mardi 7 mai 2013

La fin sur lotro, la fin du blog

Depuis quelques temps le jeu me lasse et rien ne sert d'insister...

Et comme Léo Ferré en parle bien mieux que moi, je préfère lui laisser la parole:




dimanche 31 mars 2013

Les Liens de sang et d'os

(Morrigun fut la nourrice des deux jumeaux de Nade... Une petite parenthèse pour relier les deux personnages.)


Et

La pointe de l’épée se posa sur la glotte de Cun Melun.

“Perdu, bach chuaer...”

Dievlig sentit le sang perler de son entaille, et ficha Kilhourz dans le sol. Cun Melun prit sa main et plaça un morceau d’étoffe sur la plaie pour en stopper le sang. 

“Ce n’est rien, petite soeur. Je suis désolé.”

Dievlig gifla son frère et le fixa droit dans les yeux.

“Tu as gagné! Ne rajoutes pas a ta victoire l’humiliation!”

La marque des doigts de Dievlig commença a apparaitre sur la joue de son frère. Mais le grand gaillard ne bougeait pas et veillait a ce que l'effusion sanguine stoppe. Dievlig s’en voulait d’avoir réagit si promptement.

“Je ... Je... Suis désolée de t’avoir giflé..”

“Ne rajoute pas à la leçon méritée, des regrets inutiles...”

Cun Melun esquissa un sourire et Dievlig plaça sa main sur la marque écarlate de Cyrion. Ses mains étaient fraiches et douces comme la soie. 

“Quelle hérésie qu’aucun homme ne puisse sentir sur sa joue tes caresses.”

“Une prêtresse n’a pas d’homme et ne connais pas l’homme... 
Les Hommes sont collectivement mauvais... Je suis bien mieux ici, a veiller que de servir un de ceux-la.”

“Crois tu que Mam serait fier de nous, si elle nous voyait?”

“Cun Melun!? Une mère est toujours fière de ses enfants... Peu importe ce qu’ils deviennent”

“Pour toi, c’est sur. Ta voie lui aurait surement plu. Mais moi, un guerrier et maintenant que la guerre est finie je suis comme un fourreau inutile au coeur de la mêlée”

“Tu es mon frère, et un de ceux qui font le lien entre deux peuples qui autrefois se haïssaient. N’est ce pas suffisant?”

“Si sans doute... Mais tu n’y crois pas, me trompe je?”

Dievlig posa ses doigts sur la bouche de son frère en guise de bâillon. Cun Melun se posait bien trop de questions inutiles.

“Le sang ne perle plus. Te voilà guérisseur.”

Dievlig se mit a rire en espérant entrainer son frère avec elle. Cun Melun la regarda puis contemplant ses larges mains éclata de rire.

“Ie, avec des mains pareilles je pourrai faire des amputations sans outils!”

Ils se posèrent tous les deux un instant dans la clairière, Dievlig se réfugia dans les bras de son frère et contempla le ballet du printemps.

“Tu as un cheval, bach chuaer?”

“Na. Tu me prendras en croupe?”

“Ie, le mien est bien assez solide pour un écureuil comme toi.”

“Alors nous partirons demain... Profites maur braud de ce temps ici, un jour tout ceci aura disparu”

“Que tu es pessimiste, bach chuaer.”

“Na, réaliste. Tu auras bientôt une épouse, braud?”

“Na, pourquoi?”

“Simple curiosité féminine...”

“Serais tu jalouse?”

Pour simple réponse Dievlig se réfugia un peu plus profondément dans les bras puissant de son frère et s’assoupi. Quand elle se réveilla, son frère la tenait toujours dans les bras. Il n’avait pas bougé d’un poil et regardait la plaie de sa soeur se fermer lentement.

“Ce lieu a toujours autant de magie, Dievlig?”

“Non, plus comme avant... Si tu regarde bien tu verras la différence entre la nature sauvage et celle de MamDaear. Son emprise diminue petit a petit.”

“Alors pourquoi restes tu ici, bach chuaer? Ca ne sert plus a rien si son pouvoir diminue?”

“Il en reste encore un peu, et je suis bien ici... Loin de tout, de l’agitation, du superficiel et du perpétuel recommencement.”

Cun Melun passa ses mains sur les épaules de sa soeur en signe d’affection et libérant sa soeur commença a s’occuper de sa monture.

“Tu as tant de chose a apporter aux autres, Dievlig. Tant a vivre, aimer, découvrir... Je ne comprends pas comment on peut se couper a ce point des autres.”

“Si tu te souviens bien, cela a toujours été le cas.”

Dievlig escalada une partie de l’arbre et s’allongea dans l’une des nombreuses fourches que lui offrait la ramure. 

“Tu dormiras en bas, Cun Melun: la mousse est bien plus confortable pour un être civilisé comme toi”

Dievlig éclata de rire et se lova sur elle même comme un félin avant de s’endormir.

Le grand blond vêtu de jaune termina les préparatifs du départ et s’allongea contre le tronc du grand arbre. De sa couche sommaire, sous sa couverture de laine, il pouvait apercevoir la cascade de cheveux roux de sa soeur danser dans la brise nocturne. Puis ses paupières se fermèrent et il profita d’un sommeil sans rêves.

Le soleil s’était levé péniblement ce matin là. Dievlig s’affairait sous la pluie, ses pieds nus récoltaient à chaque pas un peu de boue qui giclait entre ses orteils. Ses longs cheveux ruisselaient sur une grande robe verte qui l’habillait avec la classe d’un sac à patate. Elle avait ceint l’épée de sa mère et rassemblait quelques affaires et fruits pour le voyage. La pluie martelait les feuilles encore frêles des arbres comme la peau d’un tambour. Pour Dievlig ce tintamarre était le signe du départ. Pour elle, la pluie était un fanal, MamDaear effaçait la trace de son passage dans la Clairière. Elle ressentait en elle comme la venue d’une ère nouvelle, pourtant elle ne prêtait pas encore attention aux intersignes.

“Cun Melun, debout fainéant!”

Son frère émergeait de son sommeil de plomb tel un ours qui sort d’hibernation. Les sourcils froncés, il jeta un regard a l’excitée qui tenait la bride de son cheval en attendant qu’il veuille bien seller la bête. Il avait gardé pour la nuit sa cote de cuir. Il ajusta ses pièces d’armure avec rapidité et vida le contenu d’une outre d’un geste rapide. Un quignon de pain de route en bouche il sangla son cheval et se mit en position pour faire monter sa soeur sur le dos de l’étalon.

“Ou sont tes affaires, chuaer?”

Cyrion balançait son regard de droite a gauche. Dievlig lui exhiba un balluchon de toile guère plus gros qu’une gibecière et le glissa sur son dos. Le molosse blond tiqua et Dievlig posa son pieds boueux sur les gants de son frère.

“Fait moi grimper... Ecuyer”

Rhud Wiwer éclata de rire et s’installa en amazone sur la croupe large du destrier. Cun Melun fit gicler la boue sur le sol et sauta en selle comme Josh Randall. 

“En route bach chuaer pour Durgors! Maur chuaer sera ravie de se débarrasser de tous les vieux manuscrits de Mam.”

Cun Melun piqua la monture et ils partirent au petit trot vers le sud.

vendredi 15 mars 2013

Les liens de sang et d'os

(Morrigun fut la nourrice des deux jumeaux de Nade... Une petite parenthèse pour relier les deux personnages.)


Le Sang

Une touffe de cheveux roux flottaient à la surface de l’onde claire de la clairière. Les bruissements du vent dans les jeunes pousses et les feuilles nouvelles parvenaient sous les eaux comme un chant doux et ouaté. Les civelles ondulaient entre les bras et les jambes de la baigneuse et une myriade de poissons tournaient autour d’elle. Sur le sommet de son crâne une reinette verte comme une émeraude avait élu domicile le temps de l’immersion. Les grands yeux vert de l'ondine accrochaient les mouvements du bal incessant des animaux avec vivacité. Le soleil maintenant au zénith éclairaient le fond de la petite cuvette dans laquelle la jeune femme nageait entre deux eaux. Sur son corps nu, les poissons glissaient sans le moindre effort et sans méfiance. Sur le bord de l’eau un petit écureuil roux faisait sa toilette exhibant sa magnifique queue rousse.

Puis d’un coup le chant des oiseaux stoppa net et elle entendit le martèlement irrégulier du galop d’un cheval. La monture semblait bien lourde, non pas pas comme les fins coursiers qui reliaient maintenant les bourgs entre eux. La dunes fronça les sourcils et ferma les yeux. Ce martèlement, ce galop ramassé avec des changements d’appui permanent lui était connu. Le cavalier qui trônait dessus, elle le connaissait depuis bien avant leur naissance. C’était même le seul homme qui l’eut jamais touché en dehors de leur père. Alors se dessina sur ses lèvres un large sourire et les frémissements du vent revinrent à ses oreilles et le chant des oiseaux reprit.

La chevelure dorée du cavalier sortait de son casque et ondulait à chaque foulée de sa monture. Une longue tresse blonde descendait le long de la jugulaire pour ressortir au niveau de l’accroche de la mentonnière. La cote d’arme du cavalier d’un jaune tournesol tranchait avec la robe grise de sa monture. Il avait le port des cavaliers du Rohan avec cette grâce sauvage des Hommes du Pays de Dun. Une bâtarde battait a son flanc tandis qu’un bouclier hors d’âge pendait dans son dos. La monture n’avait pas les caparaçons habituels des Hommes du Rohan, le cheval n’avait guerre comme parure que sa selle et sa bride et sur ses flancs de nombreuses marques faites de craie et d’argile colorée. Les yeux bleus comme l’azur perçaient de part et d’autre du nasal de bronze orné d’une tête de chien.

Bientôt l’ondine, de son poste d’immersion, aperçu le cavalier s’arrêter net sur le bord de sa ‘baignoire’ naturelle et regarder les cheveux qui flottaient à la surface de l’eau alors qu’il descendait prestement de cheval.

“Chuaer!? Euch allan o uno!” (Soeur!? Sors de là!)

Les yeux émeraudes plongèrent dans ceux du cavalier et lentement elle émergea la tête.

“Mae'n brud i ni fund i meun Angmar. Rudum un oedolion naur!” (Il est temps pour nous d'aller en Angmar. Nous sommes adultes maintenant!)

La jeune femme émergea un peu plus de l’eau, comme une naïade, exhibant ses formes nues et son frère baissa le regard. Elle se dirigea lentement vers la robe de lin blanche qui était déposée sur la rive.

Ruduch chi'n mor hard, chuaer. (Tu es si magnifique, petite soeur.)

La jeune femme esquissa un large sourire et tendit la main à son frère.

Mae gennuch u dewis: u frog neu fi? (Tu as le choix: la robe ou moi!?)

“U frog!” (La robe)

Le jeune guerrier se baissa et ramassa la robe de lin pour lui tendre sans porter son regard vers elle.

Elle glissa ses doigts le long de sa main et attrapa l’étoffe pour s’en vêtir d’un geste gracieux. La robe était encore plus un outrage aux moeurs que sa nudité. Pas une parure n’aurait pu la vêtir mieux que cette robe à la coupe simple dénuée de toutes fioritures inutiles. Dievlig avait la beauté de sa mère et un charme animal qui rendaient la majorité des hommes fous. Son frère en était la première victime, sans doute fut ce la raison de son agitation permanente et de sa soif de découverte. Plus loin son regard se portait moins il était en proie aux tentations. Elle glissa a sa taille une corde de chanvre plate et releva le long bâton coudé sur lequel vint se percher l'écureuil.

“Il est toujours avec toi, ce vieil animal?”

Dievlig se renfrogna et prit la direction du Grand Arbre pour y trouver un peu d’ombre.

“Dievlig?”

“Ie?”

“Tu ne me réponds pas?”

“Na, ruf bellach un siarad Westron. Cun Melun” (Je ne parle plus westron, Cun Melun)

“Personne ne m’appelle plus comme ça. Je suis Cyrion Sautcorps.”

“Ruduch chi fu braud a fu braud a elwir un Cun Melun.” (Tu es mon frère: et mon frère se nomme Cun Melun)

Le jeune guerrier attrapa la bride de son cheval en emboita le pas de sa soeur en détournant son regard de sa chute de rein. Dievlig se refusant a parler le westron, son frère dut se résoudre a lui parler en permanence dunael. 

“Pourquoi doit on aller en Angmar?”

“Tu ne veux pas voir Mam?”

“Elle est morte...” Dievlig fit une pause et désigna la clairière en montrant les nombreux animaux qui au sortir de l’hiver commençaient a la repeupler.

“Regarde, c’est le printemps... Je dois veiller, ici.”

“Tu ne veux pas savoir qui elle était? Maur Chuaer a toujours son grand livre qui conte son histoire. Tu ne veux pas la porter en terre? La guerre est finie maintenant et l’Angmar est libre.”

“Crois tu que ça changera quelque chose?”

“Mais... “ 

Cun Melun se tu et observa sa soeur.
Dievlig fit grimper le petit écureuil sur son épaule et lui demanda:

“Et toi l’ami que ferais tu? Tout ce chemin pour voir des os?”

Dievlig regarda le petit animal se promener sur ses épaules et scruta les alentours. D’un geste sûr, elle cassa une branche morte d’un buisson et rassembla ses cheveux en un chignon anarchique.

“Peut être n’est elle pas en paix, effectivement!? Peut être me manque t’il aussi une dernière chose a accomplir pour elle? Mais qui veillera ici si je n’y suis plus?”

“La clairière se gardera bien seule, le mal n’y vient plus” Cun Melun ôta son casque et son bouclier afin de s’assoir en tailleur dans l’herbe fraiche à l’ombre du Grand Arbre.

“Et pourtant elle est de moins en moins vaste et belle. Ces temps aussi sont finis...
Si tu veux que je vienne, alors tu devras m’y soustraire...”

“Par la force?”

“Si tu veux...”

“Alors soit, Rhud Wiwer! Voyons si tu as toujours ton agilité d’écureuil?”

Cun Melun fit glisser sa bâtarde hors du fourreau et salua sa soeur avec un large sourire. Cyrion avait été surnommé Cun Melun: le chien jaune a cause de son attirance pour le combat, sa toison blonde avait fait le reste. Pour le dun, le chien est symbolique du guerrier et n’est nullement une insulte. Rhud Wiwer sortit une épée encore dans sa gaine de cuir ornée du bosquet à proximité.

“Kilhourz? L’épée de Mam?”

“Ie, son épée! Et crois moi: je sais m’en servir!”

Dievlig fit glisser le fourreau sur le sol et tendit l’épée vers le ciel en guise de salut.

“Au premier sang, braud?”

“Ie, au premier sang!”

Dievlig fit un moulinet et frappa l’épée de son frère.

“Si mon épée te touche, elle aura le sang de Mam et le tient pour trophée...”

“N’y compte pas trop, bach chuaer...”

Les deux jumeaux se mirent en garde et Dievlig chargea en criant.

“Dros u Buw!”

La clairière résonna quelques minutes au son des épées qui s’entrechoquaient. Cun Melun retenait ses coups, tout comme sa soeur.

“Ca ne mène a rien si tu retiens tes coups, braud! Je ne suis pas une fillette et MamDaear me protège.”

Cun Melun frappa de taille et Dievlig para le coup comme elle pu. La bâtarde ripa le long de l’épée courte de Dievlig et entailla superficiellement le dos de la main de la jeune femme. Le guerrier sur de sa victoire baissa la garde. Dievlig profita de cette relâche pour faire gicler sa lame vers la gorge de son frère...

dimanche 17 février 2013

Dros u Buw!


Il est des matins sereins ou rien ne peut plus vous atteindre, ou l’horizon bien que toujours identique vous parait différent.
Ce matin là était arrivé pour Morrigun, dans ses prunelles s'élevaient les premières fumées épaisses des forges et des buchers d’Isengard. Du haut de son perchoir elle avait une vue admirable sur la machine de guerre d’isengard. Finalement, elle s’était accommodé de cette vue.

Morrigun avait fini par trouver des occupations; elle avait pris un malin plaisir à découper les robes offertes pour en faire des langes et des vêtements pour son enfant. Des têtes offertes, elle avait récupéré les cheveux, pour les tisser dans une écharpe qu’elle portait en permanence à son coup ou nouée à sa taille. Chaque fois qu’elle voyait un daen dans la cour ou du haut du fenestron elle serrai dans sa main l’étoffe en murmurant.

“Dudu i dim un eu hoffi;
Mamdaear sy'n madau.”

(Je ne suis pas comme eux;
Que Mamdaear les pardonne.)

Le temps passait infini dans ce petit havre de paix en Isengard. Morrigun avait toujours un sourire pour ses geôliers, pour les orques et même les ouargues de passage. Souvent on l’autorisait a descendre dans la cour prendre l’air frais. En fait personne ne sait pourquoi, elle y était autorisé. Sans doute le vieux fou avait eut pitié d’elle ou était ce une ruse de sa part pour la confronter à la dure réalité des choses: jamais elle ne pourrait partir. 

Les jours passaient, un à un sans que Morrigun les compte. Morrigun avait finalement accepté les instruments de Carranog et jouait souvent seule des berceuses. Parfois, quand la rancoeur a l’égard de son ami était en berne: ils jouaient ensemble quelques pièces du passé, de leur enfance. Ils partaient alors parfois en de grands éclats de rire en songeant a ces moments heureux. Souvent ces moments de complicité était tenu en échec par l’insistance de Carranog. Ses mots doux buttaient contre la ténacité de “sa douce”, et Morrigun mettait un terme a l’entrevue. Carranog espérait encore, insistant sans doute poussé par son maitre ou ses pulsions.

Morrigun avait rarement le vague à l’âme, dans sa tête un bouillonnement incessant de scenari défilaient. Elle y voyait le pire comme le meilleur. Le meilleur était le terme de tout ceci, la petite maison accrochée à la montagne et l’enfant qu’elle portait jouant avec son père. Morrigun pensait parfois aux dernières paroles de Maerendor, a ses désirs, ses promesses... 
Sans doute l’enfant ressentait il ces moments de flottement, il bougeait souvent en ces moments comme pour sortir sa mère de ses tourments. Morrigun posait alors la main sur son ventre et tout en tapotant le rythme chantait à nouveau une berceuse dunaelle.

Morrigun n’avait plus qu’un objectif, un seul désir: l’enfant. Tout tournait autour de cette naissance. Mais qu’est ce qu’un enfant en ces temps de barbarie? 
Une bouche à nourrir, une future victime, un nouveau bourreau? 
Morrigun se demandait souvent pourquoi MamDaear avait choisi ce moment pour la faire enfanter?
Etait ce une épreuve?
Peut être un soutient?

Morrigun avait déjà vu une mère laisser deux enfants derrière elle... Serait ce son tour?
Morrigun se demandait souvent ce qu’il adviendrait si elle venait a avoir l’enfant en Isengard? Elle se méfiait particulièrement de la fourberie de Carranog plus que de son maitre.
Tant qu’elle était enceinte, rien ne les motiverait à la tuer. Mais ensuite?

...

Le vieil homme se tenait dans la grande salle raide comme un “i”, face a une espèce de piédestal recouvert d’une lourde étoffe de velours cramoisi.

“Carranog, mon ami, il est temps pour vous de mander la venue de la ‘vieille femme de la montagne”

“Bien, maitre.”

“Votre épouse est presque à son terme et cette nuit j’aurai besoin de vous avant votre départ.

“Bien... Vous ne voyez rien de fâcheux pour “ma douce?”

Le vieil homme plongea son regard perçant dans celui de Carranog.

“Non, rien qui ne mérite que je vous en parle. Soyez juste près pour le milieu de la nuit, quand elle sera dans un sommeil profond”

...

Il est des nuits noires ou aucune lumière ne subsiste. Des sommeils si profonds que le dormeur en parait presque mort. Ce fut une de ces nuits, les silhouettes tournèrent autour du lit, des silhouettes viles et voutées sur la vie. Des doigts horribles glissèrent sur la peau mise a nue et l’enfant s’éveilla sous les doigts horribles. Seuls les éveillés pourraient témoigner de ce qui se passa cette nuit là.
Morrigun voyait la petite maison accrochée à la montagne, dehors jouait l’enfant sous le regard attendri de son père. Son visage était si flou, si loin qu’elle du s’en approcher.

“Bran? Est ce toi?”

Le père la regardait s’avancer vers lui en lui tendant la main pour qu’il la rejoigne.

“Bran? Est ce toi mon aimé?”

L’homme ne répondait pas.

Alors toujours Morrigun s’approchait.

“Meren, mon prince; est ce toi?

La main voulait glisser sur sa taille, mais toujours Morrigun s’approchait sans le rejoindre. Morrigun supplia.

“Fu gur, prends moi dans tes bras.”

Mais toujours le visage restait brouillé.

“Na, MamDaear! Achub fi!”
(Non Yavanna, Sauve moi)

Le cri déchira la nuit, Morrigun venait de voir le grand oeil et peut être une vision de l’avenir. Le visage venait de se dévoiler; le père aimant qui lui tendait la main était Carranog. 
Morrigun crispa les mains sur le lit pour se lever, le corps couvert d’une sueur acre et incommodante. Les deux silhouettes voutées comme des rapaces avaient disparu. A travers le fenestron une aube rouge comme le sang se dessinait à l’est tandis que la lune lançait à l’opposé ses derniers rayons au jour naissant.

“C’est un cauchemar, pas la réalité?”

Morrigun s’essuya le front d’un geste ample et papillonnant des paupières chassa les gouttes de sueur qui perlaient de son front. Elle avait passé l'écharpe brodée des fins cheveux blonds et serrai les poings sur le rebord du fenestron. Les rayons du soleil venaient baigner ses yeux d’une lueur étrange et maléfique et au coeur de ses deux pupilles brillaient encore l’éclat d’une étoile. Morrigun regarda le petit anneau d’or a son doigt comme elle en prenait souvent l’habitude dans son asile doré.

“Uduch un fu seren, Maerendor:
Ur unig beth sun umuneud âr bud u rhai buw.”
Uma, dim ond marwolaeth a fi uwr buwud.”

(Tu es mon étoile, Maerendor:
La seule chose qui me rattache au monde des vivants.
Ici, il n’y a que la mort et je suis la vie.)

Morrigun se toucha instinctivement le ventre cherchant une réponse de l’enfant qui glissa le long de sa main. Chacun de ces petits mouvements l’éloignaient de sa sinistre prison.

La porte résonna du bruit du verrou qu’on ouvre et l’on frappa avec force sur les lourdes lattes de bois.

“Ma douce, puis je entrer?”

Morrigun leva les yeux au ciel, dans une supplique a Rhi Helvarch pour qu’il emporte le gêneur d’une volée de flèches dans la tombe.

“Entre, larbin!”

“Hum, je suis venu te dire que je m’en vais…”

“Ne crois pas que je vais gémir et pleurer! Même si les vents me portent aux narines les relents de vos porcs a deux pattes, je ne céderai jamais un pouce de ma fierté devant vous.”

“Je vais chercher la “vieille femme de la montagne” pour toi, pour t’aider à enfanter.”

Morrigun fusilla du regard Carranog et se mit a rire.

“Parfait, la fête sera complète entre les deux timbrés et toi a mes cotés! Tu n’as donc rien compris, mon ami?
Je ne suis qu’un appât, ici. Et un appât quand on l’a utilisé; il en reste quoi à ton avis?
Jamais je ne serai ton épouse, sitôt l’enfant né et que mon époux sera en Isengard: ils me tueront sans pitié!”

“Mais non! Le Maitre m’a promis, ma douce!”

“Comment m’a t’il promis? Sur le dos ou le ventre?
Il m’a promis consentante?
Il m’a promis brisée et a moitié folle?

Il t’a promis une morte, Carranog!

Je n’ai qu’une étoile, mon coeur ne brule que pour un seul. Rien ici bas ne m'intéresse en dehors de mon époux! Si je ne suis plus, il ne sera plus là et l’inverse est vrai.”

Carranog attrapa violemment la main de Morrigun et essaya de lui prendre l’anneau d’or. Elle se débattit et réussit a libérer sa main pour serrer le poing et le lever vers le ciel.

“Ne t’avise plus de refaire ce geste, ou je te tue sans le moindre remord!”

Carranog grinça des dents et jeta un regard noir a Morrigun

“Alors si tu meurs, je serai celui qui sera a tes cotés et TON époux pourrira au soleil ou sera dévoré par les loups d’Isengard!”

“Des promesses, Carranog!
Moi je n’ai qu’une chose a faire: attendre.
Quoi qu’il se passe; Morrigun ne sera jamais à toi…”

Carranog tourna les talons et claqua violemment la porte, et le verrou fut a nouveau fermé.

“CHANTE et RIT ENCORE BELLE MORRIGUN.
TU FINIRAS PAR NOUS SUPPLIER!”


jeudi 14 février 2013

Une tête bien faite



Les larmes roulaient sur les joues de Morrigun comme des perles de pluie se perdant dans le fond du coffre. Elle ne savait si l’enfant battait des pieds ou des mains ou poussait de tout son être mais il était là et ressentait la peine profonde de sa mère; ou était ce autre chose? 
Chaque coup renforçait son sourire accroché sur ses lèvres.
Chaque larme tombait sur les têtes blondes des forgoils assassinés par ses frères, chaque larme diluant le sang collé au visage lavait l'indicible horreur de cette boucherie sans nom. 
Morrigun fixa un a un les visages de ses frères, mais étaient ils encore ses frères? 
Etre une dunlending était ce cela, fermer les yeux sur ces massacres?

“Comment?...”

Morrigun n’avait plus de mot et la voix envoutante du vieil homme avait cessé d’emprisonner ses pensées. Morrigun prit les cheveux d’une enfant et souleva la petite tête du coffre ou des dizaines d’autres avaient été déposée. 
Quel cadeau? 
Elle présenta le trophée a chacun de ses frères, nombre d’entre eux avaient des enfants; Morrigun pouvait se rappeler de chaque prénom et de chaque visage. 
Les petits Daen étaient ils si différent des petits forgoils? 
Morrigun avait encore du mal a chasser ce mot de son vocabulaire mais depuis sa rencontre avec son époux elle avait fait beaucoup de chemin pour ne plus céder a la haine qu’on avait instauré entre les deux peuples. Pas un seul de ses frères ne soutint le regard de Morrigun, sans doute avaient ils en tête les peines de leur soeur à enfanter.

Morrigun se retourna vers le Maitre des lieux, le flot de larme se tarissait. Elle présenta a bout de bras le visage de l’enfant devant le vieil homme. Le hen dun fronça les sourcils sur de la réponse de Morrigun.

“Dame Morrigun, je ne peux...”

“J’accepte ce cadeau, vieux fou. J’accepte ce cadeau pour qu’a chaque instant de ma vie, quand le doute m’envahira, je me rappelle ce que vous valez!”

Morrigun glissa la tête de la jeune enfant dans la main du vieil homme qui machinalement la prit.

“Carranog, reconduit moi dans ma chambre. Je n’ai plus rien a faire avec mon geôlier.”

Morrigun se dirigea vers la petite porte par laquelle elle était entrée.

“Dame Morrigun, n’imaginez pas m’avoir feinté! Vous êtes mon appât pour votre mari. Votre enfant en est un autre. Et que vous soyez morte ou non, votre époux finira par se rendre ici.
Vous avez déjà perdu cette bataille, vous le savez?
Epargnez vous des souffrances inutiles et laissez vous aller, Carranog ne sera pas un mauvais parti et votre enfant aura un bon tuteur en ma personne.”

La voix envoutante du vieil homme avait butté contre un mur dans l’esprit de Morrigun. Peut être était ce MamDaear qui se glissait entre elle et la perfidie du vieil homme?
Le vieux fou esquissa un mouvement de sa main vers le ventre de Morrigun, mais l’enfant bougea a nouveau, Morrigun accrocha du regard la main du vieux pervers sénile et d’un geste violent l’écarta de son passage.

“Allez toucher le ventre de vos orques et de vos abominations, vieux fou!
Faites moi déposer VOTRE CADEAU devant ma porte et ne me faites plus venir à vous sauf pour me tuer, votre présence me dégoute!”

Le vieil homme crispa la main sur son bâton en regardant Morrigun se diriger vers la porte.

“Carranog accompagnez votre future épouse dans ses appartements; la laisser seule errer ici serai de l’inconscience et je serai au désespoir de la savoir morte lors d’un malencontreux incident.”

Carranog salua son nouveau maitre et se glissa devant Morrigun pour la raccompagner.

“Morrigun, il va te tuer si tu continues. Cet homme est très puissant, ce n’est pas le derudh ou le brenin...”

“Le Derudh et le Brenin ne verse pas dans l’horreur. Ton ami, n’est qu’un suppôt de... De... De...”

“Ma douce, calme toi. Tu es a bout de nerf. Veux tu que je passe la nuit a tes cotés?”

Morrigun stoppa net sa marche et regarda son ami Carranog.

“Tu veux dormir comme un chien sur le palier de ma porte ou au pieds du lit? Tu penses m’amadouer en jouant les protecteurs? Je n’ai cure de ta protection et des menaces de ton maitre, veilles juste a ce que le cadeau soit devant ma porte demain.”

“Mais ma douce, que vas tu faire de ces horreurs?”

“Me souvenir d’eux... 
Reconduis moi à ma chambre.”

“Mais pourquoi, tu n’es pas responsable? Ce ne sont que des forgoils, n’est ce pas nos ennemis?”

“C’est peut être les tiens, mais plus les miens... Moi, mon ennemi est ici et celui qui me reconduit a ma chambre est l’un d’eux. Tu étais un ami Carranog, mais maintenant tu n’es plus qu’un gardien, un geôlier...”

Carranog frappa un grand coup de son poing dans le mur.
“Ce maudit dunedain! Il me sort par les yeux: que t’a t’il mis en tête?”

“Rien! Maerendor est mon époux, et il ne me met rien en tête! Et dis toi bien que si toi et ton vieux pervers sénile me gardez ici encore longtemps, alors il te fera sortir les yeux de la tête!”

“Des mots, des mots, il ne viendra pas pour toi, petite dunes du clan du sanglier.”

Morrigun le coupa sèchement.

“S’il ne vient pas pour moi, alors il viendra pour son enfant! SON enfant! Et quand bien même il viendrai a mourir, JAMAIS notre enfant ne sera le tien ni celui du vieux fou.”

“Des mots, des mots...”

“Mais tu peux encore sauver ta peau, Carranog. C’est a toi de décider. Et qui sait...”

Morrigun referma la porte de sa chambre au nez de Carranog et se plongea dans son lit après avoir grandement admiré son ventre rebondi qui semblait si calme maintenant.
Le lendemain elle entendit des bruits dans le couloir alors qu’on déposait le coffre a proximité de sa porte.

dimanche 10 février 2013

Tac o tac




“Oh Dame Morrigun, auriez vous eut une vision de l’avenir pour avoir eut l'obligeance de laisser choir Gil-Galad sur le sol?”

Le vieil homme souriait ce qui semblait provoquer le plus grand trouble chez Carranog. Celui-ci regardait Morrigun avec insistance en lui massant la nuque dans un geste machinal comme pour chasser une tension .

“Madau fu letchwithdod, dun. Ruduch chi wedi sunnu mi i groesawu dawel” 
(Pardonnez ma maladresse, homme. Vous m'avez surprise en me saluant sans faire de bruit.)

Morrigun intriguée par la disparition des éclats sur le sol s’accroupit en prenant soin de ne pas comprimer son ventre et de le mettre en avant. Elle ne semblait pas autrement incommodée de sa maladresse, et regardait le vieil homme de pieds en cape en se demandant si ce n’était pas le Magicien Blanc.

“Il faut la pard...”

Le vieil homme stoppa Carranog d’un revers de la main, lui intimant le silence. Son regard arpentait les courbes généreuses de la dunes avec un point de fixation tournant autour de sa région ombilicale.

“N’escomptez pas me perdre dans vos couinements de dunes, Morrigun. Je vis depuis assez longtemps auprès des vôtres pour les connaitre et parler le dunael.”

“Ie”  Morrigun poursuivit en westron avec tout le mal qu’on lui connait.

“Puis je parler en dunael, car je ne prends pas toujours bien la langue de mon époux. Et il est bien trop loin pour me faire toucher des doigts mes lagunes”

Le vieil homme acquiesça immédiatement, et on peut se demander pourquoi tant le westron de la dunes était châtré! Le vieil homme prit place sur un fauteuil près de la table sans enjoindre ses invités de l’y rejoindre.

“Alors mon bon Carranog, votre future épouse a t’elle trouvé son bonheur dans sa nouvelle garde robe?”

Le vieil homme a la barbe blanche regardait Morrigun scrutant chaque expression de son visage de son regard aiguisé.

“Elle ne semble pas sensible aux plus magnifiques de vos parures? Ou peut être, avons nous la affaire à une jolie rondeur qui ne sied a vos ceintures?” Le vieil homme dirigea son index d’un geste lent et majestueux vers le ventre de Morrigun.

“J’ai bien mangé au village pour mon retour voilà tout. Je suis un peu ballonnée. Et ne vous a t’on pas appris a ne pas montrer du doigt: c’est impoli!”

“Pirouette, jeune dunes! Dans votre état, c’est risqué.” Le vieil homme affichait un sourire moqueur.

Carranog suivait la conversation en balayant la pièce du regard passant de Morrigun au vieil homme.
“Vous pouvez m’appeler Morrigun, hen dun. Et moi comment puis je vous nommer?”

Le vieil homme a la barbe blanche, réfléchit un court instant et répondit avec une voix suave et envoutante.”

“Appelez moi Maitre, ma chère Morrigun. Ne suis je pas le Maitre des lieux?
Mais, je manque a tous mes devoirs! Avez vous faim? Puis je vous offrir quelque chose à boire?”

“Ie, je passerai bien a table. De plus votre feu, assèche ma bouche et me donne soif”

C’est bien connu, chez les vieux c’est toujours trop chauffé! Le vieil homme donna deux coups sur la table, d’un long bâton qu’il avait dû poser au préalable et un serviteur fit son entrée. Le vieil homme susurra quelques mots a l’oreille du serviteur et celui-ci disparu par une porte dérobée.

“Je vous dispenserai de goutter notre excellent vin d’Isengard pour cette fois, Dame Morrigun. Vos amis du clan du sanglier, qui sont ici, ont ramené de leur dernier raid en Rohan des tonneaux d’une hydromel non encore fermentée.
Vous plairait il de la gouter en leur compagnie?”

Morrigun regarda rapidement Carranog et lui demanda a voix basse:

“Ils sont ici, Carranog? Nos frères sont ici?”

Carranog acquiesça, l’air quelque peu chagriné de cet intérêt pour leurs frères et non pour lui.

“Ie, hen... Maitre.” Morrigun paraissait toute excitée a l’idée de voir ses frères envoyé il y a longtemps par le Brenin auprès du Magicien Blanc.

Carranog indiqua l’endroit ou s’asseoir a Morrigun et tout deux firent bientôt face au maitre des lieux. La table immense semblait bien déserte, elle qui aurait pu accueillir une bonne vingtaine de convives.

Le serviteur fit quelques aller-retours portant vins, pichets et victuailles sur la table entre les deux partis. Morrigun regardait le serviteur arpenter la salle en tout sens pour dresser la table. Carranog la regardant se demandait si elle ne finirai pas par en faire un torticolis.

“Ma douce, tu devrais regarder notre maitre ou bien moi. J’ai bien peur que l’agitation ne te tourne la tête.”

“Cesses de me prendre pour une enfant. Et je ne suis pas ta douce. Je suis la femme de Maerendor, pas la tienne!”

“Je ne vois pas ton époux?! Te cherche t’il, ma douce?”

“Cessez vos enfantillages!” Le vieil homme fit un signe au serviteur qui vint immédiatement servir Carranog en vin et Morrigun en hydromel bien fraiche. Puis une fois les invités servis, il proposa a son maitre du vin d’Isengard. Puis le vieil homme leva son verre et attendant que ses invités fasse de même, prit la peine de se lever.

“Comment dit on dans votre langue, pour porter un toast? 
...
Oui, ça me revient. 
Portons un toast pour un absent, voulez vous? 
Levez vous, son absence mérite d’être honoré!”

Morrigun et Carranog se levèrent et ce sans conviction pour cette dernière.

“Iechud da, Maerendor!”

Morrigun leva son verre un peu plus haut, tandis que Carranog souriait en admirant le profil charmant de ‘sa douce’.

“IECHUD DA, FU GUR! 
Ruduch bob amser un fu nghalon” (Tu es toujours en mon coeur)

Carranog grommela, le vieil homme se réjouit de la tension qu’il instaurait; quand a Morrigun: la morale réprouve a ce qu’on en dise plus!
Tous portèrent leurs verres aux lèvres sauf Morrigun qui versa dans un premier temps une bonne gorgée de liquide sur le sol.

“Ar gufer ein cundeidiau!” (Pour nos ancêtres!)

“Rhi Helvarch sicrhau eich bod un!” (Que Rhi Helvarch vous veillent)

Le vieil homme riait en son fort intérieur des pitreries mystiques de Morrigun. Les Daen avaient quasiment tout perdu de leurs us et coutumes originels. Sauron les avaient, bien avant les autres peuples dont on ne parlaient même pas encore, corrompu en partie. Les dunedains avaient quand a eux civilisé les clans les plus proche de leurs forts. Les Daen brandissaient encore parfois bien haut leurs anciens cultes, s’accrochant a des rites dont ils ne comprenaient parfois même plus le sens.

“Ces temps là sont finis ‘ma douce’, nous entrons dans une nouvelle ère ou bientôt les forgoils ne seront plus. Tu seras fière d’être au bras de ton homme, le puissant Carranog, brenin de nos anciennes terres”

Morrigun pouffa de rire: “Brenin Carranog, armé de son luth ou de sa harpe! Laisse moi rire, fu frind! Quel est l’idiot qui t’as mis ces bêtises en tête?”

“Dame Morrigun, vous êtes mon hôte! Restez a votre place, je vous prie” Le vieil homme répondit sèchement mais ses mots et sa voix semblaient avoir le charme des mélopées elfiques.

‘Ie, Maitre. Esgusoduch fi, hen dun” Morrigun reprit sa place sur la chaise et les deux hommes en firent de même.

“Bien dinons, il est bien temps. Peut être me parlerez vous de votre tendre époux Dame Morrigun. Vous semblez tant le porter dans votre coeur. Ainsi Carranog sera ce qui l’attend quand vous aurez oublié son visage et ses baisers.”

“Ie, Maitre: je vais vous parlez de Maerendor, mon tendre époux”

“Oui, dites m’en plus avant que son souvenir ne s’estompent comme celui de votre premier époux. Vous rappelez vous encore de son nom, Dame Morrigun? Ce brave dun, fils de brenin malencontreusement tué par des orques...”

Morrigun se figea, déstabilisée par la pique du vieil homme. 

“Bran” 

Morrigun envoutée par la voix du vieil homme livra une a une les informations sur sa vie et ses aventures depuis sa rencontre avec son époux. Le vieil homme donna ses derniers ordres au serviteur zélé et bientôt furent portés sur la table une bonne dizaine de bolée ainsi qu’un petit tonnelet de l’hydromel du Rohan.
Un à un les frères de clan de Morrigun entrèrent par une des portes dérobées de la pièce, saluant leur nouveau maitre ainsi que les deux convives. Deux des hommes portaient un grand coffre orné des chevaux du Rohan qu’ils déposèrent sur le sol à quelques pas de la table.

“Dame Morrigun, voyez comme les vôtres sont bien traités en Isengard.”

Morrigun regarda les siens, les guerriers de son clan envoyés par crainte bien plus que par adhésion vers le Magicien Blanc. Elle passa quelques instants en accolades en regardant les visages marqués par les combats et les raids incessants. Puis quand elle eut fait le tour des guerriers, les bolées furent remplies de l’hydromel et Morrigun refit le même geste. Pas un seul guerrier ne le fit.

“Dame Morrigun, j’ai un présent pour vous. Je ne doute pas que la dunes que vous êtes, attachée aux traditions, ne saura comment me remercier. Mais sachez que ce sont vos frères qui en sont les principaux auteurs. Aussi levons nos verres encore une fois pour honorer ces magnifiques guerriers de votre peuple!
Iechud da, rhufelur bonhedig!” (Santé, nobles guerriers!)

Les hommes prirent place derrière le coffre, Carranog et le maitre des lieux se tenant dans le dos de Morrigun

“Ouvrez Morrigun… Allez…”

Morrigun fit glisser le lourd fermoir du coffre et l’ouvrit d’un geste rapide, puis elle se releva en regardant le contenu. Une grosse larme roula sur sa joue accompagné d’un rire”

“MamDaear est ce un signe?”

Morrigun se toucha le ventre, sous sa main l’enfant donnait ses premiers coups à la vie. Les guerriers regardèrent dans le coffre vérifiant l’intégrité du butin que Morrigun regardait les larmes aux yeux et le sourire aux lèvres. Carranog détourna son regard du contenu tandis que le Maitre restait sceptique.