowanel et Nayeli, si... ils sont là quand ça arrivera.”

La vieille sage-femme esquissa un sourire bref, puis continua.

“Tu perds du sang de temps à autre? Tu as la tête qui tourne? Des douleurs dans le bas ventre?”

J'acquiesçais.

“Les mêmes symptômes que ta mère...
Je vais te donner des consignes pour les médecins. Avec un peu de chance, et si tu prends du repos, tu m'éviteras de t’enterrer après t’avoir fait naitre. 
Choisis les parrains et marraines pour les deux enfants à naitre, on ne sait jamais...
Mais je te conseilles vivement de reprendre les choses en mains, ma petite! 
Si tu veux les élever, restes chez toi!” 

Elle m’aurait mis une claque, que je n’aurait rien dit.

“Tu vas rester ici, jusqu'à ce soir. Plus de cheval, plus de voyage, plus de stress... Tu restes à la maison. 
Quand ils seront là, tu viendras me dire merci. 
Ensuite, mènes ta vie comme bon te sembles...”

La vieille sage, pris sa besace et referma la porte de sa maison derrière elle. Je restais dans son lit, sage, jusqu'à son retour. Elle me fit accompagner chez moi en charrette. Elle resta la nuit près de moi en attendant que le garde de ma maison conduisent Vices et Varicelle auprès d’Eogar. 
Le lendemain matin, elle n’était plus là. Sans doute une urgence. 
Au pied de mon lit elle avait déposé, une vieille harpe fatiguée par les ans avec un petit mot.

‘Nade, prend bien soin de cet vieille harpe. 
Apprends à en jouer rapidement, ce dont je ne doute pas.

Tu pourras bercer tes petits, le soir, en leur jouant de douces mélodies.

Reste à Bree, fait tourner l’Hospice, tu as un but noble. 
Laisses la famille éloignée de ta mère ou elle est.’


Les liens du passé
Nade le Lun 16 Jan - 12:55
Je me réveillais dans la douce chaleur de l'hôpital de l’Ordre. Nayeli m’avait veillé toute la nuit après le concert des flocons. Qu’est ce que je n’aurai pas donné pour claquer cette idiote qui se gaussait de la cornemuse de Rolan. Qu’elle remercie mon état!
Encore ces pertes de sang, au moindre effort. Rien a y faire si ce n’est rester allongée?! Autant m’enterrer tout de suite! Mais bon, quand Rolan à jouer cet air... Ce fut la fête dans ma tête, mais pas dans le corps... Je savais bien que ça irait mal après... Je n’ai pas chercher a vous perdre, mes enfants. Jamais! Je vous porte seule! Je vous donne de la vie pour deux parents, l’autre n’est plus. Il ne sera pas même un souvenir pour vous. Vous n’aurez pas le moindre chagrin en pensant a lui, puisqu’il n’aura jamais existé dans votre coeur.
Nayeli devait me regarder dormir cette nuit là. Je devais lui paraitre bien inconsciente et folle de m’agiter comme cela dans mon état. Les elfes ne dorment pas, ils méditent m’avait on dit. Elle a dut méditer longtemps sur mon cas alors, ou me classer vite fait. Moi je dors, je ne médite pas et entre deux sommeils je brule ma vie.

Quand Nayeli fut rassurée sur mon état elle me laissa partir pour l’Hospice dans la charrette que j’avais prévu pour mon retour. Sur le trajet cahotant des chemins de la comté, je me remémorait les berceuses que me chantait ma mère quand j’étais enfant. Je ne comprenais pas les paroles à l’époque, ni cette langue que je ne croyais pas être la mienne, celle de mes racines... Fussent elles lointaines... 
Mes racines? Qu’en reste t il? Tous ces Hommes qui obéissent à leur clan, leur roi, leur sang? Alimentant le flot de la guerre! Devais je moi aussi rejoindre un camp? 
Non, déjà une confrérie... J’avais déjà accepté d’être une épouse... Je ne peux renoncer à tout. Du rôle d’épouse, je suis libérée. J’avais donné ma liberté pour Mevorik, je l’ai reprise.

Pourquoi le notaire ne voulait il pas que je renoue les liens avec la famille de ma mère? Rien que le fait de me l’interdire, m’avait poussé dans le sens contraire. Et si c’était ce qu’il voulait? Peut être n’avait il pas confiance en mes talents de future maman?
Et pourquoi ai je toujours autant de questions sans réponses?

Non, tout va bien, je suis à l’Hospice maintenant... Ce matin, j’ai reçu mes fers à cautériser pour le tournoi de boxe. Ils serviront aussi sans doute lors de mon accouchement, si je peux être sauvée. J’ai reçu aussi une long paquet venant de l’Enedwaith; enfin c’est ce que m’a dit le coursier que j’avais envoyé là-bas pour essayer de trouver des membres de la famille de ma mère: des ‘Turch’. Au moins en plus des parrains et marraines, les enfants pourront toujours compter sur cette famille là. Et a Bree ça changera des tête de paille et de la tripotée d’ “oreilles pointues”.

Foru, foru, hen blant bach,
Foru, foru, hen blant bach...

C’est amusant comme cela revient... Notre tête nous réserve bien des surprises, ce que l’on croyait éteint revient et brille. Je me souviens de cette berceuse maintenant.
Le paquet de l’Enedwaith était long et lourd, entouré de chiffes hors d’âge et lacées avec du chanvre. Rien n’indiquait sa contenance, ni qui me l’avait envoyé. En élevant la ficelle, je tombais sur un parchemin en westron, mal écrit et couvert de fautes...

Les twrch tenvoi cet vieil épé,
Petit soeur éloigné de Bri.
La garde est le totem famille
Le lame les troi élemen.
Porte au loin la flam pur
De note peuple et plonge
La dan le impur Forgoil demari.

Lug

Ta petit cousin viendra sur Bri
Pour te porté cadeau de enfans
Son nom ai Youric Erk, lui home dé bois

Je sortais la lame encore dans son fourreau de cuir orné d'entrelacs de sa protection de chiffon. Une lame courte, la garde représentait un sanglier sur son train arrière la gueule ouverte et sans doute nasillant à la lune. La caste des hommes de savoir chez les Duns ou le symbole de la combativité. La garde et le pommeau était de bronze patiné, les années avaient altéré certains détails de la bête. Le cuir du pommeau avait été changé, il sentait bon, presque une odeur animale. Sans doute un sanglier. Vu l’épaisseur du cuir, la lanière avait du être découpée dans la partie épaisse de la peau. La lame était ancienne et avait sans doute connu le choc de la bataille. Mais le fil de la lame était toujours intact et tranchant. Le plat de l’épée était orné d'entrelacs et la dépression reprenait la thématique élémentaire. Elle est légère, malgré sa rusticité. Le fourreau de cuir martelé et orné d'entrelacs de différents métaux semi-précieux reprend le thème d’un vieux mythe: le sanglier magique... Rien que les motifs et le travail de recherche en font une pièce enviable. On est bien loin de l’imagerie barbare que véhiculent les “têtes de paille” sur les Duns. 
Comment vais je la nommer? Flamme de notre peuple... La plonger dans le corps de “tête de paille”... Non! Je ne peux pas le tuer... 

Je vais l'appeler “Kilhourz”. 

Elle sera votre héritage mes enfants, le lien entre vous, moi et le passé de votre aïeul Lidi. De votre grand-père vous aurez Bree pour terrain de jeu. Et quand l’âge de voyager vous arrivera, je vous conduirais en Enedwaith. Le chemin sera bouclé et je pourrai m’en aller. Je fis quelques passes d’arme, comme je les avait apprise au sein de l’Ordre. Les mouvements de jambes en moins... La lame tranchait l’air du bureau de l’Hospice. 

Je posais la lame dans son fourreau sur le bureau et descendais faire une sieste dans la salle commune. Les premiers frimas réels avaient apportés leur contingent de sans-abris. La salle était pleine de mendiants et de pauvres hères blottis au coin du feu. Sur le lit dormaient deux enfants blonds auprès de leur mère. Je me collais a eux malgré la crasse et les guenilles. Ils respiraient fort dans la douce chaleur de l’Hospice. Les enfants devaient avoir tout au plus trois ans et la mère guère plus que moi. Elle était seule aussi. Je m’assoupis en chantant.


Mae gen i dipun o du bach tut, o du bach
tut, o du bach tut,
Mae gen i diopun o du bach tut,
A'r gwunt i'r drus bob bore.
Hei di ho, di hei di dei di ho
A'r gwunt i'r drus bob bore.


Derniers jours...
Nade le Jeu 19 Jan - 13:57
Ce matin, sur le perron de l’Hospice je regarde les gouttes de pluie qui ruissellent du toit. La température est douce: une accalmie dans la chienlit de l’hivers. Les gouttelettes s’accrochent désespérément aux dernières tuiles avant de tomber sur le sol détrempé et couvert de boues. Une dernière tentative désespérée, pour elles, de capter la lumière matinale et de rester pures avant de se mêler a la terre. Les premiers rayons du soleil diffractent le faisceau blanc du disque solaire en un arc en ciel irisé à la surface des gouttelettes. Les petites gouttes sont comme moi: mon état attire l’attention, quand je serai mère, je serai a nouveau dans la boue, le maelström humain sans saveur des gens communs. Sauf que moi je ne m’accroche pas à mon état. Je profite de ces derniers moments suspendus au firmament de l’humanité. Pourtant je suis loin d’être aussi pure que les gouttelettes... L’envie me tiraille, les promesses s'effacent. Si je ne lutte pas, je sombre. Je n’ai pas raison, pas de raison. Pourquoi suis je si tenté? Les premiers Breeards sortent de leurs maisons pour se rendre a leur travail. Certains commencent a être des familiers. Il y a bien longtemps que je n’ai vu un seul Poux me rendre visite. Ce temps là lui aussi est révolu.

Nayeli est là, a mes cotés, à l’Hospice, revenue de Falathorn avec son amie Araniel. Elle passe ses nuits à me surveiller et m’aider, sans ne lui avoir rien demandé.
Les journées à l’Hospice sont chargées, le froid, les maladies, l’absence d’abri pour les plus pauvres les conduisent ici. Parfois je m’assoupi dans un lit, blottie contre un enfant, un vieillard, un malade. Le soir je travaille mon luth; sans saveur; les morceaux de musique filent entre mes doigts, je le désaccorde souvent pour chercher de nouvelles sonorités, histoire de rompre la monotonie... J’ai brulé une grande partie des partitions que l’on m’avait donné les jouant sans soucis. C’est juste une question de mémorisation, mes doigts font le restent. J’ai besoin de nouveautés. J’ai délaissé quelque peu le biniou, l’instrument implique un groupe et pour l’instant, je suis seule. Les berceuses que me chantaient ma mère sont toutes entre mes doigts et les paroles me sont revenues peu a peu. La harpe est un instrument plus facile que le luth, mais il est plus doux pour les berceuses. Parfois en attendant de les chanter a mes enfants je m’assieds près du feu de la salle principale de l’Hospice et les chantent pour les enfants que nous recueillons. Les petits écoutent sans comprendre le sens des mots de cette langue ancienne, ils se laissent porter par leur mélodie, quand leurs parents vous fusillent du regard ne comprenant pas. Trenghi! J’attend toujours la visite de ce parent éloigné qui doit me relier à cette famille distante. Que dois je en faire? Tout cela me semble si loin de moi.

J’ai modifié les fers à cautériser pour qu’il soit plus vite en température et plus fin pour les petites plaies. Je ne sais si c’est mon état mais ils me semblaient lourds. Peut être dureront ils moins longtemps, mais au moins j’aurai moins d'appréhension a les utiliser.
J’ai remis au propre les notes de notre vieux médecin Nowanel, en essayant de rassembler ces témoignages par catégories. Cela m’a encore appris énormément sur la médecine et la chirurgie. Reste le domaine des folies que je ne comprends guère,mais peut être est ce un refus de ma part. Un philosophe ne disait il pas que la folie rejoignait le génie. Suis je un génie? Non, folle sans doute... Auto-destructrice comme me le disaient souvent les Albatros. Nutrof m’a encore fait parvenir des tonneaux de bières de sa fabrication. Il est dommage qu’il ne rentre pas chez nous à la “Cervoise”. Ses talents sont avérés. Il m’a aussi fait parvenir des sachets de thé rouge et des pots de confitures. Il passe plus de temps aux fourneaux de Grand-Cave que chez lui. Les peaux que m’a donné Minerion, sont de très bonne qualité et se travaillent facilement. J’aurai sans doute de grande facilité a me refaire un petit équipement de démarrage pour mes activités futures. J’ai fait rapatrier Varicelle des Champs aux Chevaux ainsi que Vices qui broute maintenant dans le jardin de la maison. Biquette me donnera du lait pour les petits si je viens a en manquer. Il me faut encore trouver une nourrice au cas ou... Une parturiente sur deux meurt a l’accouchement, si j’en ai réellement deux ça me laisse peur de chance... Profitons, des peut être derniers jours...

Rolan m’inquiète, son histoire avec Ethlin le ‘chagrine’. Se fait il des idées? Je ne sais pas. Toujours est il que dans ma tête, ça ne colle pas. Le savoir avec une autre me donnait une bonne occasion de renvoyer l’appel du ventre aux oubliettes. La tentation est grande... C’est une lutte de tout les instants, mais c’est aussi une façon de me grandir que de refuser de céder a mes pulsions. Serais ce le début de la raison ou de la sagesse? (grosse tache d’encre d’un long temps d'arrêt). Non, pas possible. Pas la sagesse, c’est un concept pour les elfes, une idée pour les vieux, un but de cadavre. Atteindre l’équilibre c’est mettre un pied dans la tombe. Restons dans l'excès et le déséquilibre permanent. Mais la beauté de leur union fait que je ne serai pas le pied-de-biche, qui fera sauter leur engagement réciproque. Pieds-de-Biche, vivement la fin de l’hivers que je quitte ces maudites chaussures qui me blessent les pieds. Tiens si je meurs, il faudra que je précise qu’on me mette en terre sans chaussures, on ne sait jamais si je me relève? Que suis je bête...

Le jour de l’accouchement je garderai un lame près de moi au cas ou la “tête de paille” viendrai m’ennuyer. Je trouverai bien la force de lui en donner un bon coup dans le ventre si jamais il tentait quelque chose. Il ne manquerai plus qu’il me les enlève après les avoir portés si longtemps. Enfin, c’est le temps normal... Ni plus, ni moins. Nowanel et Nayeli ne seront sans doute pas d’accord, mais je ne me laisserai pas faire. Ce soir Nayeli veut que l’on fasse des exercices respiratoires, moi je préférerai faire d’autres exercices mais bon, c’est elle le médecin... Elle doit me sentir un peu stressée ou quelque chose dans ce genre là.


La veille
Nade le Sam 21 Jan - 20:28
Les jours se suivent et ne se ressemblent pas...

Dans le jardin de la maison, biquette broute tranquillement l’herbe. Le tintement de sa cloche rappelle sa présence. Varicelle, renâcle aussi devant la porte depuis ce matin. 
Elle a arraché le piquet auquel le palefrenier d'Eogar l’avait attaché quand Vices tourne sage autour du piquet.
Par moment je vois le gros nez de Varicelle poindre à la fenêtre, soufflant sur la carreau de verre dépoli et brouillant le paysage à chaque souffle. Elle vient chercher sa maitresse: sacrée cabocharde à me tenter pour une promenade. J’ai déjà bravé l’interdit de Nayeli en rentrant chez moi, alors une promenade, n’en parlons pas. Je serai bonne a accoucher avec les cochons si elle me savait sur ma jument.

Mevorik est réapparu...
Que dire? 
Le loup est dans la bergerie? 
Mais qui est le loup?
Est ce un loup ou un goupil?
Son visage se pare d’un nouveau trophée, une belle cicatrice lui orne sa joue jusqu'à la commissure des lèvres. 
Il dort encore, la maison est chaude. Il y fait bon... 
Bon y vivre? 
Le mur du bureau est orné de parchemins, comportant les noms des enfants, quatre... parmi des dizaines... Deux de chaque, mais c’est la logique même... 

Varicelle cogne encore à la fenêtre, elle hennit... Elle me fait sourire, cette brave jument. J’aime sa robe pie, le noir et le blanc qui dansent sur ses flancs jusqu’aux canons. Pas la moindre once de gris, comme mon esprit... Pas de mesure: ou blanc ou noir.

Je laisse la plume pour la retrouver, elle m’évite par jeux, me montrant sa croupe marbrée, des coups de griffes de la ouargue du Dernier Pont. 
A chaque approche elle s’écarte. 
Je paye, l’éloignement! 
Elle a raison. J’en ferai de même. Et encore, ai je fait payer Mevorik? 
Je la suis, elle n’ira pas loin. Je le sais. Elle tourne dans le jardin, puis se fige. Elle renâcle, un frisson lui parcourant l’épine dorsale, jusqu'à la queue. Elle dodeline de la tête de droite à gauche en se rapprochant et colle son museau sur mon ventre rebondi. Ses oreilles s’agitent, elle souffle sur mon ventre l’air chaud de ses poumons. L’instinct animal... Du plat de la main, je lui caresse le chanfrein jusqu’aux oreilles, ses oreilles s’agitent.

“Bientôt, ma belle...
Bientôt nous reprendrons la route...”

Elle lève sa tête, brusquement en reculant. Elle hennit violemment et repart à l’opposé de moi. 

“Bien, ma belle. Au moins ton message est clair.
J’attendrai, un peu avant de partir...

Un peu..

Ca me parait déjà si loin.”

L’avantage d’un animal; il ne triche pas. Il ne se ment pas. 
Je prends une leçon par une bête... L’instinct...

Je rentre, dans la maison, Mevorik dort toujours. Je sens un petit filet de sang perlé le long de ma cuisse. Un rappel à l’ordre de Dame Nature. Je l’ai cherché, j’aurai du m’abstenir hier, mais quatre mois cela fait si long. J’avais besoin... Je fus la cavalière, et la bête semblait bien dressée. Oh, oh ma plume m’échappe et je m’égare… Ne suis je pas cavalière?
Le plaisir n’engage à rien... Je ne m’engage dans rien… Rien en gage? De Mevorik, je l’ai.

Mon coeur ne bat plus.
C’est juste une machine, comme un soufflet de forge, qui pulse dans mon corps le sang. 
Comme le battement d’un tambour dans la lande... 
Comme une marche… 
Il bat machinalement. 

Je n’ai plus les gestes d’affection, tout s’est effacé. 

Je ne pense plus qu’a ceux qui vont naitre...

J’ai un trou dans la poitrine.
Je suis devenue froide comme l’hivers.

J’ai repris une bonne habitude, glisser ma lame sous la gorge d’autrui… Est ce une bonne habitude? Moi qui la décrie!
Le premier fut Valderion: elfe, imbu de lui même, borné, gamin de plus de mille ans. 
Qu’a t il besoin de rabaisser Mevorik? Valderion est puéril, moi même je ne jette pas la pierre a Mevorik… Et je suis la première concernée! Ai je pardonné?

La pointe de son épée, a mordu sa chair, mon bras ne plie pas...
J’ai continué d’avancer tant qu’il ne pliait pas à ma requête. 
La pointe est allée un peu plus loin... Dans la chair molle de son cou...

Sans trembler, “Ladgris” a mordu encore plus son maitre, tenue par une main déterminée...

L’elfe doit apprendre... Ce fut sa première leçon...
S’il recommence, ça sera sa dernière... Ou ma dernière...

Il a plié, j’ai lâché sa lame sans ménagement… Sa lame elfique...
Il en aurait presque pleuré!
“Ladgris” est tombé sur le sol émettant un bruit de vulgaire ferraille heurtant le sol.
Il est parti, sans la reprendre. Sans doute l’ai je souillée... L’idée me plait, je la garde.

Je n’ai rien dit. J’ai regardé le feu dans la grande salle de l’Hospice, les flammes crépitaient, les escarbilles s’élevant comme des lucioles folles droit dans le conduit. Le crépitement du châtaignier qui disparait lentement dans un tourbillon de flamme.

Il a déversé son fiel… A t’il perdu la face? Ah, l’honneur? Ce pourquoi Hommes et Elfes se battent! On se bat toujours pour ce que l’on ne possède pas.

Alors je suis retourné à mon Luth et à la harpe, tard dans la nuit. Mes berceuses d’enfance… Lidi, comme je regrette! Une part de moi est encore muette. Lug, ou est ton émissaire?

Je ne veux pas dormir.
Le temps m’est peut être compté... 
Mais pourtant je tombe de sommeil…
Les berceuses font effet sur moi, comme un charme primitif...


Mae gen i du cusurus
A melin newud sbon
A thair o wartheg brithion 
Un pori ar u fron.

Weli di, weli di, Dievlig fach 
Weli di, Dievlig annwul...


Cousin à la mode de Bretagne.... pardon Dunland!
Nade le Mar 24 Jan - 18:27
Mère, je suis mère! 
Mon bas ventre me tiraille, sans doute que mes muscles distendus et ma peau se resserrent. La cicatrisation aussi doit avoir lieu... Autant Cyrion est passé comme une lettre de la Poste Rapide, autant Dievlig a marqué sa différence en compliquant la tache de Nayeli et Nowanel.
Les deux petits dorment encore et le père aussi. Les cheminées de l’Hospice sont encore allumées. Mevorik a du veiller comme je lui avait demandé. Nayeli est déjà réveillée et prépare une collation pour les malades et nous.

Quand dort elle? Jamais, elle veille, médite... Je ne la vois jamais dormir. Cette nuit régulièrement j’ai entendu les petits m'appeler pour la tétée. Parfois Mevorik me secouait pour me sortir du sommeil. Il est là, assure son travail de père.

Brenin Cyrion, petit blond aux yeux d’azur, sa main s’agrippe à mon petit doigt pour me garder encore un peu après la tétée. Son visage est si doux, et il serre si fort mon doigt. Premier né, ta place est devant, tu ouvres la voie. Sa peau mate fait ressortir ses yeux et ses cheveux de paille. Sans doute l’héritage de ma mère. La petite brune a au moins transmis une chose a ses petits enfants. Cyrion semble si simple à comprendre. J’ai faim je crie, je n’ai plus faim, je dors. Je veux un câlin, je m'agrippe aux doigts de maman... Hylanor et Isaline auront un filleul bien sage...

Dievlig, attend son tour si calme. Je vois ses petits bras qui s’agitent en l’air sans bruit. Elle ne pleure pas. Elle est si menue par rapport à son frère. Ses cheveux carottes tranche avec la pâleur des cheveux de son frère et ses yeux verts comme l’herbe grasse vous plongent dans une bise fraiche de printemps. Elle cherche le sein, le tète, le délaisse, y revient... Elle joue avec ma patience... Après avoir voulu sortir les fesses en avant la voilà qui essaye de me faire tourner en bourrique. Elle porte bien son nom: Dievlig. Elle nous promet de joyeuses années. Rolan et Hiragil pour parrain et marraine, ils devraient bien s’amuser...

Je ne me souviens guère de la fin de l’accouchement. Je devais être encore une fois ailleurs. Peut être ai je perdu connaissance? Nayeli en face de moi. Nowanel était à ma gauche. J'écrasais la main de Mevorik, se tenant à ma droite, à chaque contraction, sans qu’il ne dise mot. Et Hiragil au dessus de moi, comme un ange gardien... Isaline avait Cyrion dans les bras, et peut être aussi Dievlig. 

Ce matin un homme est venu frappé a la porte de l’hospice. Je me souviens de ces premiers mots:

“Bore Da, Nade.
Sut duch chi?”

Il tenait sous son bras des rouleaux d’étoffes de laine. Des tartans bruns et vert foncé barrés d’un liseré rouge. Son haubert rapiécé, ses manchettes de cuirs hors d'âge attestait d’année d’errance a l’écart de toute civilisation. Une lourde cape de peaux de sanglier lui tombais des épaules, usée et délavées par les intempérie. Sa peau matte et cette vieille langue me donnait déjà sa provenance. En bandoulière, il avait glissé une arbalète rustique, une hachette pendait sur sa hanche droite et une épée courte sur la gauche. Les armes étaient usée par les ans et l'arbalète avait sans doute été maintes fois réparée. 

L’envoyé de Lug: Youric, l’homme des bois.

Je risquais une réplique en dunael...

“Da, Diolch. Youric.”

L’homme sourit. 

“Toi avoir progrès à faire, moi rester un peu a Bri. 
Ici, vie calme. Pas la guerre. 
Et moi voir petits, petits, petits, petits cousins toi faire. “

Il mimait un geste de rapetissement avec ses doigts en souriant.

Rentre, mais dépose tes armes à l’entrée. L’Hospice est un lieu de paix.

“Le forgoil être avec toi? Ou toi le tuer?”

“Il est revenu pour ses enfants et pour moi, je ne vais pas le tuer!
Son repentir semble sincère... Mais je ne me lierai pas avec lui, plus maintenant”

Youric regardait la grande salle de l’Hospice et les lits encombrés de malades et de miséreux. Ses yeux s’attardaient sur les enfants et les éclopés.

“Moi pas vouloir ça pour Dunlendings, moi partir.”

Je lui montraient mes enfants; ses petits petits petits petits cousins. 
Les berceaux étaient toujours dans la salle de chirurgie que nous avions reconverti en salle d’accouchement. 
Il sourit en voyant leurs cheveux clairs et esquissa un large sourire en voyant la peau matte de Cyrion. 

“Vous avoir fait beaux enfants, et toi chance être encore en vie...
Toi les garder loin de guerre ici. 
Quand eux grand et guerre finie, eux venir Dunland.”

Je lui donnais la clé de la maison, de ma maison. Après tout, il était de la famille. Un cousin à la mode du Dunland! 

“Moi jamais dormir maison, moi déposé peaux et babioles pour toi. Bois si tu veux, pour cheminée.”

“Je t’apprendrais un peu le westron en retour, Youric. Et tu m’apprendras les rudiments de votre culture et de votre langue.”

L’homme des bois sourit et tourna les talons. Mevorik allait bientôt rentrer, il valait mieux qu’ils ne se croisent pas.

La preuve!
Nade le Jeu 26 Jan - 18:05

Bree, un mois que je n’y avais mis les pieds. 
Je ne filais pas à l’auberge... 
Pas le temps... Juste le temps de faire quelques achats

Mevorik se promenait avec Dievlig dans les rues de Bree. Il venait de croiser Hiragil et son elfe toujours encapuchonnée: Sharilaa. Elle a honte de ses oreilles? 
La conversation me passa bien au dessus de la tête: 
Devant la fontaine, un pauvre homme était allongé. Son chien couché près de lui. 
Dans ce froid, et pas une âme à venir lui prêter main forte. J’en aurai presque vomit mon dégout. Je lui tendit quelques pièces.
L’Hospice, devait être son lieu de refuge. Je lui donnait l’adresse. L’homme ne se fit pas prier. Bien m’en a prit! Ce pauvre bougre fut herboriste et maintenant il trainait la rue...
Comment peut on laisser mourir un Homme de savoir en pleine rue? Je me souvenais mes premières ouailles recrutées au début des Poux. Jahe, la petite mendiante n’avait l’air guère mieux. 
L’heure de la tétée approchant, je fis presser le pas à Mevorik. Le personnel de l’Hospice n’avait pas à gérer nos enfants en permanence. Il avait bien d’autre choses a faire.
Nous rejoignions au pas l’Hospice et je dessellais Wendigo, mon pur sang Harrad à la robe doré quand le mendiant Yarlon se présenta devant la porte. Il avait du courir pour rejoindre l’Hospice. A son âge et par ce temps c’était pure folie. Je le fis rentrer avec nous à l’Hospice. Je lui présentais succinctement la bâtisse avant de donner le sein aux enfants. Ils nous regardaient faire nos changes et les coucher avec un sourire béat comme si ces petites choses de la vie n’avaient plus court en ce monde. Yarlon pensait que l’Hospice était ma propriété, cela me fait tellement rire. Cette tendance des hommes a vouloir tout posséder. L’Hospice est a Bree. Je suis juste, avec quelques uns qui m’écoutent encore l‘initiatrice du projet. L’Hospice n’est pas à moi.

Avant de lui souhaiter une bonne nuit à l’hospice, nous discutions un peu de tout et de rien, une conversation banale et pourtant si naturelle. Mevorik et moi dormions dans la salle de chirurgie. Le lendemain je fis déplacer le lit à sa place dans la grande pièce principale et remettre la table opératoire. Il était temps de retourner à la maison.

Youric passait régulièrement à l’Hospice ou à la maison. Il me ramenait souvent des peaux, et du bois sec. Des petites attentions, pas grand chose, mais il resserrait les liens.
Je lui apprenait le westron et lui me parlait de son peuple dans sa langue. Il me faisait dialoguer en dunael avec lui. 

Leur vie était simple, sans désirs particuliers. Il vivait d’élevage, des moutons pour la laine et des porcs pour la viande. Leurs porcs ressemblent a des sangliers, presque aussi sauvage.
Il a été banni de son clan à cause de ses positions vis a vis des forgoils. Il n’a aucune rancune contre les siens. Il laisse derrière lui une femme et trois enfants. Parfois il les revoit quand il retourne donner des informations sur le monde aux siens. Il erre, vivant de ses cueillettes et de son travail de chasse, d'abattage de bois...

Il a cette force tranquille, qu’avait mon père, des hommes qui s’accommodent d’un rien. Je ne sais même pas ou il dort en ce moment, il ne veut pas me le dire. Sans doute a t’il peur d’être ennuyé par les forgoils du coin. Il fabrique des jouets en châtaigniers pour les enfants, des petits animaux. Chaque animal a une signification pour les duns. Chaque animal possède une légende. Chaque animal représente un membre du clan. Chacun y a sa place du plus fort au plus défavorisé, même le fou! 
Evidemment il a commencé par le sanglier pour Cyrion. La combativité, le pouvoir spirituel, pour un homme, quoi de plus normal. Je n’ai jamais vu mon père plier, je ne veux jamais voir Cyrion plier. 

Pour Dievlig, une belette: il esquissa un sourire en me tendant le petit objet pour la petite et prononça en dunael.

“Je pense qu’il est encore un peu tôt pour le dire.”

Elle a déjà un esprit retord, parfois elle m’agace a se jouer de moi. Le pire c’est que je suis devenue comme cela. Pourvu qu’elle change avec le temps. Pourvu... Non, rien: elle fera comme bon lui semble. Pourquoi influer sur sa vie? De quel droit le ferais je?

Youric regardait Kilhourz posée sur mes genoux.

“C’est une épée de femme, Nade...
Bien que chez nous les femmes ne portent pas les armes à la guerre. 

Les femmes Duns sont le coeur du clan, comme tu es le coeur du tien.

Les duns sont bien une société matriarcale, alors. Au moins les récits sont vrais sur ce point. Mais des barbares? En dehors d’une rancune tenace qui les poussent contre les forgoils, ou est la barbarie? 

“Si je suis le coeur de mon clan... Suis je alors des vôtres?”

Youric se mit à rire d’un air moqueur.

“Pourquoi veux tu faire partie des nôtres?”

“Je ne sais pas: peut être ai je besoin d’une famille, ou d’embrasser une cause.”

Youric rit de plus belle.

“On n’embrasse que sa femme ou son mari...
Toutes les causes en ce bas monde sentent mauvais de la bouche!”

Il entailla sa tabatière, laissant perler le sang sur le sol.

“Regarde ceci...”

Il appliqua la lame sur le dos de ma main et fit la même entaille. Le sang perla de même.

“Es tu si différente de moi? Tu peux être autant Dun que je le suis. Ton appartenance est dans ton coeur. Ta mère t’a juste donner une clé.
Bree, regorgent de descendant des premiers dunlending, les générations ont dilués l’héritage mais certains ont presque les mêmes traits que ceux qui sont restés sur place.
Toi, tu es bien différente, ta peau claire, tes cheveux châtaignes, et tes yeux d’opales viennent sans doute de ton père mais ton coeur est ouvert sur cet héritage”.

“Alors je suis Dun? “

“Peut-être, a toi de le prouver, de le montrer...”

Youric se leva, portant sa main à sa bouche pour en éponger le sang. Il me gratta les cheveux comme on le fait a une gamine.

A son tour, il s’essaya au westron, le cours de langue touchait a sa fin.

“A bientôt, Nade” laissant trainer le “e”

“Wela i chi, Youric” en raclant le “ch”

Le soleil grimpait péniblement dans le ciel, ce matin là. Le ciel était dégagé et d’un bleu royal comme un ciel d’été. Pas un oiseau, pas un animal sauvage sur la route. La campagne de Bree était paisible. Je fis une halte au petit cimetière de Bree.

“Bore Da, maru.
Dievlig Nade rejoins Sarnur.
Veillez sur moi...”

Je m’accroupis quelques instants passant une dernière fois la pierre a aiguiser sur Kilhourz. Wendigo, le pur sang Harrad broutait, calme. Varicelle refusait toujours que je la monte et me fuyais. Elle tournait en rond dans le jardin. Elle attendait sa maitresse.

“Dinn, dinn, daon, dann emgann! Dannn emgann!
Oh! Dinn, dinn, daon, Dann emgann eann!”


Sarnur

Nade le Sam 28 Jan - 10:01
Sarnur!

Anderlas, Hiragil et Karakbeer attendaient en bas du grand escalier.
J’étais en retard... Mevorik m’avait retenu quelques peu dans mes préparatifs.
L’heure était au choix pour Nade. 

Pourquoi doit on toujours choisir?

Cela faisait bien, huit mois que je n’avais pas mis les pieds en territoire “hostile”. Peut être était ce le moyen donc Youric m’avait parlé pour faire mes preuves. Pour cette première remise en jambes, je n’étais pas seule. 

J'exhortais mes dernières appréhension en aiguisant une dernière fois Kilhourz. Si je continuais comme ça, bientôt, je n’aurai plus que la garde! 

Quand Calla nous rejoignit ce fut le signe du départ. Enfin, l’adrénaline revenait, mon coeur se mit a battre plus fort. Instinctivement je recherchais les ombres dès l’entrée. Les automatismes revenaient, un a un. Au moment de frapper, j’eus cette pointe d’appréhension à revenir. L’épée! Serais je aussi efficace avec une épée plus longue que mes dagues. L’Ordre m’avait bien un peu formé au maniement de l’épée, mais j’avais du arrêter au troisième mois de ma grossesse.

Le Poing Bourru était de dos, je ne pouvais glisser la lame sous sa gorge, il l’aurait vu: bien trop longue. Rapidement je cherchais la faille dans ses protections... Les aisselles! 
Profitant d’un moment d'inattention ou il relâchait sa prise sur son gourdin, se grattant la barbe, je frappais de la pointe de Kilhourz d’une main ferme de son aisselle vers la base du cou. La lame transperça les chairs sans résistance traversant le corps jusqu'à l’accroche claviculaire sous sa glotte. Je sentis le sang gicler sur mon gant azur. Le nain n’eut guère le temps de pousser un cri, de ma main gauche je frappais son épaule gauche dans sa descente à mes pieds. Il s'effondra sur le sol, Kilhourz se dégageant de son étreinte mortelle. Le sang s’était incrusté dans les entrelacs de la dépression de la lame les faisant ressortir dans la faible lumière des lieux.

“Trenghi!” Crève, aurais je dit il y a quelques mois. 

Mes compagnons filaient déjà devant moi. Je rejoignis à nouveau les ombres... 
Dievlig Nade, oui maman: dievlig Nade. Le seul choix de ma vie: les ombres.

La surprise, le croc-en-jambe, la raillerie, tous ces moments d’excitation étaient là. Je n’étais toujours pas plus efficace de mes lames, quoique... Un à un les Poing-bourrus tombaient sous nos coups. Je ne prêtais même pas attention au contenu de leurs bourses, ni de leurs sacs au départ, le plaisir était tellement ailleurs. Est ce malsain?

Nous descendions de plus en plus bas dans les entrailles de Sarnur. En son coeur se terraient une troupe de Trolls et un dragon. Quelle bête magnifique! Ses grands ailes membraneuses battaient l’air humide de la caverne, de sa gueule il crachait des flammes. Les esquiver fut un jeu d’enfant tant la bête était lourde. Dans mon ivresse, dans cette folie meurtrière j’entendais à peine les consignes de notre chef... 

“Nade, le Troll!” Karakbeer devait s’égosiller.

Ah, oui le Troll... Derrière le Dragon. Il paraissait si petit et inoffensif. Je frappais sans savoir qui se tenait à coté de moi. Kilhourz frappait sans relâche, mon bras lui imprimait un rythme machinal, la lame ne chantait pas, elle hurlait, sifflait, glissait parfois contre sa soeur dans ma main gauche en une plainte stridente vrillant les oreilles. Le troll fini par succomber.
Le dragon était toujours debout, soufflant ses flammes de droite à gauche essayant de s'abriter derrière un rempart de flammes. Les Erudits l’encerclaient, et moi je tournais autour, je crois que je n’avais plus assez d’énergie ou de volonté pour le frapper encore. La bête perdait petit à petit pieds. Son corps gigantesque bientôt s’écrasa sur le sol...
Une des griffes de ses ailes membraneuses en retombant sur le sol m’entailla le bras. Le sang commença à perler sous le brassard de cuir.

Sarnur est a nouveau libre des tyranniques Poing-Bourrus et de leurs minions. Le calme était revenu, sans doute quelques égarés trainaient encore dans des endroits oubliés par notre expédition, mais le principal était fait. Les Erudits remontèrent ensemble jusqu'à la sortie et j’en profitais pour panser ma blessure et m’accorder un temps de repos, un temps pour choisir. J’allais remonter seule, profitant des ombres et évitant les derniers occupants de Sarnur. 
Ma petite trousse de soins de l’hospice fit encore des merveilles. Je nettoyais la plaie avec un linge propre et une eau de vie. L’entaille n’était pas profonde mais mon brassard était fichu. J’appliquais un peu de baume analgésique à base d’extraits de girofle, de camomille et d’agonit sur les bords de la blessure et à l’aide d’une aiguille chauffée au préalable refermait la plaie avec un fil de soie. La pharmacie de Nowanel et de Yarlon apportait un plus à cette étape. Quand la blessure commença à me tirailler, à nouveau je repris le chemin de la sortie. 

J’avais enfin fait mon choix. 
Je savais quoi dire à Mevorik.

L’obscurité du lieu me facilita la tache pour mon retour à la surface. Je ne croisais que quelques poings-bourrus et deux trolls, mais seule je préférerai passer outre.

A l’entrée de Sarnur la lumière des torches des poings-bourrus ne me facilita pas la tache. Mais par chance je ne fus pas seule. Une “oreilles pointues” filait bon train devant moi, elle avait à ses trousses quatre poings-bourrus décidés a lui raccourcir les oreilles. 

“Trenghi! Trenghi Corrach! Crevez, chiens!”

Je dégainais Kilhourz et sautais dans le dos de ces traitres nains. Le premier tomba à la renverse poussé par ma charge alors que l’elfe en se retournant assenait un coup de bâton sur le crâne épais de son poursuivant le plus proche. Deux sonnés, le combat reprenait un semblant d’égalité. La grâce elfique alliée à la furie humaine scella le tombeau des nains.

L’elfe me fit une révérence, se présenta, échangea quelques politesses avec moi et parti rejoindre ses compagnons en me souhaitant bonne route.

Mon cheval doré attendait devant la porte de Sarnur, bien sage. Il ne donnait même pas l’impression d’avoir bougé. Je remontais calmement sur la superbe bête. Marchant au pas à travers la comté... Kilhourz battait le long du haut de ma cuisse et sur le flanc de l’étalon Harrad. Un cliquetis métallique suivi d’un choc sourd rythmait le retour vers Bree. Plus de froid, plus d’hivers dans mon coeur, le voici encore libre se remplissant d’autres horizons... Dievlig Nade... 

Le retour se fit en chanson:

“Enn henchou, e-berr a welour
O redeg ar goad evel dour,

Muioc'h a dammou goaf, e sklent,
Eged skoultrou goude barr-went;

Ha muioc'h a bennou-maro,
Eged e karneloui ar vro.

Dinn, dinn, daon ! dann emgann ! dann emgann !
Oh ! Dinn, dinn, daon ! dann emgann a eann !”

Un très long voyage m’attend... 

“Dievlig Nade maru!
Darc’h ato, darc’h mad, dao war’nhe!
Mordenlame!”

Via, miches, lins...
Nade le Jeu 2 Fév - 9:45
Sur le bureau s’entassait courriers et cartes. Je les parcourrais de long en large à chaque instant de repos à la maison. Deux piles qui finalement ne devait en faire qu’une. Comment allier les deux? Divios et Bekenoul m’avaient invité a les aider en Moria, et je me devais de faire le voyage au Dunland. Je devais savoir d’ou venaient ma grand-mère, pourquoi elle avait quitté le dunland. Je suis petit fille de Dun. Ma mère m’avait tellement chanté de chansons pour me faire dormir en dunael... Dun par la mère, breearde par mon père... 

Que savait on au final sur les dunlending?

Rien.

Tout le monde peut discourir sur les ‘oreilles pointues’, les dunedains, les arrivistes gondoriens ou rohanais, mais rien sur les autres. Des barbares, des primitifs, tout juste bon à servir des intérêts ponctuels. 

Mais ou sont les barbares finalement?

Qu’est ce qui se cache derrière les bannières et les oriflammes?

Les hommes crèvent pour quelle raison?

Mon corset de cuir est terminé, j’ai retrouvé ma taille de guêpe. Et mes dards sont plus longs. Jour après jour, je prend confiance avec eux. Mon corsaire de cuir avance bien, j’ai trouvé par un ami du Forochel des lanières de cuir solide ne déchirant pas les passants des jambières. L’hivers est encore là et je suis contrainte à porter ses maudites chaussures qui claquent sur le sol et m'empêchent de faire communion avec la terre. J’ai besoin de la sentir sous mes pieds. Le cuir glisse sur la roche humide, glisse sur les ardoises, glisse sur l’herbe, pas la peau. J’ai raccommodé mes gants azur. Ils sont si vieux, presque deux ans. Une éternité pour moi! J’ai supprimé les épaulières de mon corset afin d’assurer plus d’aisance à mes mouvements d’épaules. De toute façon, si un Dunlending me frappe je serai sans doute morte dès le premier coup. C’est le risque, je l’assume. Et puis peut être que la cape que m’a donné Youric me servira.

La fin de l’hivers, pourvu qu’il ne tarde plus...

En attendant j’ai mes enfants. Dievlig, Cyrion, si différents et pourtant frère et soeur. Mes enfants, la musique, les amis, les amies, Mevorik quand il ne bat pas la campagne... Et l’Hospice. J’ai re-croisé Yarlon en ville, il est venu danser avec nous un peu au Poney. Il ne faut pas grand chose pour rendre les gens heureux: enfin les gens simples, qui ne cherchent pas à décrocher la lune.

Hira est revenue du Forochel, elle a voulut voir sa filleule e jouer un peu de musique... Elle aurait sans doute attendu plus mais les aléas des visites... Perturbent parfois les plans que l’on trace.
Ma porte a toujours été ouverte aux amis, a toute heure du jour ou de la nuit. On frappe, et on entre. Il faut juste claquer la porte en partant... Ainsi je sais qui est encore là. Rolan m’a fait un beau cadeau, une jolie robe de satin brodée... Elle a cependant un peu trop tendance a mettre en avant mes appâts! Mais cela ne me dérange guère, cela aura au moins le mérite de provoquer l’envie et la frustration chez certains...

Dievlig Nade... Maur Nade! 
Croesco Mordenlame.

L’envie... Je l’ai! Ce matin, je me suis levée tôt. Sans doute, l’instinct maternel... Mais les petits dorment. J’ai passé la lourde robe de brocard elfique chaude et peu engageante. La séduction chez les elfes doit être dans l’attente et la réflexion.

J’ai refait le plein d’épices pour le vin chaud. Le garde est là, à nouveau devant la maison, fidèle à son poste. La nourrice est revenue ce matin, avec les bras chargé de viennoiserie, des restes des fêtes de Yule. Varicelle, souffle l’air de ses poumons sur le verre dépoli des fenêtres de la salle à manger. Je vais sortir la voir. Elle ne me refuse plus de l’approcher. Peut être voudra t’elle enfin que je la monte. Cette nuit le froid a envahit la maison, j’ai pris les deux enfants avec moi dans le lit. Je vais passer les prochains jours a l’Hospice, le flux de sans abris devait être important. Je ne peux pas rester les bras croiser à la maison. Les enfants apporteront un peu de réconfort à ceux qui n’on plus rien. 

Dievlig gaeaf, gaeaf edruch un debug maur!

Maudit hivers, étendant ton linceul de mort! Tu ne m’enlèveras pas mes enfants.

Enervée?
Nade le Lun 6 Fév - 12:42
Trop libre?

Pourquoi, les hommes et les femmes veulent toujours mettre les autres en cage?
Que voulait il, un contrat d’exclusivité sur mon postérieur?
Un certificat de bonne moralité, de bonne conduite, une garantie a vie?

C’est impossible, je ne suis pas un cadavre! Même les morts en pourrissant échappent à leur contrat. Quoique certains par leur trop grande liberté ont hérité de l’éternité en punition! Peut être une solution d’avenir? A creuser! C’est le terme exact: à creuser!

Enfin, cette soirée aura au moins eut le mérite de me donner de nouveaux compagnons pour rejoindre la Moria! Et qui sait avec le temps, peut être que ma sape aura raison des défenses morales les plus efficaces. Avec le temps... Une semaine tout au plus... Ma patience à des limites... Minerion tombera peut être.

Enfin, tout cela m’avait bien échaudée, malgré sa vitesse et la galopade sur mon étalon Harad, le feu brulait toujours. Fallait le sortir! La couche était froide, la lame serait chaude et luisante dans l’obscurité!

Ost Baranor, quoi de mieux!? Sur la route de la maison. Un repère de brigands. Bien sur, j’eus quelques regrets a les chasser, après tout que font ils de plus que les autres? Wendigo avait le pas léger à l’approche du vieux fort. Je descendais calmement et lui murmurait a l’oreille de se tenir sage jusqu'à mon retour. Il agita ses oreilles, et pencha sa tête pour brouter des perce-neiges du sous bois.
La forteresse était calme, quelques brigands discutaient ou jouaient aux cartes. Mon premier travail consistait à éliminer les gardes et les patrouilleurs. Rien de bien méchant, les arbres offraient le point de départ de leur chute. Je grimpais dans le premier arbre venu et tombait sur le premier patrouilleur: mon poids et la lame dirigé tel un pieu vers son cou. L’homme tomba comme une masse dans un craquement sinistre et jouissif. La lame ne servait que de garantie au cas ou le coup sur sa nuque ne suffirait pas. Enfin il fallait que je saute de moins haut! Kilhourz s’était enfoncée de dix centimètres dans le sol gelé, dix centimètres qui peuvent couter la vie. Je dégageais la lame du sol et fouillais rapidement le brigand. Quelle misère! Ma deuxième tentative arboricole fut bien meilleure: le craquement, la lame juste ce qu’il faut dans les chairs et le sale tour était joué. Un vrai délice! Un petit pic d’adrénaline, pas aussi envoutant que le dernier avec Rolan, mais un petit pic.
J'espérais que les suivant m'emmènerai plus loin! Je fus servie. Les brigands étaient fatigués sans doute ou peut être suis je enfin efficace!? Enfin heureusement il y a toujours cette petite pointe d'imprévu qui vous procure ce sentiment de vulnérabilité si... si... Jouissif. 
Le chef des brigands était là, discutant avec deux de ses acolytes. Derrière moi il y avait le reste de sa troupe, gorge béante, nuque brisée... Un vrai tableau de maitre, dominante vermillon, et bientôt ocre brun. Mais l’envie était toujours là, tenace, la chaleur couvait en mes veines, je n’avais pas encore atteint le frisson... ultime. 

“Trenghi!!!”

Je chargeais, droit sur eux, lames au clair. Droit sur le chef! Mangeons la cerise sur le gâteau en premier! Le plaisir d’abords, la nécessité ensuite. J'abattais les lames comme une gigantesque paire de ciseau droit sur sa gorge. Quelle idée de ne point la protéger? La gorge ouverte, l’homme s'effondra sur le sol. Je ne sais pas ce qu’il disait. Il n’articulais pas bien! Sans doute une insulte... à mon intention. Quel charmante attention de sa part. Espérons qu’il m’ait maudit! Je me suis déjà damnée; cela s’accorderait bien avec. 
Enfin toujours est il que ses deux acolytes étaient d’humeur grincheuse et vengeresse! Enfin j’avais le frisson! Les deux hommes attrapèrent leurs armes à leurs ceintures et se mirent en garde. Hum! J’allais être prise entre deux feux! Allaient ils se battre pour moi ou juste me faire rendre gorge?

“Messieurs, j’ai eut la première offense, je vous laisse l’initiative! Faites moi plaisir!”

Il faut vraiment être timbrée pour sortir ça et ne pas profiter de l’avantage!

Arsem, puisses tu vivre dans mon souvenir à jamais! Ces quatre longues années à tes cotés ou tu as entrainé mon agilité, je les bénie. De concert ils avancèrent sur moi. Voilà qui me plaisait: sentir la douce froideur de la mort planer au dessus de nos têtes. 

Qui mordrait elle en premier? 

Un brigand? 

Moi? 

Une masse, une hache: ils n’allaient pas faire dans le détail! A vrai dire la masse est plus lente à mettre en oeuvre, je me concentrais sur le brigand à la hache. Il porta un coup en taille, logique en somme avec un tel instrument! Je n’avais qu’a esquiver et parer ensuite la masse. La hache fila sous ma poitrine, et le brigand m’exposa son flanc. Déjà la masse filait vers moi; pas le temps de rendre le coup! Je tentais de parer la masse, mais mes compétences en matière d’escrime ne sont pas des meilleures! La masse glissa le long des lames jusqu'à la garde de mon glaive gauche, le faisant sauter de ma main! 
Je laissais sortir un juron, sous le coup. 

Kilhourz en main, je gardais comme objectif le plus exposé: le bucheron! Je portais un coup d’estoc, toujours en gorge. Je n’ai pas le choix: ou je porte un coup décisif ou je perds le combat dans un duel. Je dois avoir une bonne étoile, la pointe entailla la joue et fracassa la mandibule du brigand qui s’effondra au sol se tordant de douleur. Mais déjà, l’autre préparait la riposte. J’eus à peine le temps d’apercevoir le coup venir. Je me jetais dans ses bras par instinct. Cela me sauva sans doute le bras droit; je sentis le manche et le haut de sa main s’écraser contre mon épaule et la tête de la masse me frotter l’omoplate en giclant sur le sol. Sous le coup Kilhourz tomba sur le sol, mon bras étant tétanisé par le choc. Il me repoussa en arrière et sorti un couteau de chasse de sa botte. 

“Garce, je vais te saigner comme une truie!”

Quel poète! 
Garce et truie de la part d’un porc! 
Et saigner une truie? 
Remarque, c’est la saison pour tuer le cochon: il fait froid et il est bien gras en principe.

Pour l’excitation, j’étais servie! Je me voyais bien partie pour pourrir à Ost Baranor! Je n’avais pas d’autre alternative que courir vers mon cheval en espérant être plus rapide à la course. 
Peut être s’attendait il à ce que je le charge en entendant son insulte: Garce? 
En même temps, il n’est pas loin de la vérité avec ses maigres facultés! Je tournais les talons vite fait; pourvu que Wendigo soit toujours là. J'enjambais les restes humains de mon expédition, entendant le brigand à ma suite pester en voyant ses amis ayant embrassé le coeur de l’hivers.

L’harad était, impassible non loin de l’entrée. Je filais bon train vers lui et sautais en selle comme me l’avait appris mon petit forgoil de feu futur mari. Le brigand se prit le pied dans une branche et manqua de s’étaler de tout son long sur le sol. Cette cascade me laissa juste le temps de faire pivoter sur lui même Wendigo et je claquais dans ses flancs mes talons en tirant sur les rênes. L’harad fit gicler ses deux sabot arrière dans le torse du brigand. Il valdingua en arrière venant s'écraser le dos contre un gros chêne. Sa poitrine avait du être enfoncée par le choc, sa respiration était difficile. Je ne sais comment il faisait pour rester éveillé, il me regardait, ses yeux devenait vitreux. Je descendais de l’étalon et ramassais son couteau de chasse de ma main gauche. Mon bras droit fourmillait, toujours engourdit. De sa bouche commençait à perler un peu de sang. L’air était si froid.
La mort commençait a étendre son linceul blanc sur lui. Sa respiration se faisait a grand peine. Je m’approchais de lui, sentant le souffle chaud, de ses dernières respirations, sur mon visage couvert de petites taches brunâtres de sang mêlé à la sueur. Ses yeux me suppliaient de l’achever. Je bougeais machinalement mes doigts engourdis de ma main droite. Déjà un corbeau croassait près de nous. L’instinct chez l’animal me fascine toujours autant, nous avons tout perdu. 
Je plaçais le fil du couteau sous sa gorge et fredonnait.

“Duna ti un Eisted un derun du
Brenin u goeduig faur nut ti
Can dere Derun Can dere derun
Duna un hard wut ti”

“Tu est assis ici, oiseau noir
Tu es le Roi de la forêt,
Chante oiseau, viens, chante oiseau, viens,
Tu es si beau”

Ses yeux maintenant livides, marrons me regardaient toujours. Il avait la bouche entrouverte, sa respiration devenait toujours plus lente. Les larmes perlaient de ses yeux, pas des miens. Personne ne nous pleure, je ne pleurerai que les miens. Je laissais choir le couteau de chasse, esquissant un sourire.

“Ma chasse est finie brigand, tu vas me fournir l’extase”

Je brossais l’air de ma main droite, son souffle devenait très lent. J’ouvrais la bouche. Il pleurait, mourrait devant moi. Je soufflais dans sa bouche en souriant.

“trenghi duhirun, trenghi”

Son dernier souffle, je refermais ma bouche. Je passais une main sur son torse, il ne s’effondrait pas. Une vieille branche l’avait accueilli et le maintenait droit, debout. 
Je soufflais l’air de mes poumons en riant. 

“Diolch duhiruns”

Je récupérais mes deux glaives et les essuyais du sang des brigands. Inutile de perdre du temps à enterrer tout ça. Si les corbeaux ont le droit de nous becqueter sur la fourche, alors les vers pourront bien se régaler des restes des brigands que les loups et les sangliers n’auront pas pris. 

Je remontais sur Wendigo et filais à l’Hospice. La circulation dans mon bras droit revint peu a peu. Avec l’heure tardive, les petits seraient couchés. Je me passais un peu d’eau de vie sur le visage afin de nettoyer les taches de sang avant de rentrer à l’Hospice. La douce chaleur m’envahit et abattit sur moi un profond désir de sommeil. Je filais dans le bureau ou les enfants devaient dormir avec la nourrice. Ils étaient là tous les trois. Je passais à la hâte une robe et nettoyais les taches sur le cuir avec de la graisse. Je déposais un tendre baiser sur les petits fronts tout chaud.

“Daes Nos dun bach, daes nos dunes bach”

Yukuro...

Nade le Mer 8 Fév - 14:50
Yukuro!

La fête de l’été. Un “oreilles pointues”!.

Que venait il faire à Bree? Mais qu’est ce que font tous ces elfes à Bree?
Ils montent une ambassade?
A croire que la présence des Hommes leur manque dans leurs forteresses végétales ou de pierres.

Les “oreilles pointues”, nous ennuient pour des livres! Ils nous agacent avec leurs bonnes manières et rentrent chez Poardy avec un Tigre! 
Tiens d’ailleurs c’est la même personne! Oceanel!

Enfin, Hira qui tombe dans les pommes en portant un livre! 
C’est sur, j’ai besoin d’elle pour ma protection! Mais laissez moi rire! 
La complexée des oreilles, qui la remplie de tisane! Et le pauvre Anderlas au milieu de tout ça! Et moi!? Mais moi, je n’ai rien compris à leurs livres!

Un livre: on l’ouvre, on le lit! Pas de quoi m’en faire un fromage de Bree!

Enfin, revenons au sujet important, ce brave Yukuro.

Moi qui croyait qu’il faisait des parties.... Fines dans sa demeure, je fus bien déçu de savoir qu’il organisait des combats. Pitoyables elfes! Guthenric m’avait pourtant dit qu’ils avaient des moeurs bizarre parfois, mais là on frise la banalité. 

Je m’étais encore trop fait d’idées. A croire que la poésie et l’amusement dans ce bas monde se résumait à rosser quelqu’un ou le tuer.

Pourquoi m’emmener à la cantine pour me dire ça? Pauvre Yukuro...
Enfin pour un “oreilles pointues”, il est pas mal. Un peu maigrichon, pas très futé futé comme tous les elfes et imbu de lui même. Une véritable caricature!

Enfin, moi je me mettais à l’aise. J’enlevais mes chaussures de cuir souple et ma cape. Il restait de marbre. Dans sa posture, car je doute fort d’avoir provoqué un émoi. Stoïque, encore, quand je laissais mon ceinturon d’arme sur le bord du banc. Sans doute un peu moins quand je lui caressait le mollet de mon plat du pied. 

Quel trouillard! La peur d’être surpris!? J’aurai tout entendu ici à Bree. Ah, le romanesque chez les elfes?! Prendre une chambre au Poney. Je vois bien la tête de Poiredebeurré en me tendant les clés!

Crétin. 

Je le laissais, seul dans sa coquille. Je refilais à l’auberge... Mais le pauvre se rongeait le frein... Il m’envoya un petit message, pour le retrouver à la cantine. 

Ah, oui: garce! Voilà ce que m’avait dit le brigand avant d’expier!

Essayons cela; être une garce. Nade Sautcorps, alias Mordenlame; garce de son état. Ca sonne! Pas très engageant, mais tellement différent!

Je restais à l’auberge, pour semer un peu de trouble: je suis une garce.

Eprouvante. Aie! Libre!
Nade le Ven 10 Fév - 11:37
L’Epouvantail Ivre:

Rendez-vous policé et convivial, ou il fut un temps je n’avais pas le droit de citer. Doit on dire que les courbettes et arrondir les angles: ce n’est pas mon truc.

Si vous aviez encore des doutes, je vais encore les dissiper un peu plus.

Je n’aime pas les elfes! C’est le contre-pied de nombre de personnes qui leurs vouent presque un culte. Inculte serait le mot le plus convenable pour les elfes, enfin ceux que je fréquente. Mais je dois faire au moins une exception. Et ce nom, je le garde pour moi.

Bref, dans l’après midi, au poney, je grattais nonchalamment les cordes de mon luth ou de ma harpe, jouant à un modeste pourcentage de mes aptitudes artistiques. Dois je aussi le préciser? Je suis une reine fainéante, mais modeste. Donc je dévalais sur mon manche quelques arpèges quand une “oreille pointue” toujours sous une capuche vint se planter devant moi. Sans mot dire, cela va de soit. La politesse et les elfes: ça fait deux.
Mais bon, nous devons les comprendre: les premiers nés, les préférés d’Illuvatar... Ils ne se mélangent pas avec la plèbe humaine.
Un ramassis de contemplatifs, ayant semer le plus grand désordre qu’il soit dans les Terres du Milieu. Et ceci fait, ils se terrent à l’abris, et font leurs valises pour Valinor. 
Je sème la... Passez moi l’expression : la merde.... Et d’autres se chargeront de régler le problème. Une grande mollesse d’esprit; voilà le don des elfes! Quel manque de courage et d’audace!

Bref, je ne pouvait pas mieux tomber: c’était Sharilaa. Celle que j’avais qualifiée de complexée de ses oreilles, adepte de la cagoule même en milieu abrité! En même temps, les elfes partageant avec les orques et les gobelins le même dessin d’oreille: on peut se poser des questions sur un éventuel lien de parenté? Cela justifie amplement qu’ils les cachent pour éviter le pugilat. 

J’eus le plus grand bonheur de céder au vice de chanter une ébauche d’un hymne, une ode, une geste à un personnage célèbre mais peu cité: Wulf. Le vice et moi, c’est comme une histoire d’amour. J’ai bien tenté la vertu, mais mes espoirs furent tellement bafoués. On se demande pourquoi d’ailleurs, ce personnage n’est guère cité? Il est noble de coeur, son but est louable, son destin merveilleux et funeste et le mal triomphe à la fin. Comme toujours d’ailleurs! Wulf meurt sous les coups des arrivistes Rohanais!

Evidement, en Westron, le poids de la geste aurait été réduit... La force de ce destin impliquait que je la chante dans la langue d’origine de ce héros! Youric m’avait compter son histoire... J’en avais réduit la longueur mit en exergue certains points et éliminer le reste. Cela, au final, restait assez long, mais au moins le refrain finirai par entrer dans les têtes les plus rétives. Il m’avait appris a prononcer les mots le plus correctement possible.

Dinn, dinn, daon ! dann emgann ! dann emgann !
Oh ! Dinn, dinn, daon ! dann emgann a eann !

Dinn, dinn, daon: comme le bruit des épées percutant les boucliers avant l’assaut.
Dinn, dinn, daon, comme les poignes solides percutant les poitrines dans un ultime salut.

A quoi, bon? Juste par bravade...

Dialogue de sourds, nimbé de certitudes de part et d’autre? 

Je n’ai pas de doutes.

L'épouvantail est une belle bâtisse. J’y reconnaissais quelques personnes, en fait presque tout le monde... Bree est si petit. 
Etheliwen et Ferelion étaient bien sur là. Elle affichait une bonne forme au propre comme au figuré. Visiblement une bonne épouse toujours dans l’ombre de son mari. Les parjures gondoriens étaient là aussi, ainsi qu’Isaline. Enfin la serveuse, Ivlig, Dun sans doute... Asservie par des forgoil! 
Enfin pour finir, un musicien sur la scène et Sharilaa et Hiragil. J’eus a peine le temps de commander une bière qu’Hira me sautait dessus les crocs sortis.
J’avais promis de ne pas faire de vague à la rousse: je tins parole.
La diplomatie, n’est cependant pas mon fort. Et arrondir les angles, non plus. Et prendre des pincettes devient, de moins en moins, une chose que j’affectionne.

Le mieux était encore de partir. Lâcheté? Démission? Je n’ai rien à prouver, a qui que ce soit!
Dehors, l’air était froid, je n’ai même pas ressenti sa morsure. Juste celle d’une bannière des Peuples Libres trônant dans un jardin. Je fis gicler un peu de dégout de ma bouche pour cet oriflamme. La salive gela sur le tissu rigidifié par le froid. Pauvre bannière qui ne claque même pas dans le vent, mais il n’y a pas de vent. Même les éléments refuse de la faire claquer?
Peut être aurai je du épargner ma salive afin de ne pas salir cet étendard d’une cause perdue! A quoi bon? La présence de témoins n’en ait que plus enivrante et agréable.

Je filais au Poney; combien de fois puis je l’écrire ce lieu! J’y retrouvais Noirdejais et Selwise en pleine roucoulade... Et Louella! Je noyais un peu mes attentes dans le vin d’Isengard et Minerion m’enleva pour la soirée. Minerion, toujours sage; Mordenlame toujours tentatrice: toujours le même petit jeu. Deux mules ne lâchant pas le moindre pouce de terrain l’un à l’autre. 
Gwun a Du; Minerion est blanc comme la neige du Forochel, et moi suis je aussi noire qu’une nuit sans lune? 
Mais quelle belle déclaration de sa part. Il a tenté la rime, improvisé sur chacun de mes mots et de mes gestes. Hélas, le mot liberté n’était pas dans sa bouche, il devrait le savoir depuis le temps. ll est borné, comme moi. 
Pour être avec lui je dois être... renoncer à ma liberté. 
Autant me demander si je veux mourir de suite!

Un délais, accordons nous un délais, le temps de mourir. Il m’aura oublier et je ne me serais pas attachée pieds et poings liés. 

Le silence
Nade le Jeu 16 Fév - 18:38
Le silence!

C’est la première chose qui frappe un musicien. 

Tout est calme et silencieux, dans les galeries presque sans vies de la Moria. Il est difficile d’imaginer la vie en Moria comme au palais de Thorin. Le silence est pesant et souvent n’augure rien de bon.

J’arpentais les galeries au reflets bleutés de la Moria. Je flânais, profitant des ombres et de l’obscurité. Parfois le silence était percé d’un cri de gobelin pourchassant une bête pour en faire son menu. 
Les nains tentaient de reprendre la Moria. Mais ils sont si peu nombreux. Et bien évidement les elfes ne viendront pas. Ils sont bien les premiers à donner des leçons mais quand il s’agit de bouger: ils restent au chaud!.

De temps à autre, je donnais un petit coup de lame à ces nains. Certains avaient fini par devenir des familiers. Chaque salle offrait de nouvelles découvertes. Le génie créatif des nains n’est plus à démontrer. Du simple cristal diffractant le moindre pinceau lumineux en une lueur suffisamment puissante pour éclairer un lecteur, aux gigantesques machines et échafaudages, rien ne semblait irréalisable par les nains. Chaque salle, chaque couloir était orné de bas relief. Tout était façonné dans la roche brute. La moindre erreur du tailleur de pierre devait se payer immédiatement. La morsure de l’hivers pouvait se faire sentir l'extérieur, mais pas en Moria! Les grandes salles était baignée d’une humidité et d’une douce fraicheur comme un petit matin de printemps parcouru par une douce bruine. 

Mes premiers fait d’armes en Moria furent contre les gobelins. Facile à comprendre, les gobelins offraient très peu d’excitation. Cela se résumait à une partie de cache-cache et un coup d’épée bien placé et remontant, dont le point d’attaque était au niveau de la première côte flottante. Leurs armures faites de bric et de broc, mal ajustées offraient une foules de variantes à ce coup. Parfois rien que pour le plaisir, je laissais durer le suspens: j’ajustais moins mon coup et le gobelin se retournait pour me faire face. 

“Jolie demoiselle à deux lames” comme le dit Divios.

La deuxième, forgée par les nains a une faim vorace de ces chairs immondes et elle mord sans relâche. La pointe jaillit vers le même flanc accélérant au passage l'hémorragie. Les cris et insultes vont decrescendo de la gueule du gobelin à mes oreilles. Et le sang noir recouvre le dallage de la Moria révélant le travail minutieux des sculpteurs de pierre.

La notion de temps semble s’effacer en Moria: je ne saurai dire le temps qui passe. Pas de soleil, pas de lune, pas de fraicheur nocturne, ni la douce caresse du soleil sur la peau. Il ne reste que les grognements de mon ventre, à chaque fringale, indiquant vaguement l’heure d’un repas. Une heure, un jour, des siècles, combien de temps est passé?

J’errais dans les galeries et parfois croisait un messager nain ou un aventurier ou un visiteur comme moi. En fait des visiteurs, il n’y en a pas en dehors de moi, je crois. Et au détour d’une galerie, qui croise je? Divios, le pied sur le corps d’un orque, sa lance fichée dans l'abdomen du cousin elfique. 

“Tiens, bonjour la belle. Tu cherches la sortie peut être”

Il regarda longuement mes deux lames, la garde reposant sur mes hanches.

“Tu as troqué tes crocs de chat pour des sabres de Kilpa-Kita?”

“L’une est un cadeau de famille: Kilhourz. Et l’autre un petit cadeau de remerciement des nains de la Moria.”

A peine avais je fini ma phrase que la lame naine se mit a émettre une légère lueur émeraude. Divios regarda alentour et d’un air furieux lança:

“Encore des orques! Ils n’en n’ont jamais assez!”

Le rohir chercha du regard l’endroit ou ils allaient émerger. Deux cavaliers gobelins sur des ouargues se détachèrent de la pénombre. Divios m’indiqua le coté opposé de la galerie baigné dans la pénombre et se glissa derrière un pilier en armant sa javeline. La lueur s’intensifia au fur et à mesure de leur approche, je cachais la lame dans le pli de ma cape et me faufilais le long du mur pour en prendre un dans le dos. 
Divios lâcha son coup de javeline qui fila droit vers le torse du gobelin. La pointe barbelé émit un sourd bruit de craquement en pénétrant le gobelin et s’immobilisa a mi-chemin de sa hampe. Surpris, le deuxième gobelin ramassa sa monture pour la faire bondir. Dans cet instant, je lui sautait dans le dos, lames aux poings. Les lames le transpercèrent de part en part, le laissant sans vie, embroché. Son corps bascula en avant avec mes deux lames. 

Divios se retrouvait face à la ouargue et moi sur le dos de l’autre. Me vint alors l’idée saugrenue d’en faire ma monture. Une garce sur le dos d’une ouargue, quelle belle image dans les rues de Bree. J’attrapais les rennes tandis que Divios essayait de mette à terre définitivement la sienne. Je tirais sur le harnais de la bête et elle releva la tête pour hurler. Evidement elle avait bien compris qu’il y a avait changement de cavalier! Elle se mit a sauter de droite à gauche en essayant de me désarçonner. Divios, toujours dansant avec sa ouargue, commençait à prendre le dessus tenant la bête à bonne distance de lui grâce à sa lance. Ayant laissé mes armes dans le corps sans vie du gobelin, je n’avais plus d’autre recours que mes talents de cavalière. Hélas, cette bête avait quatre pattes et une belle envie d’en découdre avec moi. La danse commençait à tourner a son avantage! 

“Divios! Une arme!” criais je.

Divios m’envoya à la hâte sa dague. Suis je bête: ce moment d'inattention me couta ma place assise sur le dos de la bête. Dans un dernier saut elle me mit a terre, trop préoccupée que j'étais a vouloir attraper la dague. Je me retrouvais au sol sur le flanc avec la Ouargue se retournant lentement vers moi. J’entendais le bruit du combat entre mon ami Rohir et l’autre bête infernale. La mienne se rapprochait en bavant, la gueule entrouverte. Elle dégageait une odeur de chairs pourries et de bile. Je cherchais a tout hasard la dague de mes deux mains en ne lâchant pas du regard la gueule de la bête.

La Ouargue fit un bon d’un seul coup, me sautant sur les deux bras. Ses grosses pattes m’écrasaient les bras sur le sol. Et sa gueule était maintenant a quelques centimètre de mon joli minois.

“Pas comme, ça! Je... Ne.. veux... Pas... Finir ... Comme cela!!

J’essayais de dégager mes deux bras en vain.

Je fermais les yeux, ne voulant pas voir mon dernier instant venir. Je sentais l’haleine et la gueule de la bête s’ouvrir devant mon visage. Lentement, inexorablement, le temps était suspendu, j’avais l’impression de vivre des siècles cet instant. Le corps de la bête se posa doucement sur moi, m’écrasant au sol et bloquant ma respiration. Je sentais le poids de son poitrail sur ma poitrine. Je forçais sur mes cotes pour insuffler jusqu’au bout les derniers brins d’air de la Moria. Je sentais ses crocs sur ma joue, ayant tourné la tête pour éviter la mort. 
La grosse gueule sembla m’embrasser de sa langue râpeuse et déchirée par les armures qu’elle avait éventrée. Son poids devenait immense, j’avais l’impression que la terre m’aspirait, d’être ensevelie sous la montagne comme les damnés de Dwimorberg, ceux du chemins des morts. Suis je damné? J’étais sans doute morte. 

La lumière revint devant mes yeux comme je les ouvrais. La ouargue n’était plus là. Ma joue avait cependant la trace de son baiser mortel. Je vis le visage de Divios se pencher sur moi, comme nimbé de lumière, ses traits dansaient comme un spectre des galgals.

“On est mort?”

“Euh, non!” dit il, en me pinçant le bout du nez.
“Tu as juste choisi de faire un câlin avec la ouargue, en étant en dessous. La prochaine fois, révises ta position...Sois dominante!” 
Il m'offrit un large sourire et sa main pour me relever.

La ouargue gisait un peu plus loin, le cou brisé par un coup de hache. Divios avait du se débarrasser rapidement de la sienne et avait agit dans l’urgence, sans faire le moindre détail.

“Merci, je crois que je te dois la vie”

“La sortie n’est plus très loin, allons y rapidement.” rétorqua t il pour couper court a ses futilités.

Bientôt, la lumière se fit plus forte. Nous avancions sans réelles difficultés, de temps à autre une patrouille de gobelin. Le bruit du vent se fit bientôt entendre, et les premières plantes aussi; les arbres, les buissons se découpaient a travers la porte grande ouverte.

“Nous voici en Lothorien, Mordy. Le pays de Galadriel et des elfes. Ca va te faire plaisir.”

Je ne dis mots. Le chemin descendait vers un campement ou des nains et des elfes s’affairaient. Divios posa ses armes et s’allongea dans l’herbe. Je m’asseyais à coté de lui.

“je vais y retourner... En Moria. Les ‘oreilles pointues’ me donnent la nausée. Et celles-là je crois que je ne vais pas les supporter.”

“Comme tu veux. Moi, je continue. Qu’est ce qu’ils t’ont fait, pour les fuir ainsi?”

Je soupirais. “Partout ou je vais il y en a un pour me faire la morale, me faire une réflexion, ou me casser les oreilles simplement. De plus, je pense qu’ils manipulent les Hommes, et s’en servent pour leurs desseins sans retour de leur part.”

Divios leva les yeux vers le ciel. “Tu t’occupes bien trop de choses qui te dépasse, jeune fille. Profites!”

“Justement, je vais profiter de la Moria. Au moins là, ils n’y sont pas! “

“A bientôt Divios” dis je, en me relevant prestement.

Divios glissa sa main dans son sac et me jeta un paquet. “Prends ça, c’est des lembas. Tu pourras vivre six mois en Moria avec ça... Mais méfies toi, tu risques de ressembler a un nain à vivre sous terre.”

Je haussais les épaules et dandinais outrageusement de l’arrière train en reprenant le chemin inverse. Divios regardait, cela ne fait aucun doute! 


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